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24 avril 2017 1 24 /04 /avril /2017 08:00
PENCHE
Toute cette agitation, cette effervescence me font perdre pied. Je n'arrive pas à tenir droit sur mes racines. J' ai tendance à obliquer, à pivoter légèrement. Ou carrément. On dirait que le ciel pèse sur mes épaules, que je souhaite embrasser mon ombre. Le soleil brille, l'horizon semble limpide et pourtant je flanche. 
A quel moment ça a commencé? Dès ma naissance, à ma première pousse tordue dans le sol. Ils ont remarqué que je grandissais normalement, je m'épanouissais comme  n'importe quel feuillu. Mon tronc long et fin supportait les assauts du vent et l'inclination des branches. J'ai eu la chance ou le malheur de m'épanouir seul. Certains végétaux  n'ont pas toléré que je leur vole de l'espace, que je m'affaisse sur leur frondaison.
Je suis une curiosité, on me trouve beau. On n'imagine pas que je puisse être en danger ou que je  le représente. Je suis en terre de France, le sol est riche et m'offre tout ce dont j'ai besoin. Je crois être utile aussi, par ma chlorophylle, mon oxygène, mon habileté à jouer avec la lumière.
Ma différence est richesse. Accepteriez-vous de me scier à la base?
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10 avril 2017 1 10 /04 /avril /2017 08:00
SUR LE TROTTOIR

En l’apercevant sur le trottoir ce dimanche 9 avril, jour de plein été, je  n’ai pas su quoi penser. Il était encore bien droit à défaut d’être bien vert. Il avait encore fière allure quoique sec et dégarni. Le printemps lui avait fait croire qu’il pouvait encore plaire, alors il s’est dit pourquoi pas…

Moi,  je me demandais pourquoi il avait du temps évité l’irréparable outrage. Miséricorde ou négligence ? Pitié, amour, clémence, charité, tentative d'expérience quant à sa longévité… A-t-il été l’objet d’un pari, d’une blague ? A-t-on souhaité que j’écrive à son sujet, que je le décrive ? S’est-on rappelé que Pâques approchait, que ça faisait désordre ? Aime-t-on l’odeur des aiguilles sèches et leur dispersion sur le sol d’un appartement ? Lui avait-on promis de  passer l’hiver au chaud ? L’a-t-on chassé comme un malpropre dès la levée d’interdiction de chasser les mauvais payeurs?

Et s’il était resté tout seul pendant qu’on s’amusait ailleurs depuis tout ce temps ? Et s’il veillait stoïque la dépouille d’un inconnu dont le sort n’inquiétait personne ? Hum… Et si c’était un original, une vedette, une star, un expert dans l’art de faire parler de soi. Objectif atteint!

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3 avril 2017 1 03 /04 /avril /2017 08:00
GYMNASTIQUE
La compagne de mon fils est polonaise et parle l’anglais, l’italien, l’allemand et le français bien sûr,  en plus de sa langue maternelle. L’espagnol un peu, aussi. Elle dit  que ça n’est pas parfait, elle ne maîtrise pas tout, le français est bizarre, par exemple comment personne peut à la fois signifier quelqu’un et personne. Elle se débrouille plutôt bien. Dans son travail l’anglais est indispensable, pour les voyages… Eh bien mon fils la suit, elle assure !
Elle vit en France alors me dit-elle, j’ai besoin de me replonger dans ma langue maternelle,  sans gymnastique de l’esprit. De penser comme chez moi. Quand elle m’a montré ce livre, j’ai tout de suite pensé : « Ca me dit quelque chose ! ». Moi qui ne sais pas un mot de polonais à part « dzien dobre/ bonjour », j’ai reconnu « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » par le nom de son auteur dont ce fut le premier, et longtemps le seul livre.  J’en profite pour saluer « Ecureuil bleu » et son initiative du livre voyageur qui m’a fait découvrir Harper Lee.
Lire la traduction d'une oeuvre, c’est toujours périlleux car on crée ses propres images à partir de mots qui ne sont pas réellement ceux de l’auteur. L’idéal serait de pouvoir lire l’original et sa version. Ce qui n’est pas toujours possible, combien de français ont lu Tchekhov en russe dans le texte ? Etre capable de « Gymnastique de l’esprit » est un luxe dont on aime parfois s’affranchir. Il faut avouer que découvrir un auteur étranger dans sa propre langue c’est approcher la différence culturelle, et malgré ou a cause de cela, se laisser porter, sentir la magie opérer. Car un bon livre, même imparfaitement traduit, touche au coeur.
Bonne lecture Aleksandra !
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27 mars 2017 1 27 /03 /mars /2017 08:00
88 ANS
Il m’a expliqué. Ce n’est pas si simple. Il est valide,  on lui a posé un stent cardiaque il y a quelques années.  Il n'avale qu'un comprimé anti-hypertenseur, voilà pour les médicaments. Il ne coûte pas cher à la sécurité sociale. Il est veuf depuis deux ans. La solitude, quand on a rencontré sa femme à 20 ans, c’est irracontable. Les autres s’affolent de ce que personne ne lui fait plus son ménage, son repassage, la cuisine. Lui aussi, un peu. En réalité, le ménage, le repassage, il laisse aller. Il est souvent dehors, il promène les veuves du quartier, celles de son âge, qui sont ravies de marcher avec lui. Car dans  le club, ce sont tous des jeunes de soixante ans. Ils refusent de se joindre aux vieux qui les ralentissent.
La cuisine, il s’en fiche aussi. Le visage aimant dans lequel il pouvait contempler ses propres rides, lire des souvenirs communs lui manque. Alors pour faire durer le repas et ne pas sombrer assis là comme un imbécile, il fait sa petite vaisselle entre chaque plat. Il ne regarde plus la télé qui était un prétexte pour échanger des idées, rire ensemble, s’exclamer, râler, se disputer. A quoi bon ! Il préfère la lecture. Mais on ne passe pas son temps à lire…
Les enfants l’entourent, ils sont très présents. Chaque week-end on l’invite, tantôt l’un, tantôt l’autre. On lui dit qu’il a de la chance, d’avoir de bons enfants,  d'avoir atteint un si bel âge, de garder sa tête, ses jambes, son rire, sa curiosité. Par pudeur, il n’a jamais évoqué l’amour. Mais il m'a avoué : « Je ne suis jamais réellement seul. Mais je ne suis pas heureux »
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13 mars 2017 1 13 /03 /mars /2017 08:00
PRINTEMPS CRUEL
C’est presque le printemps, époque du renouveau de la nature, les cerisiers sont en fleur, les jours allongent entre grisaille et soleil pâle. Le fond de l’air est relativement doux. Les poussettes envahissent les trottoirs, des grand-mères au sourire plissé se penchent sur de petites frimousses aux joues rougies, portant bonnet.  Les parents fiers d’être parents pilotent de petites voitures sophistiquées aux formes arrondies, succombant à la mode et au progrès, dignes des 24 heures. On se toise, on se salue, se complimente sur la vie qui nous pousse irrémédiablement vers la sortie. A coup de chaussons roses ou bleus.
Mais je pense à ces femmes, de plus en plus nombreuses au comptoir et dont les ordonnances renouvelables à volonté préconisent Ovitrelle, Décapeptyl, Gonadotrophine et autre progestérone. Je pense aux espoirs, au découragement, à l’anxiété,  la rage que peuvent déclencher ces tentatives de grossesses. Ces calculs, ces ruses avec les horaires, ces  allées et venues entre hôpital, pharmacie, infirmières. La hantise du temps qui passe, la honte incontrôlable, la frustration qui s’emparent de ces femmes. La timidité, la culpabilité de coûter si cher à la sécurité sociale.  Je pense que le printemps est, dans leur cas, ressenti bien cruellement quand vient l’échec.
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6 mars 2017 1 06 /03 /mars /2017 08:00
désolée pour le boudin vert!

désolée pour le boudin vert!

On dirait que mars affolé déclenche la tempête. Trempé, battu, courbé, on souhaite que ça s’arrête. Le printemps délavé ajuste ses couleurs.  Violettes et genêts subsistent avec honneur.  La pluie jaunit les murs,  et blanchit les ardoises. Quand viendra donc le temps des mûres et des framboises ? Le ciel cale ses nuages  au-dessus de nos têtes. Ce qui motive sa rage ? L’hiver qui s’entête. La grisaille est pesante, dans la cour la pluie chante. Un boudin vert au loin, trottine sur l’asphalte. C’est le chien du voisin, son maître dit : stop, halte !  L’un en imperméable, l’autre sous un parapluie. Ils ont l’air adorable, ainsi bien à l’abri. Dans le jardin en face, volent des balançoires, comme des papillons aux ailes roses et noires. La ville est détrempée, et chuintent ses souliers.
Allons, pas déprime, ce n’est qu’une transition. C’est la saison qui frime, juste avant l’abandon. Les beaux jours qui piétinent, début de mois fanfaron.
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27 février 2017 1 27 /02 /février /2017 08:00
INDIGESTION
Ce que j’aime dans la cuisine libanaise ce sont les mezze. Les mélanges, une multitude de petits plats dont je ne citerai pas les noms parce qu’étrangement je n’ai pas envie de parler de cuisine. On les apporte ensemble à table, tous mélangés, accompagnés de pain pita libanais. Le profane ne sait pas quels sont les hors d’œuvre et les plats principaux. Le chaud arrive avec le froid, les purées avec la salade, les boulettes avec des chaussons de pâte fourrés également à la viande. Les foies de volailles aillés côtoient des aiguillettes de poulet citronnées. Une branche de menthe flotte dans l’eau de table et le vin de Kefraya à 13, 5 degrés vous entourloupe le jugement. Plus vous mangez  plus il  arrive de plats, plus vous saucez plus on dépose de purées et de haricots à tartiner. Vous ne savez pas vous contrôler, vous arrêter. Tout est bon, tout s’avale. Le thé à la menthe en fin de repas aide à faire passer, à nettoyer l’estomac. On garde le souvenir d’un excellent moment et la digestion commence en douceur.
Mais le thé, la menthe, ne suffiraient pas aujourd'hui à  soulager nos maux de ventre, nos nausées, nos indigestions. Car l’actualité, au seuil des élections nous fait avaler beaucoup trop de couleuvres qui ne passent plus.
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20 février 2017 1 20 /02 /février /2017 08:00
MADELEINE CASABLANCAISE
Nous avons tous une madeleine de Proust. Un lieu, une odeur, un son, une couleur, une texture qui nous rappelle ou nous ramène vers avant. Cette boulangerie, avenue Mers Sultan à Casablanca est l'une des miennes.
Jusqu'en CE2 j'allais à l'école de filles Mers sultan. Après la classe, je me précipitais à l'intérieur de la boutique et réclamais un beignet à la confiture. Je revois la boulangère une dame rousse aux cheveux frisés. Je revois son sourire, j'entends sa voix douce et chantante. Je peux presque toucher le carré de papier gras dans lequel elle me tend mon goûter. J'entends les exclamations des camarades pour qui c'est un rendez-vous incontournable. Par extension je revois l'école, son architecture en L, le préau. Les souvenirs affluent mais... A vous ils n'apporteraient rien.
Quand je suis retournée à Casa, trente ans plus tard, le boulanger marocain, très souriant,  baragouinait un peu de français, vendait des pâtisseries orientales et proposait du thé  à la menthe. Il m'a regardée avec de grands yeux étonnés quand j'ai évoqué ma boulangerie, mon école. Mais je m'en doutais. J'ai photographié ma madeleine, le marbre gris de la façade demeuré  inchangé.
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13 février 2017 1 13 /02 /février /2017 08:00
CE SOIR-LA
Ce soir-là, il y aura un match paraît-il. De foot évidemment. Qui contre qui ? Peu importe. Nous les filles, en grande majorité, on s’en fiche. Je précise, en grande majorité, je couvre mes arrières. Il y a des gars qui s’en moquent aussi. Si, si. Il ne sera transmis en principe que par Netflix ou Being sport. Donc peu de chances que la soirée soit compromise. Mais je connais des petits rusés qui essaieront de composer. Pour qui ce jour-là c’est du commerce, du business, de quoi faire marcher les restaurants, les fleuristes, les bijoutiers, les chocolatiers, que sais-je encore… Ils tenteront de vous emmener fêter ça au troquet du coin, devant un pichet de bière et la télé offrant un spectacle de gambettes galopantes sur gazon verdoyant. Ou alors, il faudra bâcler le dîner parce qu’à 21h, ça commence !
Ne vous laissez pas faire, ne leur permettez pas d’évacuer ces habitudes de midinettes d’une pichenette ! Il ne s’agit pas de céder à une mode, de s’obliger à afficher des sentiments. Tout ce qu’on leur demande, c’est d’arrêter le temps, de se retourner sur hier. Constater ce qui a pu s’user, disparaître. Ce qui perdure malgré les années. Qui est à consolider, redéfinir. Ou bannir. Et repartir d’un bon pied !
Ça peut se faire devant un demi et un paquet de chips ! A condition de se vautrer à deux dans le canapé, tête contre tête. De regarder avec les yeux, de voir avec le cœur. S’il n’y a personne à vos côtés ce soir-là, chouchoutez-vous !  Rien ne remplace l’amour, l’estime de soi. Quoi qu’on dise, on est toujours tout seul. Même le 14 février...
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6 février 2017 1 06 /02 /février /2017 17:00
Orgueil et Préjugés, version de 2006, ma préférée

Orgueil et Préjugés, version de 2006, ma préférée

La Saint Valentin approche. Indissociable de l’amour, elle m’a donné envie de revisiter certains lieux magiques. Des cadres romantiques, au cinéma et en littérature, que je cite pêle-mêle au gré des souvenirs.
Le bac qui relie Saigon à Sadec dans l’Amant de Marguerite Duras. Propice à la rencontre banale mais symbolique entre une jeune fille sage et un homme à chapeau sur le Mékong. Colonialisme, lenteur, moiteur, pesanteur…
Les rues de Rouen, pour Emma Bovary et Léon, selon Flaubert. Un fiacre, des chevaux à vive allure, des rideaux baissés, un itinéraire vagabond. Des passants étonnés. Et l’amour à l’intérieur, à peine évoqué, tellement suggestif.
Le planétarium de Los Angeles pour  Ryan Gosling et Emma Stone dans La La Land,   de James Dean et Natalie Wood dans La fureur de vivre. Emblème de LA, symbole de l’amour, immensité, envol, infini…
Les quais de Seine, en carton-pâte dans La La Land,  et pour de vrai dans Midnight in Paris De Woody Allen. O Paris so romantic ! Les boutiquiers, la Seine envoûtante, et pourquoi pas un cliché de Doisneau en arrière-plan.
Les hauts de San Francisco pour Matthew Modine et Melanie Griffth, inquiétants tout autant qu’idylliques dans Fenêtre sur Pacifique ; le Berverly Wilshire Hotel  de LA où Julia Roberts s’achète une réputation auprès de Richard Gere dans Pretty Woman. Un salon,  un jeu d’échec au centre, cadre du jeu subtil de chat et de la souris entre Steve Mcqueen et Faye Dunaway dans l’affaire Thomas Crown. Torride !
La plage de Deauville pour les Chabada de  Jean Louis Trintigant et Anouk Aimée; l’appartement reconstitué à Paris, identique à celui des parents d’Haneke pour Amour avec le même Trintignant et Emmanuelle Riva. Quand amour est aussi accompagnement de fin de vie.
Le Pemberley imaginaire  d’Orgueil et Préjugés, collines, boisées, cours d’eau, nature respectée, où Elisabeth et Darcy apprennent à se connaître, selon Jane Austen. Tant d’autres encore…
Beaulieu sur Dordogne, pour mon chéri et moi. Mais je m’égare ! Et pour vous, quels sont les lieux qui font la magie de l’amour, au cinéma, en littérature ou dans la réalité ?
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