Le casse tête cette semaine chez Sherry est: couleur
C’est l’une des couleurs du cœur, de l’émotion, du sentiment. Du poulpe. C’est un peu ça non ? Le cœur, ce muscle, a des tentacules qui s’enroulent et nous étranglent. Lorsque j’ai aperçu ce tag, griffonné sur les murs d’une station-service désaffectée, au coin de ma rue, j’ai compris que ma couleur serait celle-là. Rouge poulpe. Elle symbolise, tout comme le tag, une sorte de dépendance, un attachement irraisonné, une petite mort par abandon de soi. L’incapacité à exister sans l’autre, l’objet d’amour. Je ne parle pas de l’amour partagé, grisant, porteur. J’évoque l’entrave, le frein, la destruction. Rouge poulpe, comme l’encre du cœur. Comme une toile, un piège, dans lesquels on s’empêtre, on se débat. On souffre… En croyant vivre…
Alors bien sûr, je trouverais normal et juste que la raison déplore. La raison est cette machette qui sectionnerait les ventouses, sans pitié, si elle pouvait. La raison, le bon sens, la lucidité, nous aident à tenir debout et détestent le rouge poulpe visqueux, tentaculaire. Car il sourit triomphant, il bat, tonitruant, il est sournois. Et nous cloue au mur en nous laissant exsangues. Mais la raison ignore les dégâts occasionnés par le rouge poulpe, un petit malin a eu le courage de l’exprimer. Cette couleur est une tache aussi indélébile que la tache de sang sur la clé de Barbe Bleue. Crachée dans nos yeux, elle nous aveugle.