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2 juillet 2018 1 02 /07 /juillet /2018 08:00
HALL D'HOTEL

Celui-ci est à Végas. Il est juste un peu plus kitsch, un peu plus lumineux que certains. Il possède un bel aquarium qui hypnotise les visiteurs. La ronde des poissons dans une eau turquoise, ce mouvement lent, incessant devient obsédant. Il fait rapidement partie du décor, tout comme les spots et les plafonniers. On n’y accorde plus d’importance, surtout lorsqu’on est à l’accueil, qu’on s’occupe des réservations et de l’attribution des clés.

Pourtant quand on arrive, c’est lui qu’on remarque avant tout le reste. Parce qu’il est tout le reste. Les va et vient d’un hall d’hôtel, ce côté un peu froid, la barrière de verre. Les mouvements lents et saccadés, un peu ahuris de visiteurs étrangers, les sprints d’hommes d’affaires pressés. L’ascension dans les étages, la plongée en profondeur. Les robes légères et scintillantes des dames, les costumes rayés, zébrés, soyeux.

Dans l’arrondi des comptoirs il y a le tourbillon des jours, leur monotonie, l’absence de soleil, l’emprisonnement. Mais la magie des lampes, des cadres, des vases,  suscite l’émerveillement, alors on oublie.

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25 juin 2018 1 25 /06 /juin /2018 08:00
SYMBOLE

Emile Verhaeren parle d’un saule et déclare l’aimer comme un homme. Cet arbre-là je ne lui connais pas de nom. Et s’il me plaît, c’est parce qu’il ploie. Parce qu’il n’est pas d’un bloc, inébranlable. Avec un tronc solide à l’écorce rongée mais coriace. Il n’a pas une frondaison unique, somptueuse, en parasol. Il ne se tient pas droit, robuste guerrier. La fierté du baobab, l’élégance du peuplier, il n’a pas tout ça.

Il est ambigu, multiple. Il écarte les bras comme un amoureux enserre sa belle. On dirait qu’il danse, il prend son élan, il va s’envoler. Ou alors il se déroule et souhaite qu’on s’asseye dessus, qu’on teste sa résistance. Il est tendre, velu, comme un homme lui aussi. Sa force vient d’un sol qui ne nourrit que lui. Il en a fait son Dieu vivant, le seul auquel  il accorde le droit de puiser dans sa terre rouge vif.

Il est le symbole de la lutte, de la victoire remportée contre l’adversité. Des réserves cachées au fond de soi. Du désir de vivre.

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18 juin 2018 1 18 /06 /juin /2018 16:04
HOMMAGE A SAINT JOHN PERSE

Pour apprécier cet éloge faut-il réellement connaître Saint John Perse, Paul Claudel ou Léopold Sedar Senghor ? Être féru de poésie hermétique, très littéraire, avoir lu Rimbaud, avoir des notions d’alexandrin, de rythme, se passionner pour un style laudateur ?

Pour en goûter la substantifique moelle, c’est possible. Pour se laisser bercer par les mots, les sons, la musique, les couleurs, pas besoin. Pour repérer les thèmes de la mer, l’amour, la création, l’enfance, le déracinement, le rôle du poète, inutile. Le talent de Daniel Berghezan réside dans l’expression de son admiration pour l’auteur d’ « Amers », par ses mots, son rythme, sa voix.

La voix, parce qu’une louange s’écoute plus qu’elle ne se lit. Dès le premier poème, on entend les mots et les chants de l’auteur  qui accompagnent ceux du poète.  

Le Prince (Saint John Perse) émerveille l’homme brut (l’auteur) et le réveille, le révèle à lui-même. L’homme au pouvoir de sorcier, le manipulateur de mots  enseigne la rigueur,  la vigueur, la flamme, la puissance d’un langage somptueux. L’apprentissage est prodige, vertige. Son objectif est d’atteindre à une plénitude existentielle. Dans une transe intellectuelle Daniel Berghezan  s’imprègne de  l’art du poète. Et la mer en sourdine bat la mesure, flux, reflux, les idées fusent par vagues : syllabes, césures, hémistiches, on oublie. On retient le procédé de va et vient, la cadence : des vers courts, très courts alternent avec d’autres, longs, très longs.   La mer est présence, elle est mouvement permanent.

Cueillant les fruits de cette éducation, Daniel Berghezan en a rempli un plein panier. Il use de métaphores, de thèmes chers au poète, évoque les périodes de sa vie. La femme, la chair, le corps, le désir, tout se confond. L’homme se construit grâce au souffle du poète. La beauté de ses vers, l’émotion qui s’en dégage, permettent une sorte de communion sacrée.  C’est  cet élan vital qui porte Daniel Berghezan.

Les Antilles me sont chères. Les rappeler est douleur pour le poète né à Pointe-à-Pitre et qui refusa d’y retourner après son exil. Daniel Berghezan les a-t-il visitées un jour ? Son vocabulaire luxuriant et riche me trouble particulièrement. Est-ce que Saint John Perse s’est réellement emparé de lui qui donne à voir les couleurs des tropiques sans les nommer ? :

« Cette brise qui se lève magnifique et nue, à la rencontre du ciel ouvert…. Floraisons de perruches, forêts équatoriales, tout échoue dans tes rets poétiques…mer phonétique à la phosphorescence, mer prophétique à l’incandescence… »

Et enfin puisqu’un poète en rappelle un autre, j’ai établi deux parallèles.

D’une part :

« Hommes bruts jamais

jamais ne connaîtrons-nous plus de défaillance

que ne puisse combler cette aube pure, cette aube simple,

cette aube immense qui brûle

dans le cristal de son incandescence ! »

Daniel Berghezan, Hommage ! Hommage à la Vivacité divine !

 

« Homme libre, toujours tu chériras la mer!

La mer est ton miroir; tu contemples ton âme

Dans le déroulement infini de sa lame,

Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer. »

Charles Baudelaire, l’homme et la mer

 

Et d’autre part :

« - ô Saint-John Perse le Lyrique –

la voix gorgée de mots malades et envoûtants

avec cette fièvre,

avec ce feu,

te voici à jamais épié

dans l’envol de tous les oiseaux du Monde. »

Daniel Berghezan, Ô toi qui reviendras, sur les derniers roulements d’orage.

 

« Le Poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l’archer

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. »

Charles Baudelaire

Merci à Daniel Berghezan de nous avoir indiqué comment  cet envoûtement lui a permis d’accéder  au « monde entier des choses ». Meri à Librinova de m’avoir sollicitée pour cette chronique.

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18 juin 2018 1 18 /06 /juin /2018 08:00
AU SOL

Inscrit au sol comme ça on se demande si ce n’est pas une invitation à se taire pendant qu’il passe, ou à s’arrêter parce qu’il se cache derrière l’une des portes des maisons alentour.  Un attrape-couillon servant à garder les yeux baissés et à heurter les passants devant soi. Ou à les lever au ciel, des fois qu’une auréole, un chérubin… Une prémonition, des ailes  vont te pousser, tu vas t’envoler ! Le premier signe d’un messager de l’au-delà en mal de communication et qui choisit l’anglais langue universelle, un caillou blanc de Poucet. L’encouragement d’un mentor, c’est ton heure, c’est maintenant. Une chimère, tu n’es que poussière, esprit, vent. Un compliment, sagesse et perfection.

Inscrit au sol, c’est un excellent prétexte à divaguer.

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11 juin 2018 1 11 /06 /juin /2018 08:00
Elvio Chiricozzi, Si apri e poi si chiuse, 2017

Elvio Chiricozzi, Si apri e poi si chiuse, 2017

Il arrive sur le soir, doucement. Il mange d’abord les couleurs de l’après-midi qui  noircit. Le vent fraîchit, souffle par rafales. Les nuages pèsent sur nos crânes en surchauffe. Le silence se fait momentanément,  comme si chacun guettait les premiers signes. Par les fenêtres entrouvertes on ne perçoit que des bruits des couverts que l’on pose pour le dîner. Les balcons sentent la terre, le parfum des fleurs est entêtant. Et leurs couleurs tranchent sur le gris du béton et du ciel. Les premiers grondements font fuir les oiseaux qui piaillaient jusque-là, insouciants. Une sirène glapit au loin. La pluie clapote sur les toits, on ne l'entend pratiquement pas. Mais dans la rue les voitures chuintent plus qu'elles ne roulent. Il faut rentrer le linge sur le balcon. Se préparer aux trombes d'eau, à ces torrents qui dévalent et emportent tout sur leur passage. 

Et puis, rien. Absolument rien. Le calme, des trottoirs à peine luisants, les tuiles des maisons un peu plus sombres, un peu plus lisses. A  quand l'orage? 

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4 juin 2018 1 04 /06 /juin /2018 21:34
LA GOURMANDISE EN MOTS

Je me lance et commente ce livre issu de l'auto édition. Ceci n'est pas une banane, Céline Theeuws.

Un livre qui se déguste et  titille les papilles. Un pétillement d'abord puis chaque saveur se libère peu à peu. Malgré un contexte de harcèlement moral au travail, le texte est riche, truculent, savoureux et la lecture facile et agréable. La souffrance corporelle, l'attachement à Paris ville étrangère, la nostalgie de Bruxelles, ville de naissance, l'amour de l'art, du bio, des animaux, les difficultés relationnelles, les mesquineries humaines, tout est abordé avec finesse et psychologie. Le personnage principal est si fort, si avide de vivre qu'il en efface un peu les personnages secondaires. Mais est-ce un défaut? J'aurais peut-être choisi une autre couverture. Pour les dévoreurs de mots.

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4 juin 2018 1 04 /06 /juin /2018 08:00
Hellen Kooi, Netherlands, Fotomuseum

Hellen Kooi, Netherlands, Fotomuseum

 Je nous imagine, elle et moi, complices, amies, attachées. Sans elle pas d'horizon. Pas de vie, d'avenir. Sans elle, pas de foyer, d'ancrage, de projet. Sans elle, sous mes pieds,  un no man's land recouvrirait chaque jour qui passe.  

J'avancerais désœuvrée, démotivée, handicapée. Le bonheur, la joie ou la tristesse ne seraient que des mots. La douleur, physique, morale, un concept. L'effort, la récompense, la chance, le talent, de vagues idées.  Je me résignerais. La maladie la mort? Inévitables. La beauté, la laideur, subjectifs. L'art, subjectif. Les passions, incidents de parcours.

Parce qu'elle est avec moi, qu'elle m'accompagne, tout s'illumine. Autour de moi tout paraît possible. Elle me rend forte. Je me dédouble. Il y a moi et Espérance. 

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28 mai 2018 1 28 /05 /mai /2018 08:00
TOUT UN MONDE

 

J’entre dans une librairie,  un peu sombre. Première image,  un portrait de Voltaire. Tout plein de livres, sur des tables, en vitrine, pas un recoin inoccupé, tout est dédié à la littérature. L’œil ne peut pas y échapper. La lumière est pourtant faiblarde, jaunâtre, rasante. Peu propice à la lecture. Des acheteurs silencieux, chuchotant :" c’est pour un cadeau, oui, vous voulez  un paquet, si ça ne vous dérange pas." Tout semble suranné, le libraire, l’acheteuse, les gestes délicats de l’une, la servilité de majordome de l’autre, une sorte de distinction, de distance, de révérence. Je tourne, je survole, couvertures et étagères, format poche ou éditeur, BD, romans, livres de photos d’art, géographie, histoire. J’ai l’air d’une LNI, une lectrice non identifiée. Je demande le dernier Darrieussecq, erreur incalculable, il n’y en a pas à l’heure actuelle. Réponse condescendante de l’homme qui ne s’interrompt pas dans son ouvrage. Il y a ce cadeau à emballer le plus parfaitement du monde. Et je sors en voleuse, en resquilleuse, consciente de mon audace. La porte se referme sur moi, sans un bruit.

 

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21 mai 2018 1 21 /05 /mai /2018 08:00
A VOUS

De quoi parler cette semaine si on excepte le Mariage et le Palmarès du festival ? Il reste le temps, capricieux, incertain, les vacances qui approchent, la fin d’année scolaire, les impôts à la source, la grève SNCF, le week-end chez tonton Jean, la floraison des jardins, les rhumatismes d’Huguette et la visite chez le vétérinaire du félin rebelle.

Et si on parlait d’amour. Le premier, la cause de tout, la rencontre, le coup de foudre ou d’un soir. Qui fait qu’on est là. Qui peut s’envoler. Le viscéral, qui balaie tout, l’amour parental. Qui nous attrape, ne nous lâche pas, nous enrichit même s’il entrave  nos libertés.

L’originel qui nous construit, nous porte, et sans lequel nous ne pourrions transmettre à notre tour le besoin d’aimer. Celui d’une mère, celui d’un père.

Je n’attendrai pas dimanche ni le mois de juin. Je vous garde chaque jour dans mon cœur, Maman, Papa.

Dois-je évoquer l'amour universel, pour son prochain?  Le chemin à parcourir pour y parvenir n'est pas toujours évident... Mais  on peut considérer, accepter, écouter. 

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14 mai 2018 1 14 /05 /mai /2018 08:00
SAINTS DE GLACE

Ils sont bien là, fidèles au mois de mai. Ils s’imposent comme les bains d’eau glacée nordiques. Après une certaine chaleur, de la moiteur, une forme de langueur, ils vivifient, resserrent les pores, tonifient.

Et chaque année, vu mon grand âge, ma référence est le film de Lautner qui réunissait Mireille Darc, Alain Delon et Claude Brasseur, l’autre « Seins de Glace ». Non pour son atmosphère étrange, ses acteurs parfaits, mais pour son décor, le bord de mer. Peu importe l’endroit. La saison ? Il fait froid.  Le temps est maussade, le ciel plombé, la bise s’infiltre sous les vêtements. Mais le ressac, l’éternel ballet des vagues, l’écume, les lames d’eau cognant les rochers, l’horizon brumeux, tout est magique. Comme un vent de liberté. Comme ces jours gris voulus par mai pour nous pousser vers juin et ses probables beaux jours.

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