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4 avril 2022 1 04 /04 /avril /2022 08:00
Au travail!
Malgré la neige des derniers jours, il arrive. Il a sa méthode, du bon, du doux, et puis il coupe le bien-être, la légèreté, la tiédeur. Il refourgue du froid, de la glace, fait claquer les dents. Il ne faut pas s'habituer trop vite, trop tôt. La saison s'installe lentement, qu'on apprécie, qu'on déguste. C'est un bon vin le printemps, il a une robe, une couleur, un parfum. Il enveloppe, embrase, fait perdre la tête.
Et puis, en douce, il s'active. Il ronronne, caquette, siffle, piaille. J'aime son dynamisme, sa pêche. Quand l'été languit, quand l'automne et que l'hiver sommeille, lui bondit comme un bélier. Il pousse chacun  à agir, pour lui-même, pour les autres, pour la nature. Là sous le cerisier, je l'entends qui bourdonne.
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28 mars 2022 1 28 /03 /mars /2022 08:00
Saïdou Dicko, Here is the road to Happiness, 2020, photographie peinte.

Saïdou Dicko, Here is the road to Happiness, 2020, photographie peinte.

Si on pouvait nous la montrer comme  ça en soufflant sur son doigt, s'il suffisait de croire qu'au bout d'un chemin hasardeux, mystérieux mais pas si compliqué, elle se trouvait à notre portée. 
Bien sûr elle serait poussiéreuse, en plein soleil, en pleine nature. On marcherait dessus  les doigts de pied en éventail. On porterait des vêtements clairs, légers, en coton. On s'affranchirait des codes, des marques, des critères sociaux. On serait des enfants innocents, on aurait nos bras nos jambes et la marche pour  avancer. 
On aurait confiance et l'espoir nous porterait. On aurait la foi, la vie, le désir de braver les obstacles.
En regardant ce tableau on suppose le vent sous la jupe. Qui pousse, comme les ailes dans le dos des anges. On se dit que c'est en chacun de nous et en chaque peuple, ce bonheur, ce droit d'exister.
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21 mars 2022 1 21 /03 /mars /2022 08:00
Y’A PEUT-ÊTRE UN AILLEURS
D'accord, j'ai trouvé tout ça sur le trottoir, posé pour qu'on débarrasse, qu'on jette, que ça disparaisse de la vue de quelqu'un. Alors pourquoi cette vitrine, ce bazar? C'est presque voulu, l'affiche d'un spectacle de Bernard Laviliers, un décor de rêve, un voilier, des palmiers. C'est une invitation au départ, au voyage, à l'exil. À l'oubli. 
Mais l'asphalte, les cartons, les sacs poubelle. C'est aujourd'hui, un quartier ordinaire, ce sont des vies ordinaires. On expose, on entasse, on jette. On ne se rend même pas compte de la symbolique, de la dérision. 
Ailleurs, c'est quelquefois ici, chez soi. Il suffit d'ouvrir les yeux.
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14 mars 2022 1 14 /03 /mars /2022 08:00
Bilal Hamdad, Portrait de Sarah, 2017.

Bilal Hamdad, Portrait de Sarah, 2017.

... Parce qu'il symbolise le commencement de la journée. Le bol de café, de lait ou de thé qu'on avale avec plaisir, en prenant son temps ou à la va-vite avant d'enfiler les heures. C'est une bulle à soi, un moment que l'on préserve, où l'on s'emplit les narines des odeurs du matin. Il y a de la volupté, de l'émotion, des souvenirs, l'enfance, les vacances.

Et il y a Sarah. Une jeune femme envoûtante, aux cils épais couvrant un regard de braise, évidemment. Des cheveux lourds, des traits délicats à l'ovale mystérieux. Ce pourrait être l'héroïne d'un film, le personnage d'une affiche publicitaire, ou ma voisine de palier. Elle est unique, elle est célèbre, elle me ressemble.

A chacun ses instants, ses bonheurs qui donnent du sens à l'existence. Je pense à ceux qui déjeunent aujourd'hui sous les bombes et ne savent plus quel goût a la vie.

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7 mars 2022 1 07 /03 /mars /2022 08:00
PRINTEMPS
Heureusement il arrive. Malgré la pandémie et la menace de guerre. Il nous rappelle le caractère inexorable du temps. On grandit, vieillit, se crée un avenir, un futur. On échafaude des projets, on rêve, on travaille, on gaspille les heures. On tombe malade, on rit, on pleure. Et lui, il arrive. Il se pose là, avec le soleil, la lumière, le ciel bleu. Il se fiche de nous. Pour lui, ce sont les bourgeons, leurs boutons vert pomme qui craquent sous les pétales, les pépiements d'oiseaux, l'or des jonquilles, toutes les teintes des primevères qui importent. 
Il n'y a que le renouveau, la sève, la vie, quel qu'en soit le prix qui comptent. On aura beau essayer de tout gâcher comme savent le faire les humains, avec détermination, cruauté, on aura beau saccager, détruire, tuer, il revient toujours. Plus fort, plus grand, nettement plus doué que nous. Et lui est éternel. 
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28 février 2022 1 28 /02 /février /2022 08:00
KATIA
Je l'appellerai ainsi pour la préserver. Elle a 33 ans, c'est une jolie blonde aux yeux bleus. Mariée, elle a deux enfants de 12 et 7 ans, et la volonté de reprendre des études. Chez nous, elle est apprentie préparatrice en pharmacie. A l'école, ses camarades de classe ont entre 18 et 20 ans. Insouciantes et uniquement axées sur les cours à retenir, les examens, elles ont des vies faciles.
Je ne dis pas que pour Katia c'est compliqué. Son mari, ses enfants ont compris, maman repart à l'école, elle aura ce diplôme. C'est important, elle bosse, elle est vive, elle comprend tout. Elle en veut. Heureusement car il y a la barrière de la langue, Katia n'est pas française. Son mémoire, quelqu'un l'aide à le rédiger. Mais le travail lui paraît familier, dans son pays elle était infirmière donc le domaine de la santé, c'est son rayon.
Elle ne sera dorénavant plus très concentrée et passera beaucoup de temps au téléphone, s'absentera, pleurera. Et nous accepterons, nous comprendrons. Car Katia est ukrainienne. Son pays, ses parents lui manquent.  Elle saigne avec eux.
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21 février 2022 1 21 /02 /février /2022 08:00
ANTICIPATION
Dans un mois il arrive. Avec ses couleurs, ses odeurs, sa tiédeur. J'ai décidé de plonger dedans, à pieds joints, par anticipation. C'est la fête et ça danse dans ma tête, cotillons, rubans, confettis. Puisque le ciel ne s'y prête pas vraiment, le vent souffle, le monde flotte encore dans un brouillard jaunâtre, je crée mon printemps. Il chantonne, il carillonne. 
Il suffit d'observer des bourgeons précoces, de s'asseoir sur un banc en milieu de journée,  d'ôter son bonnet pour se mesurer aux rayons d'un soleil doux. Fleurir l'appartement de mimosa,  fermer les yeux, les rouvrir sur des tableaux de Monet , ses nymphéas,  de Van Gogh, ses amandiers en fleurs, respirer l'odeur du lilas, du muguet. Et là doucement ça opère, ça fonctionne, on y est.
C'est psychédélique!
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14 février 2022 1 14 /02 /février /2022 08:00
Symphony in Grey and Green: The Ocean, 1866

Symphony in Grey and Green: The Ocean, 1866

L'exposition Whistler au Musée D'Orsay n'est, paraît-il, pas une exposition mais une présentation. Je ne saisis pas le degré mais certains pourraient être déçus. Elle occupe un espace modeste, l'éclairage diffus maintient les oeuvres dans l'ombre et les textes semblent minuscules.  Pourtant on s'y presse, on s'y masse, on reste planté devant des tableaux qui explorent les couleurs, les nuances, avec un minimalisme raffiné. Ici, on ne perçoit rien de Valparaiso bombardée. Des navires, une jetée, des vagues, une branche de bambou dont on imagine le ploiement au gré du vent. Ce sont les marées,  le grand air, l'océan immense et l'horizon qui hypnotisent et ces nuances de gris, de vert qui entrainent vers ailleurs. Comme un vertige, dans un brouillard. 
Être transporté, dans le tableau ou simplement hors du musée, dans une autre dimension, quel bonheur! Alors bien sûr, il m'a fallu présenter un pass vaccinal. J'ai oublié, je n'y pense plus, je ne suis plus là. 
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7 février 2022 1 07 /02 /février /2022 08:00
À LA VÔTRE !
Toutes précautions prises, tests effectués, masques tombés, et la réunion de famille peut commencer. Le plus d'ingrédients possibles: dehors et baignant le bout de jardin, un soleil franc, à l'intérieur, des rires, des blagues, de la bonne humeur. On évite des sujets de conversation qui fâchent, on survole la prochaine élection présidentielle, on évoque les vacances. À table on met de la couleur, du fondant, du croustillant, on étale des pâtes sur des tartines. On croque dans des rondelles, des glaçons. On avale du gras, du sel, du sucre sans culpabiliser. On enfourne, on engouffre. 
La santé dans tout ça? Voilà on y revient. On aurait aimé contourner le sujet et les dérives tout autour. Difficile. La santé est notre bien le plus précieux, à préserver un maximum. Or se lâcher enfin à présent n'est pas nuisible, c'est une question de soupape, un avant-goût de liberté. Comme le frémissement du printemps, un souffle de renouveau, comme envisager le retour des jours d'avant.
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31 janvier 2022 1 31 /01 /janvier /2022 08:00
Henri Gervex, Une soirée au Pré-Catelan, 1909. (Exposition Marcel Proust)

Henri Gervex, Une soirée au Pré-Catelan, 1909. (Exposition Marcel Proust)

L'exposition Marcel Proust au Musée Carnavalet était pour moi un prétexte. J'ai du mal avec Proust, ses phrases longues, alambiquées, son style précieux, d'un autre siècle. Cependant, j'ai trouvé là ce que je cherchais exactement. Le souffle du Paris des grands bourgeois et des aristocrates entre 1852 et 1922. Un monde codé, structuré, hiérarchisé, de l'entre-soi dans une ville qui bouge, évolue, s'aère et entre dans l'ère industrielle. C'est à la fois lumineux, féerique, éblouissant et décadent. 
Le temps qui passe bouleverse tout ce qu'on croit acquis, immuable, stable. Aujourd'hui avec #metoo, #blacklivematter, les revendications écologiques, religieuses, culturelles, la pandémie associée au Covid 19, d'autres bouleversements s'amorcent. 
Alors je fais l'impasse sur le côté pompeux et la longueur. Et je lis, relis le texte qui clôt l'exposition. Qui résonne, qui tonne.
"Ainsi change la figure des choses de ce monde; ainsi le centre des empires et le cadastre des fortunes, et la charte des situations, tout ce qui semblait définitif est-il perpétuellement remanié et les yeux d'un homme qui a vécu peuvent-ils contempler le changement le plus complet là où justement il lui paraissait le plus impossible." (Le Temps retrouvé)
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