Le thème de la semaine dans la communauté de Dana est, "Boîte aux lettres".
Autrefois c’était la boîte à émotions. On y postait des cartes de vœux, d’anniversaire, des lettres d’amour parfumées et d’autres, de rupture, empoisonnées. Il y avait les cartes postales, de partout en France. Les feuilles étaient manuscrites, on y dessinait de petits cœurs, on y collait les lèvres pour laisser la trace de son rouge à lèvres. Des grains de sable s’en échappaient parfois, des articles de journaux découpés, des larmes écrasées aussi.
Dans les boîtes aux lettres il y avait de la vie. Des échantillons, des fragrances se libéraient dans nos mains. On pouvait conserver jalousement sous le matelas, ou froisser avec rage et jeter à la poubelle.
Aujourd’hui, c’est un fourre tout impersonnel. Les émotions c’est pour internet, on ne reçoit plus de courrier mais des messages qu’on lit et qu’on efface avec le doigt. On effleure une touche, doucement, pas de trace. Les sentiments sont balayés, délayés. Dans la boîte aux lettres, ya les factures, les impôts, les frais d’hôpital, les promos de la Redoute et l’avis d’abonnement à Elle ou Picsou magazine. Des pubs aussi pour le restaurant japonais qui vient d’ouvrir et cartons du mage Amidou qui fait revenir l’amour avec un talisman. Les cartes postales arrivent encore, de partout dans le monde. On voyage et on le fait savoir. Quoiqu’internet c’est pas mal aussi, pour ça. Pour se parler d’ailleurs.
Ma boîte aux lettres à moi, est dans ma tête. C’est ma réserve à trémolos puisqu’il n’y a plus vraiment d’endroit où empiler les moments d’humeur. Où caser des souvenirs. Ca n’est pas plus mal, j’entasse et quand ça déborde, je refoule dans ma mémoire, je fais le ménage. C’est comme le facteur quand il passe et qu’il ramasse le courrier. Jusqu’à la prochaine levée.