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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 10:00

 

Le XIXème siècle fut celui des romantiques Hugo, Nerval et tant d’autres, des parnassiens Coppée, Banville, des voyants tels que Rimbaud. Balzac en fit une peinture minutieuse, Sand et Maupassant eurent des visions bucoliques, Zola des considérations ouvrières. La France était un Royaume, connut les fastes de l’Empire et se rebella en une fière République dans ses trente dernières années. L’esclavage fut aboli et le savoir divulgué au moyen des journaux. Les idées circulèrent dans les salons, les théâtres, les cafés. Les français voyageaient, les plus fortunés, bien sûr, les grandes familles, artistes, peintres, photographes. Le monde s’ouvrait enfin. Pour le bonheur de tous ceux qui, avides ou curieux, souhaitaient s’entretenir de l’évolution culturelle, économique et sociale du pays.

Parmi ces nantis, ces chanceux, bien nés ou parvenus, il était un personnage méconnu et attachant. Victor Cochinat est né en 1823 en Martinique.  Issu d’une famille de noirs affranchis, il fut avocat, puis journaliste au Figaro et au Petit Journal entre autres. C’était aussi un chroniqueur théâtral très connu et considéré.

 

 

 

 

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 Cochinat est un vrai noir et non un métis comme Dumas, dont il fut le secrétaire. Alors bien sûr, durant le second empire colonialiste, on raille sa toison épaisse et crépue et son nez épaté. Cela fait de lui un « vilain bonhomme » par le physique, on utilise sa propre expression lorsqu’il moque les parnassiens, ces vilains bonshommes. Eh oui, son esprit vif et son sens critique lui ont apporté la célébrité mais aussi de solides inimitiés.  Il s’imposa par sa gaîté, son dévouement, et un don particulier pour la causerie et le conte. Victor Cochinat sut attraper les manières de son temps et les consigner sur le papier, les rendre vivantes, amusantes ou grinçantes. Sa fraîcheur, son pétillant ont charmé un siècle fourmillant d’idées nouvelles.  Sa caricature par Gill fait la  première page de l’Eclipse du 10 mai 1868. Elle est blessante, avilissante et ne passerait pas aujourd’hui. Mais elle est une preuve de sa popularité, de sa notoriété au même titre que son portrait par Le Gray, exposé dans un musée danois.

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 De nos jours on parlerait de mode, de tendance, de vagues. On ferait des rubriques au journal de vingt heures, ou un film sur sa vie. Nul doute que Cochinat tiendrait un blog à son nom !

 

 Il apparaît dans les correspondances de Banville, Wagner, Paulus, Hugo ou Maupassant.  Il a écrit un livre sur le célèbre brigand Lacenaire, un autre sur les vertus du tabac. Il a vécu l’abolition de l’esclavage et donné son avis sur l’indépendance d’Haïti au risque de déplaire. Ami de Victor Schoelcher, il devint, grâce à lui, conservateur de la bibliothèque de Fort de France sur la fin de sa vie.   

 Différent mais reconnu par ses pairs, côtoyant l’élite, moqué mais considéré, Victor Cochinat est l’un des témoins  d’un siècle où foisonnaient les talents littéraires. Il meurt en 1886 en Martinique, soit un an après Hugo, cinq ans avant Rimbaud, sept ans avant Schoelcher. Peu avant que le siècle se termine et son faste avec lui.  

 

 

  

 

 

 

 

 

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commentaires

V
Excellent cet article. Beaucoup de recherche et bien écrit.<br /> Bonne journée<br /> Amicalement<br /> Violette
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M
<br /> <br /> Merci, à très bientôt<br /> <br /> <br /> <br />
M
Je ne connaissais pas.. mais j'ai tant à apprendre, à me souvenir.. Tant de monde sont passés méconnus avant nous et semble si loin dans le temps. Merci de nous éclairer sur ce siécle de pointer du<br /> doigt que le I9° siècle a eu des érudits, des gens hors du commun alors que les écoles, les échanges n'étaient pas forcément à la portée de tous.<br /> Agréable partage.. Merci
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M
<br /> <br /> Tu as vraiment bien saisi mon intention, merci<br /> <br /> <br /> <br />
C
Un coucou glacé bonne journée à bientôt amitiés
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M
<br /> <br /> Glacé vraiment, à bientôt.<br /> <br /> <br /> <br />
M
Bonjour Mansfield,<br /> <br /> Je rejoins le club et découvre aussi cette riche personnalité. Ton billet est passionnant, merci.<br /> Belle journée à toi Mansfield ;)<br /> Martine
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M
<br /> <br /> Merci Martine,  à bientôt pour d'autres visites.<br /> <br /> <br /> <br />
H
Il est toujours étonnant de voir que des célébrités en leur temps sont maintenant bien oubliées. Pour ma part je découvre !<br /> Merci pour ce moment de lecture et d'histoire<br /> Amitiés
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M
<br /> <br /> Je crois que nous serions surpris si nous pouvions lire en 2200 des commentaires sur aujourd'hui... Merci de ta visite <br /> <br /> <br /> <br />
L
Merci, Mansfield, de mettre Victor Cochinat en lumière et de nous le faire connaître, dans une présentation concise et claire où nous situons son contexte. Je retiens "moqué mais considéré".
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M
<br /> <br /> Ah ah, subtil n'est ce pas, très important de reconnaître les qualités de quelqu'un avant tout.. Merci à toi<br /> <br /> <br /> <br />
J
Bonsoir mansfield... Victor Cochinat ignoré de moi, merci pour la minute culturelle chez toi... Il meurt en 1886 ma grand-mère paternelle avait 3 ans ! Bonne nuit, au plaisir, jill
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M
<br /> <br /> Je vois que tu fais comme moi, tu situes les membres de ta famille dans le contexte social d'un homme public quand c'est historiquement possible. Merci de ta visite.<br /> <br /> <br /> <br />
N
Le grand Dumas, métis, cela a contrarié Bazin et bien d'autres auteurs "blancs"... Jouissif !<br /> Merci pour ce portrait de son secrétaire.
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M
<br /> <br /> Bazin! Je ne savais pas, quel vilain monsieur! Merci d'être passée.<br /> <br /> <br /> <br />

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