Je tiens à remercier chacun de ceux qui, aminautes sur Overblog, m’ont laissé des commentaires d’encouragement et de soutien quant à la publication de mon roman « Les Nids de Van Gogh » chez Librinova.
Je suis tout particulièrement touchée, émue et fière de l’avis laissé par Fanfan, aminaute corse qui la première m’a livré son ressenti. Elle est la première lectrice qui n’a de moi qu’une connaissance virtuelle. Nous ne sommes ni amies d’enfance, de lycée ou de fac, nous n’avons pas travaillé dans le même établissement. Nos enfants n’ont pas fréquenté les mêmes écoles et nous ne nous croisons pas à la boulangerie du coin. J’ai l’audace de croire que mon texte lui a plu, tout simplement, et je vous livre ses impressions : « Je viens de finir ton livre. J'ai eu du mal à le lâcher chaque fois. J'avais hâte de connaître la suite et la fin. J'ai beaucoup aimé. Bravo »
Merci Fanfan pour ce commentaire.
À bientôt pour d’autres échanges virtuels car le net a ses défauts mais il est aussi l’occasion de belles rencontres.
Pour ceux que ça intéresse, j'ai publié sous mon nom de naissance, un livre chez LIBRINOVA, une équipe très professionnelle dans le monde de l'auto-édition.
Les Nids de Van Gogh, Evelyne Larcher.
Allez faire un tour sur leur site par curiosité, que ce soit pour me lire ou pas...
Quand l’automne occupe l’espace à ce point, il paraît suffocant. Il est tout feu et flammes, on manquerait presque d’oxygène. On le foule aux pieds. Il borne le regard et balance au gré du vent. Offre une voûte protectrice, un abri capitonné aux murs de rouille.
Cependant, il trace un chemin et se dandine dans la lumière. Qui s’écarte, longe la rivière et s’enfonce vers les rêves. Tant qu’il est là, il embrase le ciel et veloute le sol. On se sent choyé, caressé, soutenu. Il nous surprend et en silence, pose un châle sur nos épaules.
Profitons-en car l’hiver assaille déjà les Alpes, prépare le gel et la glace, aère ses manteaux blancs pris dans la naphtaline. Et s'apprête à fondre sur octobre paré pour Halloween.
Octobre a ses clichés. Il est question de couleurs, de clarté, d’odeurs, de pluie, de vent, de grippe. Octobre rogne sur le jour, cuit des châtaignes, ramasse des noix, confiture les coings. Octobre a sa Marie, sa nuit blanche, aime le rouge, le noir et l’orange. Octobre cache des sorcières dans des citrouilles, sème la peur, offre des bonbons.
Octobre craque sous les pas, pousse champignon, mousse au pied des arbres. Octobre brille jaune vif et froid, grisaille humide, chauffe à midi. Octobre oblige à l’écharpe et au bras de chemise, au bonnet et aux lunettes de soleil. Octobre s’amuse à nous surprendre, fomente des révolutions, organise des grèves. Ici octobre est transition, avance vers l'hiver et sa morosité. Pourtant octobre signe l’automne ou le printemps, octobre se fiche des continents.
Alors je me console. Je rêve d’octobre tout là-bas, chaud, printanier ou tropical. Qui se complaît dans la lumière, caresse les épaules, fait frissonner une végétation verdoyante. Qui ronge la nuit, ouvre les fleurs, promet de longues soirées enivrantes. J’oublie que novembre approche et Noël et les grands froids. Je prends mon mal en patience…
Après-midi sur bords de Marne. Le soleil est chaud, caressant, le vent léger frémissant. On croit encore à un reste d’été. On s'habille court, sans manche, roule en vélo, court en jogging, occupe sainement dimanche. A deux collés, on baguenaude, ou smartphone entre les doigts on pianote, on s’ignore. En famille on taquine le gardon, on déjeune sur la pelouse. Aux terrasses des cafés on s’attarde, on rêvasse. Renoir hante les esprits, Gabin s’époumone, en équipe, un béret sur la tête.
Mais c’est ailleurs qu’est le spectacle. La Marne est une toile vierge où l’automne dépose ses touches de couleurs. Des tons plus vifs que nature, des paillettes, un rendu tremblé. Le bleu du ciel vire indigo, les frondaisons se paient le temps. Il est quinze heures, pourtant sur l’eau leurs robes jaunies semblent soleil déclinant. Et des rayons tranquilles et blancs poudrent la rivière à l’arrière-plan.
Ce tableau-là qui se propage tout au long de la balade fait la magie du dernier week-end de septembre.
J’y étais. Non pas à Saint Martin ou à Saint Barthélémy. J’étais semi épargnée, semi planquée ? au Gosier en Guadeloupe. Irma j’en ai entendu parler dès mon arrivée le 21 août. Tout le monde ici évoquait les tempêtes tropicales, l’improbable cyclone. Mais « ou sav » (vous savez) ici on a l’habitude, tous les ans de septembre à décembre c’est pareil. Et puis en métropole on exagère ou minimise, on ne sait pas. Mes amis m’ont dit, maintenant tu es vraiment guadeloupéenne. Quand on n’a pas vécu un cyclone, participé à l’attente, à l’angoisse, aux préparatifs d’avant fléau, on n’est qu’un touriste dans l’archipel.
Lundi 4 septembre. Nous sommes en vigilance orange : préparez-vous. Les nuages comblent une partie du ciel. Le temps est magnifique, le ciel bleu lavande, la mer calme, à 32°. Très mauvais ça, un bon terrain. Le monstre se prépare. Des merles envahissent les routes par endroits. La nature est muette, pas un chant d’oiseau, pas un battement d’ailes ou si peu. Destreland le centre commercial est bondé. « Cyclone la ka passé, zot ka barricadé » (le cyclone va passer, barricadez-vous). On achète bougies, transistors, packs d’eau, conserves, scotch. Bricorama est pris d’assaut, des planches, des clous. Ça bouchonne aux stations-services. La Marine du Gosier est comblée par les bateaux de Saint Martin que certains ont rapatrié. A la Pointe des châteaux la houle est forte, on joue avec les vagues et le ressac. On joue à la culbute, on mange du sable. C’est si rare une telle rage des éléments!
Mardi 5 septembre. 15h, La pluie arrive, cesse, repart. Les grenouilles qui ne chantent que la nuit d’habitude, se croient autorisées à donner un concert. Le ciel a la couleur gris sale de plumes de pigeon. La chaleur est étouffante. Nous passons en vigilance rouge : prière de rester chez soi. Devant la chambre de notre hôtel les palmiers dansent, échevelés. On les croirait impatients de briser les vitres. A 18h30, le vent hulule, les palmiers ondulent de plus en plus, ensorcelants. Ils perdent leurs fruits rouges, une nuée de poules et leurs poussins tournent autour et les picorent. Stan le chat du voisin est prié de rentrer chez lui. Jeannie, une amie envoie des photos de Marigot à Saint Martin, les dernières avant que les liaisons ne soient coupées. Des balustrades submergées. Nous n’aurons de nouvelles que 48 h plus tard. Réfugiée à l’hôpital qui a perdu son toit, Jeannie n’a plus de maison.
Mercredi 6 septembre. 6h20. C’est le déluge. Le vent et la pluie s’acharnent sur la tôle du volet métallique que j’entrouvre. Au loin tout est gris, fondu, indiscernable. Mais les palmiers dansent la samba juste devant moi accompagnés des grenouilles épuisées qui auraient dû se taire au lever du jour. 8h 30 premiers hululements de sirènes. 10h 40, la pluie incessante strie le ciel. Midi le vent reste fort et les nuages éclairés par un soleil invisible ont meilleure mine. Depuis la piscine de l’hôtel, en hauteur, on aperçoit la mer agitée, bicolore, moussue. Vers 18 h la houle décroit, on peut sortir. La chaleur est accablante. Peu de dégâts ici. Allons une forte houle, les grandes marées, on connait ça aussi en métropole ! Mais les rues sont désertes, les magasins fermés, les rares passants en proie à la torpeur. Dans l’hôtel des chambres ont été mises à la disposition de la Croix Rouge. Des équipes, téléphones, bardas, sacs à dos vont et viennent sous ma fenêtre. Le malheur a frappé tout près, il est temps de s'y rendre.