30 janvier 2017
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Oh et puis zut ! Oublions les élections, Donald et ses couacs de canard, la grippe et la contagion, de nos journées les avatars.
Dirigeons-nous vers le salon. Champagne en robe mandarine, angostura, note sybilline. Quand l’appétit vient au palais, laissons le bonheur s’installer. Roulés de crêpes au saumon, petits fours frais, pâte maison, piments chatouillant les papilles, dans la cheminée, le feu brasille. Je vous ressers ? Bien volontiers. Mais sans façon, pour moi c’est non.
Passons à table les amis. Saint Jacques aux petits légumes, croûte dorée, percée, qui fume. Un verre de Pernand-Vergelesses ? Entretenez notre faiblesse ! Chut ! Déguster relève de l’art, les bougies voilent les regards. Un rôti farci au foie gras, des pommes de terre à la truffe. Gourmand ce fabuleux repas, le cuisinier n’est pas Tartuffe ! Une larme de Léo-Pessac ? Encore des tours dans votre sac ? Voyons, salade sans façon. Fromage, dessert : une Pavlova. Ne me dites pas que… vodka ? Café, liqueur de mandarine, comme on a commencé on termine !
Quand la raison hurle prudence, vers la maison rouler patience… Quand partager, se retrouver, échanger fous rires et nouvelles, quand des soucis se libérer, fait dire que la vie est belle.
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23 janvier 2017
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Il sort en salle mercredi, alors pourquoi en parler avant. Quoi dire ? Le sujet du film c’est persévérer pour faire reconnaître son talent. Hollywood, des couleurs pastel ou pétantes, la danse, la musique. Les déceptions balayées par la fougue, l’endurance, la confiance en soi. Les pleurs, le chagrin, la rage. La joie, les rires, de l’émotion en feu d’artifice, le sentiment d’apesanteur. La nuit, des étoiles, des réverbères, le jour lumineux, le blanc immaculé. Des décors, des costumes, des plans magistraux. L’amour plus fort que tout. Voilà ce que You tube enseigne.
Voici sur quoi ce film renseigne avant même que des files se forment devant les cinémas. L’époque, morose, a besoin d’enchantement, de rêve, de folie, de légèreté. Le spectateur a une âme de midinette et le cœur fait pour la romance. On ne le stimule jamais assez. Il aime s’échapper sans recourir aux paradis artificiel. Il est beau jeune, en pleine santé, il a un avenir, une raison de vivre. Et quand le générique de fin se profile, il atterrit en douceur. Dans sa tête, des papillons pollinisent les petites cellules grises. La semaine peut démarrer.
1967 avait ses Demoiselles, 2017 a La La Land
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16 janvier 2017
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Elle doit arriver cette nuit. Ça fait une semaine qu’on nous l’annonce. Le vent, la pluie, de la glace fondue l’ont précédée. Elle se fait attendre. Derrière la brume, elle prend le pouls de la ville. Elle entend : « C’est à toi dans deux minutes ! » Elle s’ébroue, le ciel claironne : « Et maintenant, la voici, c’est elle, faites une ovation à.. ». A la télé Laurent Delahousse prévient : « Madame, monsieur, bonsoir. Grands froids attendus dans les jours à venir. EDF est sur les dents. »
Elle secoue sa crinière cotonneuse, fait voltiger ses paillettes, tourbillonne dans un grand show, tant de lumière, tant de blancheur. Et le silence se fait, un public ébahi la regarde évoluer, électriser l’atmosphère, réinventer le décor. Attention, la touche ultime, la chute des derniers flocons.
La star s’éloigne, qui voulait mourir sur scène. Avec son manteau blanc le rideau est tombé.
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9 janvier 2017
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Elle lui ressemble. Elle est icône, on se la représente, ronde, joufflue, dorée. Il est pictogramme, on le dessine jaune, circulaire, rayonnant. On la relie à l’enfance, à la naïveté. Il évoque douceur, lumière et clarté. On l’associe au cidre, à la fève ou à la couronne comme lui au ski, à la plage, aux vacances. On la photographie, entière ou tranchée, on zoome sur le feuilleté de sa pâte. On l’immortalise sur disque dur par goût des clichés, pour épater ses amis ou se créer de radieux souvenirs. Elle est coutume, tradition, il est phénomène culturel. Elle est remède, réjouit, rassemble. Il est médicament, réchauffe, apaise. Elle est divinité païenne, il est astre providentiel.
Alors pourquoi ne pas le temps d’un partage, les réunir.
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2 janvier 2017
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Entracte, Edward Hopper, 1963
Un moment étrange. Le film, ou la pièce, n’a pas commencé. Peu de spectateurs, il est trop tôt. Ce qui compte c’est la femme assise, sage, attentive, un peu raide. Résignée aussi. Ce qui va se dérouler sous ses yeux ne regarde qu’elle. C’est à peine si nous percevons l’estrade, entrevoyons le rideau.
Elle est belle, jeune encore. Sa robe dévoile des bras blancs et potelés, une ligne fine, laisse entrevoir de petits seins pointus, s’enroule aux genoux. Glisse sous les doigts. La femme est distinction, détachement, recul. Elle est une île au milieu des vagues de velours que sont les fauteuils. Il y a ce mur comme en prison, blafard, interminable. La porte à ses côtés est échappatoire. La remarque-t-elle ? Elle baisse les yeux, renonce-telle ? Son nez est volontaire, ses joues sont creusées. Ses talons marquent la moquette au sol. Elle est sur le point de… Elle a trouvé sa place, excentrée, choisi son jour, dimanche 1er janvier.
Elle pense à son couple, solide, un peu terne, à ses enfants éloignés. Qui ne reviendront que pour lui placer un bébé entre les bras. Elle a des pulsions, des passions que son métier ou les voyages ne comblent pas. Elle a une vie devant elle, vers laquelle embarquer. Quitter l’île ! Elle ressent des fourmillements dans les pieds. Gagner l’estrade, succomber à l’appel de sensations extrêmes, de situations fantasques. Crever l’écran 2017. Renaître.
La femme est sur le point de se lever.
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25 décembre 2016
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BLOG EN PAUSE
QUE 2017 VOUS SOIT DOUCE!
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19 décembre 2016
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J’aime assez l’idée d’un livre voyageur qui parcourt le monde par la poste. Et dont les pages sont couvertes d’empreintes, de poussière de tous les pays. Pliées, chiffonnées, par des lecteurs curieux et avides. Dont les mots, entourés, soulignés, ajoutés dans la marge sont la preuve de l’intérêt qu’on manifeste à la lecture. Dont la couverture cornée ou arrachée, la reliure décollée, la quatrième de couverture inexistante, les grains de sable, les tâches de graisse ou de chocolat certifient : « j’ai été manipulé, adoré ou rejeté, trimballé dans un sac, lu dans les transports, dans un lit ou aux toilettes mais j’ai apporté quelque chose».
J’aime assez l’idée d’un voyage par la lecture. Echappatoire, découverte, enrichissement, enseignement, divertissement. Oubli du lieu, du moment, de l’entourage. Perte de la notion de temps ou d’espace, des sensations de fraîcheur, de chaleur, des besoins de boire ou dormir. Lire assis à une table à la bibliothèque, debout entre deux rames du métro, à genoux entouré d’enfants aux yeux écarquillés, à plat ventre sur le canapé, dans la position du lotus ou sur un tapis à clous, peu importe. Pourvu que ça signifie : « J’en apprends autant qu’avec une valise ou un sac à dos en parcourant le monde »
J’aime assez ce cliché car à lui seul, il rassemble deux idées qui me sont chères.
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12 décembre 2016
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Qui t’as déposée là
Au sol humide et froid
Dressée tout contre un arbre
Aussi dur que le marbre
As-tu couru la lande
De Bretagne ou d’Irlande
Sifflé sur la colline
Vibré, cœur grenadine
Es-tu tombée à terre
Lancée par Marc Knopfler
Le nez dans le ruisseau
Faute à Manu Chao
Penses-tu comme Nicolas
Qu’on ne veut pas de toi
Clames-tu ici et là
Je n’brigue pas d’autre mandat
Sur la mule de Pancho
Danses-tu le Flamenco
Promenais-tu Django,
Jazzy, au fil de l’eau
Sous les doigts fins, agiles
D’un jeune ado fébrile
Qui caressait tes cordes
Semais-tu la discorde
Tu étais jeune et belle
Avide de ritournelles
Et tu ronges ton frein
Nul sac à sapin
Masquant ta déchéance
De ce trou la béance
Escamotant le bois
Si lustré autrefois
Sais-tu qu’au cimetière
Repose à même la pierre
Ta p'tite sœur de chagrin
Veillant sur Fred Chichin
Il suffirait de peu
Le geste d’un curieux
Artiste mélomane
T’emportant dans ses mannes
Tombe de Fred Chichin ( Rita Mitsouko), au cimetière Montmartre
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5 décembre 2016
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Décembre en place, c’est Noël qui s’oublie. La fête approche et file entre nos doigts. Se prépare dans l’effervescence. Dans une débauche de lumière, de couleurs. La foule gesticule, se masse, se bouscule. Odeurs de parfums et de sueur, chaleur oppressante des grands magasins. Nourriture étalée, coffrets, boites, papier glacé, bolduc, ficelles. Sapins emmaillotés, jacinthes pailletées, thuyas enneigés. Etoiles en vitrine, marchés, épicerie fine, repas d’entreprise, cadeaux surfant sur la crise, robes scintillantes, bourses parfois défaillantes. Surprendre et faire plaisir. Offrir et recevoir. Un mois de frénésie, de courses et de folies. D’intenses préparatifs, d’assauts démonstratifs.
Pour un soir pareil aux autres, dont la magie est de rassembler ceux qui s’aiment. Au-delà du folklore de décembre.
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28 novembre 2016
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Comme une abeille au bal d’hiver, elle a dansé devant l’estrade. Son insouciance était son arme, la force des purs, des innocents, qui luttent sans cesse contre le vent. A la périphérie de Paris, bien loin du cœur et des poumons, la vie semble arrêtée. Les commerçants s’en sont allés, banques et médecins ont déserté. Le supermarché fait grise mine, Noël oublie de s’installer, avec son cortège de lumières. Alors danser dans la poussière, en écoutant chanter le groupe, se remuer au bal d’hiver, c’est indiquer qu’on est vivant, qu’il est encore temps. De bousculer monsieur le Maire et ses adjoints, tous les élus. Loin des endroits favorisés, loin des grands axes oxygénés, certains quartiers sont asphyxiés. Nous sommes les extrémités de Paris, ses doigts gelés. Réchauffez-les, donnez à d’autres abeilles en devenir, à leurs parents, à leurs aînés les moyens de profiter du temps présent.
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