Defi 131 lancé par Quai des rimes pour les Croqueurs de mots, thème: la chance
Ce fut spontané, enthousiaste et bon enfant
Coloré, bruyant, et parfois assourdissant
Trajet symbolique, des Invalides au Sénat
Parcours touristique, ils n’étaient pas là pour ça
Il y eut des éclats de rires et des poings levés,
Et des ola bien gérées comme à la télé
Des CRS amusés sur des rangs serrés
Inutiles et alignés tels des comprimés
Ils avaient customisé leurs blouses, leurs motos
Et pensé à distribuer des tracts aux autos
Porté croix et banderoles pour cette journée folle
Professionnels de santé conscients de leur rôle
Ils avaient bien escompté en croisant les doigts
Qu’un soleil chaud, bienfaisant, pointerait son minois
Or la chance leur offrit bien plus qu'une obole
Son haleine caressant le dos, les épaules
Elle ramait, suait, avait les bras, le bas du pantalon et les jambes trempés, ne sentait plus ses fesses sur le bois du canot. L’air était doux maintenant, elle frissonnait en embarquant mais elle venait d’ôter son pardessus afin d’offrir ses épaules à la morsure du soleil. Elle était ravie par le spectacle qu’offrait l’eau plissée du lac, aux reflets tantôt bleus, tantôt gris, couverte de brumes de chaleur par endroits et qu’un soleil matinal parait de lucioles tout en projetant un écran d’or et de poussière sur les pins le long des rives. Au loin les cimes des conifères s’ennuageaient. C’était la fin de l’été, elle profitait des derniers jours de vacances et se vidait l’esprit avant d’affronter l’avenir. Parce qu’il serait gris, opaque et non floconneux comme le ciel ce matin-là, parce qu’il rimerait avec fureur et bruit. Et au milieu du lac, la nature silencieuse ménageait un cocon protecteur au sein duquel elle puisait des forces.
Pour répondre au défi 129 lancé par Enriqueta pour les Croqueurs de mots: citer un poème appris dans l'enfance ou dans l'adolescence et que l'on peut réciter par coeur aujourd'hui encore.
ROSEMONDE
Longtemps au pied du perron de
La maison où entra la dame
Que j'avais suivie pendant deux
Bonnes heures à Amsterdam
Mes doigts jetèrent des baisers
Mais le canal était désert
Le quai aussi et nul ne vit
Comment mes baisers retrouvèrent
Celle à qui j'ai donné ma vie
Un jour pendant plus de deux heures
Je la surnommai Rosemonde
Voulant pouvoir me rappeler
Sa bouche fleurie en Hollande
Puis lentement je m'en allai
Pour quêter la Rose du Monde
Guillaume Apollinaire, Alcools
J'ai choisi ce poème car ce fut mon sujet du baccalauréa en 1976, j'avais obtenu la note de 14 alors que j'avais plafonné toute l'année à 7. La perception de l'amour avec la légèreté des premiers émois, pas de blessure, pas de conséquence, m'avait réellement inspirée. Un état de grâce là aussi!