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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 08:00
PARALLELISME
Dès qu’il entre dans la cuisine, il se laisse tomber à terre comme une masse. C’est l’odeur d’huile d’olive qui l’enivre et la perspective d’une caresse. C’est aussi faire comprendre que sa gamelle est vide. J’avais pensé à un trouble neurologique, on m’a rétorqué votre chat est  tout simplement zen. Il se présente le flanc à l’air, les yeux fermés, abandonnant toute crainte, il attend un gratouillis là, dans le cou. Si rien ne vient, étonné il ouvre des yeux jaunes et dresse les oreilles, l’air de dire, tu attends quoi, un ron ron ? Tu peux te brosser !
Dès qu’ils pénètrent dans le stade, ils se ruent sur le ballon en masse. Ce sont les supporters qui les galvanise et la perspective de marquer un but. C’est aussi faire jouer l’esprit d’équipe. Je trouvais qu’ils s’économisaient parfois, on m’a répliqué qu’ils testaient l’adversaire. Ils ont des passes nulles ou grandioses, se blessent, s’écroulent, attendent les cris de la foule, ses chants, ses hurlements.  Quand on siffle, quand on se bat, quand la fumée aveugle les gradins, quand le spectacle déborde terrain, quand  ce n’est plus du spectacle, ils pourraient se figer, se donner la main et avertir, vous espérez quoi, une ovation ? Rentrez chez vous, on arrête, la fête est finie !
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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 08:00
ET MÊME SI...
… On n’y comprend rien au foot, on ne sait pas ce qu’est un ailier, un arrière, un avant-centre, on ne connaît pas l’importance d’un penalty, d’un coup franc ou d’un hors-jeu, on ignore si cette fois le but va être accordé par l’arbitre, s’il y a eu faute et attribution d’un carton aux couleurs de l’Espagne, on se demande ce qu’on attendait de Pogba, on félicite Giroud et Payet qui, dit-on, se sont montrés remarquables, on se fiche pas mal de parier ou d’échafauder des stratégies quant aux nombres de buts ou aux éventualités de rencontres futures, même si on n’aime pas la foule, les cris, la craie sur les visages, les sifflets, la pub à la mi-temps, les mines hilares ou désespérées des entraineurs, les ralentis, les arrêts de jeu…
… On apprécie de se retrouver entre amis et/ou en famille, de clamer son chauvinisme, de critiquer, vibrer, hurler, retenir son souffle, taper dans ses mains, jurer comme un charretier, assis sur le canapé, avec devant soi, un verre de vin ou une chope de bière, des jus de fruits, une pizza, du saucisson, des chips. On fait le vide, on recharge les batteries, on ne pense à rien et surtout pas que cette thérapie de groupe se facture en contrats juteux et démesurés.
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6 juin 2016 1 06 /06 /juin /2016 08:00
LA CATA
Adapatation libre et plus ou moins contrôlée de" La Mamma", si Aznavour chante à vos oreilles durant la lecture, j'aurais un peu gagné mon pari...
Ils sont venus
Ils sont tous là
Dès qu’ils ont constaté ce fait
Elle est arrivée la cata
Ils sont venus
Ils sont tous là
Même ceux qui détestent Paris
Et ceux de banlieue, ébahis
Les appareils en bandoulière
Pas de chichi pas de manière
Autour du lit noir de la Seine
On flashe, on crie, on s’interpelle
Quand les brigades se démènent
On a répondu à l’appel
De la cata
Fi du danger, quelle inconscience
A-t-on mesuré l’importance
Elle est arrivée la cata
Petit navire gonflant les voiles
Drapeau déployé, fière toile
A ta rescousse on se hâte
Allons Paris viens, fluctuat !
Paris fluctuat !
 Ya tant de passerelles et de statues
De pierres usées, de ponts en métal
Qui t’enjambent et qui te saluent
Et ya le zouave qui se sent mal
A cause de toi, la cata
Et le pays est en émoi
Qui n’a pas vu briller le soleil
Il souffre tant parce que c’est toi
Qui le contrôle, la cata
Les caoutchoucs et le ciré
Sont l’uniforme des cités
Un œil sur la météo
On n’ose faire de pronostic
Par les fenêtres dans le ciel gris
On guette en vain une trouée bleue
Le bourdonnement de la pluie
Nous rend tous bien malheureux
 Mais pas toi la cata
Le Louvre et le musée d’Orsay
Ne peuvent trouver le sommeil
Elle est arrivée la cata
Depuis des siècles, des merveilles
Tant de trésors à préserver
Méfiance, chacun te surveille
Et les guichets restent fermés
Paris fluctuat
Ya tant de passerelles et de statues
De pierres usées, de ponts en métal
Qui t’enjambent et qui te saluent
Et ya le zouave qui se sent mal
Or jamais, jamais, jamais,
Tu ne le noieras…
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30 mai 2016 1 30 /05 /mai /2016 08:00
PEU IMPORTE....
Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. On ne cherche pas à savoir si le jour se lève ou s’il s’achève, tout ce qu’on voit c’est que le soleil est posé dessus et qu’il s’étale. Il semble dépasser le cadre et vouloir étendre ses rayons à l’extérieur. Ou alors il accroche le spectateur et l’entraîne avec lui jusque derrière les arbres et l’aveugle. Attraction, rejet, on ferme les yeux malgré soi. On les ouvre de nouveau, les remplit de turquoise, d’orange et d’or. Le vertige s’installe lentement, on a le sentiment de marcher sur l’eau bercé par les clapotis, le vent fait danser la ligne de flottaison et le temps s’arrête.
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23 mai 2016 1 23 /05 /mai /2016 08:00
BOUTONNEUX
Cette année le mois de mai est un peu coincé. Il ne veut pas s’exprimer et gesticule tel un adolescent dégingandé et boutonneux qui ne sait pas quoi faire de ses jambes. Il est timide et peu bavard, se cache derrière les nuages et le vent parfois glacé. Pour le muguet, pour ses clochettes il s’est fait beau durant une semaine. On a pu croire qu’il osait et s’affranchissait, atteignait l’âge des responsabilités et se coulait dans le printemps comme on s’éloigne de ses parents pour décider de sa vie. Mais, sans surprise, il a respecté le gris des nuages et les saints de glace, il n’est ni rebelle, ni précoce. Il prend son temps, grandit en famille, celle des jours qui s'étirent. Et puis voilà qu’il se réchauffe, capte le soleil et sa lumière, alterne orages et éclaircies. Avant que juin ne se profile, il deviendra adulte.

 

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15 mai 2016 7 15 /05 /mai /2016 09:48
Cracovie, Pologne, Le Rynek, Place du marché

Cracovie, Pologne, Le Rynek, Place du marché

BLOG EN PAUSE, A BIENTÔT​

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9 mai 2016 1 09 /05 /mai /2016 08:00
statue de Jan Matejko (1838-1893), Planty park, Cracovie, Pologne

statue de Jan Matejko (1838-1893), Planty park, Cracovie, Pologne

M’asseoir dans un coin du cadre et comme le peintre, observer les couleurs du printemps qui s’installe. Rester assise le jour entier, patiente, attentive, déterminer l’ensoleillement propice à la création d’une œuvre.
Je scrute le ciel et l’horizon, respire sous les frondaisons et j’ai pour tapis le gazon. Le  vent  court dans mes cheveux,  les oiseaux  me picorent le crâne. Le temps a suspendu son vol, je flotte. C’est le moment que je préfère, apesanteur artificielle, quand le monde semble tout petit, s’agite sous mes pieds afin que je le réinvente.
Si l’artiste couvre la toile de ses pinceaux, moi je me sens en verve. Les mots se pressent sous mes doigts, légers comme les robes des filles, sensuels ainsi que leurs bras nus. Des phrases entament une valse, des lettres distillent leur parfum, des sons s’élancent dans les arbres et font le tour de la ville. Si mon regard a ses limites, rien ne freine mon imagination.

 

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2 mai 2016 1 02 /05 /mai /2016 17:27
DEFI 165 : SI JE DEVAIS CHOISIR

Durgalola a choisi pour le 165ème défi des croqueurs de mots: Dites à quelqu'un que vous aimez... Quelque chose... Contrainte supplémentaire, citer le nom d'un fleur.

Si je devais choisir un endroit, un mets, un livre, un film, une pièce de théâtre,  une activité, s'ii m'était possible de sélectionner, déclarer une fois pour toutes,  trancher sans aucun doute, sans trémolo dans la voix, hésitation, grimace, ou hochement de tête, haussement des sourcils, sans me gratter le crâne ou me curer l'oreille, trépigner, me ronger les ongles, scruter le ciel dans l'attente d'un signe, même invisible, comme le sourire d'un nuage ou ses pleurs sur mes joues, si te convaincre me paraissait évident, enfantin, t'amener à aimer ce que j'aime parce que je l'aime n'était que formalité, je ne douterais ni de mes goûts ni de ton amour.

 

Mais je me connais, je suis d'humeur changeante et capable de renier ce que j'ai adoré et j'ai une confiance limitée en l'amour, en son intensité,  je sais que parfois il ne dure que ce  que durent les ROSES. Mais j'apprécies, et toi aussi, j'en suis à peu près certaine, les moments partagés, le quotidien banal, comme ce soir-là, toi et moi ensemble, quelques macarons, un verre d'alcool de fruits, un  orchestre de jazz...

 

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25 avril 2016 1 25 /04 /avril /2016 08:00
QUAND ON LA VOIT
Depuis la rue quand on la voit, on se la représente dans ses années folles. Quand sa toiture griffait le ciel au lieu de lui creuser une place dans la charpente. Quand ses murs enduits de torchis, peints et enfarinés lui faisaient la peau douce, le teint diaphane et l’air avenant. Quand des fleurs se hissaient à hauteur de fenêtres, répandaient les odeurs du printemps dans chaque pièce. Quand un jardin verdoyant et ombragé la parait de mystère. Quand sa beauté et son éclat attiraient les admirateurs.
Depuis la rue quand on la voit, on se demande ce qui la hante. Les vieux fantômes d’autrefois sont dans une forme insolente. Et par la porte entrebâillée, par les fenêtres démontées, le soupirail et le grenier, ils se faufilent, surfent et chantonnent. Ont des histoires à raconter, secrets de famille bien gardés et par les mulots colportés. Ils murmurent dans les branchages, chahutant  bourgeons et feuillages. Et puis s’échappent tout là-haut, nuage blanc effiloché porteur de rêves en fumée.

 

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18 avril 2016 1 18 /04 /avril /2016 08:00
DEFI 164: SALLE d'ATTENTE
Afin de répondre à la proposition 164 de Dômi pour les Croqueurs de mots : ouvrir cinq livres à la page cinq, utiliser la cinquième phrase de chacun et l’inclure dans texte de notre invention, voici mon choix de livres :
Délivrances, Toni Morrison, Christian Bourgeois éditeur : Vraiment pas
Effroyables jardins, Michel Quint, Folio : A chaque fois il posait sur ses genoux une mallette dont il caressait le cuir tout éraflé
Moderato Cantabile, Marguerite Duras, Les éditeurs de Minuit : La dame ne crut pas bon de relever tant d’orgueil
Plats minceur pour soirs de semaine, Solar : Cannellonis frais à la mousse de tomates basilic
Rien ne s’oppose à la nuit, Delphine de Vigan, Le livre de Poche : J’ai pensé que je ne devais rien oublier de son humour à froid, fantasmatique, et de sa singulière aptitude à la fantaisie.
Pour le récit, c’est parti…
A chaque fois il posait sur ses genoux une mallette dont il caressait le cuir tout éraflé. C’était un drôle de bonhomme. Le mardi après-midi, on pouvait l’apercevoir dans la salle d’attente. Il n’avait pas rendez-vous, tout le monde passait devant lui et lorsque le médecin appelait les patients, il avait un hochement de tête. Il saluait l’homme en blouse blanche qui l’observait, intrigué. Le temps défilait et lui dépliait un dépliant : « Comment gérer votre diabète », « Le cholestérol, ce mal sournois ». Il affichait une jolie brioche et un double menton qui pouvaient expliquer son intérêt pour ces lectures et justifier un motif de consultation. Mais il parcourait aussi les « Déclarer votre grossesse », « Je prends la pilule pour la première fois ». Il dévorait avec gourmandise Paris Match et Voici posés à plat sur une table basse. Un filet de salive faisait luire ses lèvres, comme lorsqu’il se  goinfrait de Cannellonis frais à la mousse de tomate basilic. Vers dix-huit heures trente, juste après que l’avant dernier patient s’était levé à l’appel de son nom, il se déployait, se dirigeait vers l’entrée puis disparaissait dans les escaliers comme dans un trou de rocher. Et imaginait la surprise du médecin qui s’attendait à le trouver dans la salle et ne comprenait pas son manège. Vraiment pas.
Un soir il toisa une dame dont l’enfant courait dans la salle en hurlant « Je vais vous tuer, bandes de cochons ! » et brandissait un sabre en plastique. Il dévisagea le morveux, ses yeux jetèrent du fiel, sa bouche se tordit de mépris, il jeta : « A ton âge, j’étais moins stupide ! ». La dame ne crut pas bon de relever tant d’orgueil et déclara mollement : « Allons Boubou, tais-toi un peu, tu me casses les oreilles ». Mais en passant devant lui quand vint son tour, elle siffla : « Il y a de vieux hiboux qui ne devraient jamais sortir de leur grotte ! »
Le silence se fit au départ de Boubou et de sa mère. Il ne restait que lui,  unique patient dans la salle. Il ne se décidait pas à partir car la pluie clapotait à la fenêtre. Le vent transformait les parapluies en soucoupes et les voitures crachaient sur les passants. Il ne se décidait pas à partir car on l’avait traité de…, ça le paralysait. Alors à un moment le docteur parut : « Monsieur, c’est votre tour ! ». Il avait l’air satisfait, rassuré.
Les yeux orange et ronds de l’homme fixaient le chambranle de la porte, il fronça les sourcils qui semblaient s’étirer jusqu’à ses oreilles, ébranla son grand corps massif. Il frotta son nez épais, crochu, attrapa sa sacoche qui s’ouvrit brutalement sur un grand châle en plumes jaunes et noires. Il s’en couvrit les épaules. Emit un borborygme de vieillard grincheux et en colère puis agrippa la blouse du carabin de ses doigts crochus : « Hou, il faut que vous me sortiez de là docteur, ça fait trop longtemps que ça me torture. Trop longtemps que j'hésite à vous parler. Ne réservez pas votre diagnostic. A votre avis,  suis-je un Aigle ou un Grand-duc ? »
J’ai pensé que je ne devais rien oublier de son humour à froid, fantasmatique, et de sa singulière aptitude à la fantaisie.

 

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