Marseille depuis Notre Dame de la Garde. C’est un matin de la fin août où le soleil forme un dôme sur la baie. La lumière provient d’un projecteur placé juste au-dessus de moi. On dirait que quelqu’un a planté le décor et attend que je situe l’action juste là, face à moi. Que je place mes personnages. Ce pourrait être un couple arrêté au milieu des escaliers menant vers la Basilique et plongé dans l’amour de soi, le regard ébloui par les lames d’argent qui balaient la mer. Ou un amateur perdu dans la contemplation de voiliers fondus dans la brume de chaleur au large. Et pourquoi pas la ville elle-même douillettement lovée au pied de la vierge et dormant, bercée par le ressac. Ou le ciel bordé d’orange et tentant de joindre la mer à l’horizon, dans un nuage de poudre. J’ai mon scénario, un couple, une ville, la mer. Une intrigue banale, rien d’excitant. Pourtant, je n’arrive pas à détacher les yeux du spectacle. Les romances, les cadres idylliques ont toujours un public. J’en fais partie.