Elle jette dans le fleuve ce feu qui la nourrit
Incendiaire, pétillante, elle vit son heure de gloire
Se mire comme Narcisse jusqu’au bout de la nuit
Et cherche son reflet, se tordant, doux espoir
Elle manie les contrastes, s’enveloppe d’orange
Tremblote sous le vent et se couvre d’écarlate
Se pare de filets d’or que l’eau, sous elle, arrange
Quand derrière les nuages, au loin l’orage éclate
Elle brode sous mes yeux, croise des fils de coton
De petits point serrés sur une trame liquide
Des carreaux de lumière filant à l’horizon
Pour combler tout ce bleu, tout cet espace vide
Elle longe les berges, ondule à s’étourdir
Charrie sur son passage de sombres rubans de soie
Postée sur l’autre rive, je ne veux plus partir
On dirait que l’automne se tortille pour moi