ATTENTION CECI EST UNE PURE FICTION ! C’est un extrait d’un court roman que j’ai écrit il y a quelques années.
La villa avait été le cloître de mon enfance érémitique. Je me remémorais la maison délabrée aux allées en béton, le carré de gazon où l’on installait ma piscine en plastique. L’eau claire des premiers jours faisait place à une pellicule d’insectes morts, de feuilles et de fleurs en décomposition sans que personne ne songe à la changer, malgré les rougeurs et les boutons qui me couvraient le corps. Il y avait la course d’un lézard au soleil le long d’un mur au crépi fendillé, la table de ping -pong sans les balles que l’on m’avait confisquées car je les perdais toutes, les raquettes inutiles. Il y avait un vélo au sous-sol mais je n’avais pas le droit de sortir et personne ne voulait m’accompagner en promenade. Il y avait aussi les rosiers sauvages aux fleurs outrageusement ouvertes, au parfum sucré, écœurant qui me faisaient pourtant saliver car elles m’évoquaient des gâteaux orientaux. Je me souvenais d’un pied de romarin qui fleurait bon la garrigue, d’un nain de jardin qui ronchonnait avec bonhomie et auquel je lisais des bandes dessinées.
C’était le seul endroit où je pouvais me blinder. J’y éprouvais une paix, une sensation extraordinaire de temps hors du temps, de bonheur suspendu. J’avais l’impression d’évoluer en dehors de moi, de délayer ce qui me fait souffrir, et de me créer un quotidien supportable. J’y oubliais que non seulement mes parents avaient leur monde et leurs projets dont j’étais exclu sauf lorsque je devenais l’objet de leurs chantages, mais qu’ils ne permettaient pas que je recherche la compagnie d’autres personnes, la présence d’amis authentiques, une vraie qualité d’échange.