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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 22:18

Je savais que je n’apprendrai rien de neuf, pas d’inédit, de scoop de paparazzi. Romy c’était ma star préférée et je connaissais bien son parcours. Si j’ai décidé de me rendre à l’expo, son expo à l’espace Landowski, c’est pour la côtoyer, la voir évoluer et m’accompagner de sa voix grave et douce, suave et impérieuse. Je l’ai retrouvée sucrée dans Sissi, endeuillée dans le Crépuscule des Dieux. Mutine dans sa période Sautet, furieusement  sexy, solaire, envoûtante. Avec Zulawski,  elle est magnifique. Ses souffrances, son calvaire, son jusqu’au boutisme dans son jeu d’actrice, ses fêlures de femme. On se cogne à elle sur tous les murs.

On ne parle pas de son addiction à l’alcool, on ne voit que le beau, les amis, les amours, les costumes. La longue et lourde robe bleue de Dommage qu’elle soit une putain, l’austère robe de deuil du Crépuscule, le léger voile de César et Rosalie, le tailleur chic de la Banquière. J’ai envie de tourner autour de chaque costume, des fois que Romy me suive du regard, qu’elle ait ce port de tête, droit, fier, orgueilleux.

Delon bien sûr, les dons viennent de lui, de Sarah, fille de Romy, d’amis, de collaborateurs, de clubs de fans. Les images, reportages, extraits de films, tournent en boucle, sur une photo des grands-mères confondent Dany Carel aux côtés de la star et Dany Saval. Certains se plaignent de ce que les commentaires sont écrits trop bas sur les murs.  Scrutent de vieux journaux, d’anciennes affiches, des extraits de lettre, exemples d’écriture, des bijoux. Comprennent : un père inexistant une mère omniprésente, les nazis proches, l’expiation par les films et les prénoms donnés aux enfants. Et l’inacceptable, la mort d’un fils. Devant l’espace accordé à la piscine, certains se tiennent assis, main dans la main et observent Romy en maillot de bain, plongés dans une semi pénombre bleutée. Peut-être que ça leur rappelle le passé, leur passé.

 

 

Image Detail

 

 

  Il y a ce jour-là, les gars de la télé, leurs perches et leurs fils. Ils se promènent au milieu de nous, sans nous voir mais en risquant un regard coulé, comme les gardiens qui ont l’air de se demander ce qu’on fait là, ce qui nous motive. Et puis un type bavarde devant l’écran et le micro, un type dont on aimerait ne pas entendre le discours savant concernant l’idole. Je dis on, mais je parle pour moi, je ne suis pas là pour apprendre mais pour découvrir comment on a pu ressusciter Romy. Eh bien, j’y suis parvenue,  j’ai ouvert  les yeux tout grands. La mort est présente et fuyante, tout le temps chez Romy. Je ne veux pas évoquer toutes ses vies, tous ses films, ses partenaires, les metteurs en scène qui l’ont  faite tourner. Mais je suis entrée dans cette danse, ce parcours. C’est étrange c’est comme si moi aussi je dansais, à ses côtés. Comme si nous dansions tous, un air de défi, une force, cette exposition est le signe d’une victoire sur la mort. Même si le public n'est pas toujours jeune, Romy est partie il y a trente ans déjà, j'aperçois ici et là, une grand mère et son petit fils, une trentenaire avec une poussette. Méfiance, cela va très vite,  un sourire de Romy sur la toile est un piège. On ne l'oublie plus.

 

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commentaires

N
J'avais beaucoup de tendresse pour cette actrice qui m'avait prise au piège avec son jeu impeccable.<br /> Merci de la faire sourire encore dans ce texte splendide, à mi-chemin entre le compte rendu d'une expo et les battements de coeur intimes d'un introspection.<br /> Bon week-end !
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M
<br /> <br /> Merci pour ce commentaure qui reflète parfaitement mon état d'esprit au moment de l'écriture du texte.<br /> <br /> <br /> <br />

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