Samedi, je suis allée avec des amis, dans un restaurant chinois près d’une gare parisienne. C’est un peu la cantine, on se sert comme au self, on remplit son assiette, une, deux, trois fois. On exagère et on mange trop, attiré par tout, comme des gosses. De grandes tables en formica, des assiettes empilées, la bière au verre, le vin en carafe. Simple pas de chichi, et pour le wok, on tend son assiette au chef qui fait revenir les ingrédients choisis, dans leur sauce. Ca sent le soja grillé et la friture. Les clients vont et viennent, se frôlent, se bousculent. Certains amènent leurs chiens qui s’installent sur les chaises et qu’on nourrit à la becquée. Les serveurs passent, débarrassent les assiettes et les petites coupelles de sauce. A côté de nous les patrons avaient mobilisé une table et consultaient leur ordinateur. Un "djeun" à la crinière décolorée se goinfrait, avec les mains. Il y avait trois assiettes devant lui, il picorait de l’une à l’autre et faisait des photos avec son téléphone portable. Il avait le doigt gras mais s’en fichait.
Nous étions là pour grignoter, vite fait, avant de finir la soirée chez l’un d’entre nous. En jean, basket, tee shirt et polo. Alors quand a retentit la marche de Mendelssohn, nous nous somme regardés abasourdis. Et nous nous sommes retournés comme un seul homme vers le fond du self. Au milieu d’une quinzaine d’amis en habit de fête, et des tables en formica recouvertes de nappes blanches, de chaises inconfortables comme au collège, se trouvait un couple de mariés tout ému. Elle portait une robe bleu marine et lui un costume gris. Ils ont fait péter le champagne, coupé le gâteau. Les flashs ont crépité, les applaudissements résonné, les larmes coulé. C’était un mariage traditionnel, pareil aux autres, à tous les autres. Avec de petits moyens, je n’ai aperçu que des jeunes. Pas de parents. Rejet, désaccord ? Restriction de budget, par conséquent.
Insolite et romantique, néanmoins.