C’est mon état d’esprit en ce moment. Plus tout à fait au travail, pas encore en vacances. Juste dans l’espace-temps qui rend euphorique, l’espace du ouf, enfin, bientôt, combien de jours encore ? Au travail tout le monde pose la question à tout le monde, et chez le boulanger, chez le médecin ou à Carrefour Market. Cette période semble interminable parce que les têtes sont déconnectées des corps, comme détachées. Les cerveaux baignent dans de petites vagues bleues et les yeux créent des plages de sable fin sur les murs du métro et les flancs des bus. Parfois même ils ne créent rien, les villes fabriquent des plages sur les bords des fleuves. Afin de faciliter le travail des neurones, je suppose.
Et puis c’est l’époque des soldes, l’été se pare de tenues légères à moindre coût, il est tellement grisant de le suivre dans sa course aux bonheurs éphémères. Ne penser à rien d’important ou de grave, lézarder au soleil dès la sortie du bureau, profiter des longues soirées d’avant les vacances. Car elles en ont la saveur et la couleur, en offrent la promesse. Etablir un programme, planifier chaque jour de congé ou ne rien envisager du tout, se laisser guider. Se projeter dans, s’élancer vers….
Et réaliser que c’est la plus belle étape, où l’on respire, on est vivant. Car les vacances se déroulent vite et ne laissent que des photos pour trace, le souvenir ne suffit pas. A lui seul, il ne rétablit pas l’intensité des vacances, leur volupté. L’avant départ procure chaque fois un plaisir intense, comme une petit drogue, il dévisse la tête ! Et ceux qui ne partent pas, qui ne vont loin, jamais ? Ceux-là ont des projets, des idées pour le lendemain, décident d’une balade, d’une visite. Ils connaissent l’avant, peut-être moins exotique ou surprenant, ils se représentent l’après. Mais dans la tête, ce petit flottement précurseur du projet, qui signifie qu’on oublie le quotidien banal pour un temps, est souvent présent.