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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 14:11

Défi 110 chez les croqueurs de mots pour ce jeudi en poésie : éclabousser.

 

 

saule-vert.jpg 

 

Il s’est imposé sur la toile

Comme une muse qui vous obsède

Le tronc offert dessous des voiles

Manipulés par  un vent tiède

 

Ses bras ont envahi l’espace

Comme d’innombrables tentacules

Qui, ondulant, pleines de grâce

Charment, de l’aube au crépuscule

 

Il semble frêle, il est orgueil

Et se tient droit malgré la charge

Il ploie sous  un manteau de feuilles

 Aux pans voluptueux  et  larges

 

Ensorcelé par ses manières

Monet l’a pris dans ses pinceaux

Eclaboussant de sa lumière

Giverny, son jardin, ses eaux

 

Saule-v.jpg

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4 novembre 2013 1 04 /11 /novembre /2013 08:00

 

 faucheuse.jpg

 

 

Le défi 110 est proposé par Cétotomatix chez les croqueurs de mots

J’enfilai mes bottes machinalement et me retrouvai sur le palier, avec les clés de la maison dans la main. Elle m’attendait dans sa voiture avec chauffeur, je détaillai sa longue silhouette brune, sa main gantée. Elle avait sur le  front un épais  bandeau de cheveux. Abaissant la vitre, elle  cria « montez ! », sèchement. J’obéis, conquis par ses beaux yeux en amande. Je ne savais pas résister à ce ton sévère, je n’étais pas intuitif.

Nous traversâmes la ville comme on entre dans un couloir éclairé par des lucioles, nous parcourûmes des bois, des champs dans le brouillard. C’était comme franchir des miroirs, plonger dans des lacs, se noyer. C’était bondir sans se retourner, vers une destination qui m’était inconnue. Assis à l’arrière, je ne distinguais pas le trajet indiqué par le GPS, et quelqu’un déclamait  sans arrêt des poèmes à la radio. J’étudiai le profil de ma voisine, son nez mutin, sa  haute queue de cheval, ses jambes fuselées. Elle vapotait, la buée sentait le chocolat.  Et autre chose encore, bien autre chose…

Je me réveillai contre une dune au bord de la mer. Le cri des mouettes, le bruit des vagues... Et le sable dans mes yeux. J’étais seul et sale, j’avais faim. J’avais été drogué, ma tête pesait des tonnes. J’atteignis la route, la voiture attendait. Une porte s’ouvrit à l’arrière et… J’hésitais avant de grimper, je regardais la fille. Je crus voir ses lèvres briller ; sa gorge frémir. Je me frottais les yeux, ma vue se troublait.

Je me réveillai dans une salle, à l’hôpital, on s’acharnait sur moi. « Je le perds, il revient », ces mots  me tournaient autour, j’étais relié à des liquides et à des machines par des fils. Mon lit roula jusqu’à une chambre où mes bottes attendaient sous un fauteuil. Un infirmier crut bon de plaisanter : « La faucheuse n’a pas voulu de vous, vous revenez de loin, avec ces bottes, vous l’avez semée ! »

 

 

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1 novembre 2013 5 01 /11 /novembre /2013 10:00

 

20-janvier-2013-5032.jpg

 

Elle jette dans le fleuve ce  feu qui la nourrit

Incendiaire, pétillante, elle vit son heure de gloire

Se mire comme Narcisse jusqu’au bout de la nuit

Et cherche son reflet, se tordant,  doux espoir

 

Elle manie les contrastes, s’enveloppe d’orange

Tremblote sous le vent et se couvre d’écarlate

Se pare de filets d’or que l’eau, sous elle, arrange

Quand derrière les nuages, au loin  l’orage éclate

 

Elle brode sous mes yeux, croise des fils de coton

De petits point serrés sur une trame liquide

Des carreaux de lumière filant  à l’horizon

Pour combler tout ce bleu, tout cet espace vide

 

Elle longe les berges, ondule à s’étourdir

Charrie sur son passage de sombres  rubans de soie  

Postée sur l’autre rive, je ne veux plus partir

On dirait que  l’automne se tortille pour moi

 

 

 

 

 

 

 

 

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 08:00

 

Photo-0005-copie-2.jpg

 

C’est en regardant, sur Arte, un film norvégien dont j’ai oublié le nom, que j’ai entendu cette phrase attribuée à Proust : « tenter de comprendre le désir en regardant une femme nue, c’est comme essayer de comprendre le temps en démontant une montre ».

Or depuis hier soir, nous avons démonté le temps ou plutôt nous l’avons délayé. Et je n’ai pas compris grand-chose. Ce matin je me suis levée plus tard que d’habitude. J’aurai dû me réveiller tôt, car je vais à la piscine le dimanche. Et tôt aurait été encore plus tôt, puisque nous avons gagné une heure. Au lieu de me réveiller à sept heures, qui étaient devenues six, j’étais debout à neuf heures. Je croyais profiter d’une journée à rallonge, et j’étais à la bourre. La piscine était pleine à craquer, ce sont les vacances pourtant. Les cours d’aqua biking attirant une population féminine déchainée, tout le monde profitait de la sono à fond. C’est pourquoi, j’arrive très tôt normalement. Il y avait foule aux douches, aux cabines, on se bousculait dans l’eau. Et je suis sortie de là plus énervée que j’y étais entrée. Il était déjà midi, heureusement, mon mari assure question cuisine.

Et puis, l’après-midi s’est étiré comme un gros chat. La journée m’a semblée longue, même si la nuit s’est invitée rapidement coupant ma promenade. Et j’ai eu faim avant l’heure,  me suis prélassée devant l’ordinateur, ai regardé un film à la télé. Ai regardé ma montre, en soupirant. Tenter de comprendre le temps ? J’ai repensé à Proust, au désir. Et je me suis dit en ricanant que peu d’hommes se posent la question. Le désir est là, c’est tout. Le temps n’existe pas.

 

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24 octobre 2013 4 24 /10 /octobre /2013 13:37

 

Photo-0023.jpg

 

Elle paraissait perdue dans le ciel de novembre

Comme oubliée du temps, accablée par l’usure

Un vent sec et glacial s’infiltrait dans les chambres

Où les tapisseries prenaient la moisissure

 

Sa façade érodée laissait à voir la pierre

Telle une vieille dame fardée d’un geste malhabile

La chair rose et craquelée et pourtant l’allure fière

D’une coquette poudrée qui se rendrait en ville  

 

Et devant son balcon tout recouvert de rouille

Un amoureux transi aux airs de troubadour

 Balançait son feuillage, comme un peintre barbouille

Une jolie manière de lui faire la cour

 

Les volets grands ouverts qu’on voyait à l’étage

Dénonçant au regard des fenêtres hautes et claires,

Semblaient des bras offerts ; quel beau marivaudage 

Lorsque l’amour surgit et qu’on ne l’attend guère !

 

 

 

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 08:00

 

 

phare.jpg

 

Pour répondre au défi 109 lancé par Fanfan, depuis son blog.

Je savais, en arrivant, que personne ne m’accueillerait. Il n’y a plus de gardien dans les phares, il n’y a plus d’âme. Il m’avait invitée pour me tester, me déstabiliser, jouer avec moi. Et j’avais envie de jouer, je crois. Au pied de cette tour carrée et massive, j’étais toute menue, perdue. J’aimais cette fragilité, qui était celle des gardiens d’autrefois. Je me complaisais dans la solitude de l’être soumis aux caprices des éléments. Je me doutais bien qu’il ne serait pas là.

Avec son caban et son bonnet de travers, il avait de l’allure. Il se disait gardien de phare, le dernier gardien corse, ce qui me faisait sourire, avant automatisation du lieu. Si je voulais dîner en écoutant se fracasser l’écume, si les embruns et le bleu de la mer immense, autour de soi, me tentaient… Si la nuit mouvante et glacée m’attiraient… Si l’odeur d’iode et les baisers de lumière m’excitaient…

J’avais grimpé ces escaliers métalliques  lentement, je dirais plutôt d’un pas tranquille comme si c’était habituel.  Harassant, monotone, habituel. Toutes ses paroles, ses bobards me revenaient en tête. Des regards très appuyés, les yeux mouillés, des larmes versées. Les babioles offertes, le cœur sur la main, les messages enflammés sur mon téléphone.  Je n’avais pas cru à notre histoire, il y avait une anomalie, quelque chose, je me trompais. J’étais là, cœur battant, avide mais résignée. Amoureuse, humiliée. Et joueuse. Dans cette bâtisse immense et blanche, dominant l’océan, fouettée par  le vent, je me savais invincible. Au sommet, dans la tour de verre, je l’aperçus derrière l’enchevêtrement des loupes. Une ombre clignotant dans la nuit. J’écarquillais les yeux. Il me fixait d'un air narquois :

-          C’est ma dernière nuit dit-il,  j’ai envie de la vivre comme une illusion. Et tu ne crois en rien, pas même en moi. Tu es parfaite pour entrer dans mon film… A moins que…

 

 

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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 08:00

 

20-janvier-2013-4447.JPG

 

Prendre la route dès le réveil

 

Sans attendre le plein soleil

 

Longer les champs de tournesols

 

Qui, tête dressée,  me cajolent

 

D’un baiser sec et craquelé

 

Offert sur la voie de l’été

 

Entrer dans l’ombre des sous-bois

 

Telle une musaraigne aux abois

 

Regarder danser les grillons

 

Dans la poussière en tourbillons

 

Une odeur de terre chaude et âcre

 

De la journée signe le sacre

 

Je forme  de  la main une coupelle

 

Et cueille des mûres, des mirabelles

 

Me voici au bord de l’Ariège

 

D’où j’ai l’immense privilège

 

D’apprivoiser la  lueur ambrée

 

Qui couvre le tronc des figuiers

 

Un feu crépite sur l’autre berge

 

Dans les trouées, des flammes émergent.

 

Et la fumée enveloppante

 

Berce mon cœur, sécurisante

 

 

 

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14 octobre 2013 1 14 /10 /octobre /2013 10:00

 

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Quand l’automne s’impose doucement, on dirait que la saison recouvre nos épaules comme si nous étions des petites choses fragiles à protéger. De petites choses dormantes résignées à subir l’hiver comme une injustice. Et l’automne a horreur des petites choses molles et sans caractère qui se laissent décimer par le froid. L’automne a convenu d’un vaccin remboursé par Dame Nature. Il a fallu choisir le sérum approprié, le virus inactivé, la température adéquate. Il a semblé urgent de définir un dosage efficace chez l’enfant, chez l’adulte et chez les séniors. Il est devenu crucial d’assurer la publicité de l’événement, de vacciner à grande échelle.  De lever les doutes, les questionnements, d’assurer la transition avec douceur, de préparer nos organismes aux frimas à venir. L’automne a misé sur la couleur de la bonne mine et de la vitamine C, sur le craquant des tapis qui jonchent le trottoir. L’automne sait que nous résisterons, et porterons décembre comme un drapeau jusqu’au printemps prochain. L’automne est un ami en or !

 

20-janvier-2013 3913

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8 octobre 2013 2 08 /10 /octobre /2013 10:00

 

Voici un poème extrait du recueil de Suzâme "Ecrits sur ma paume", que j'ai reçu dernièrement. Il me touche particulièrement car ce sont, aussi étrange que cela paraisse, un peu nos regards que nous échangeons sur le net.

Merci à toi Suzâme.

 

20-janvier-2013 4996

 

 

QUETE DE l'AUTRE

 

Entre mille regards

Un seul

Entre mille mains

Une seule

Et pourtant étrangère

Il suffit d'une foule

D'un instant

Pour atteindre l'autre

Gravir monts et âmes

Graver l'atttente

Entre silence et espérance.

 

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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 08:00

 

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Défi 108 chez les Croqueurs de mots posté cette semaine par M'amzelle Jeanne: Fenêtres.

Au village on voit passer tout le monde. La rue principale c’est un peu les Champs Elysées, il y a les noces bruyantes, des voiles, de la dentelle et des fleurs, des claquements sur les pavés, des chants grivois et des disputes. Il y a les soirs de bal, des filles gloussent, des garçons éméchés leur courent après. Et de gros dégoûtants échangent leur salive juste devant nos rideaux. Il y a des chats sans gêne qui farfouillent dans nos pots de fleurs. C’est la raison pour laquelle on ne nous garnit même plus. Il y a les défilés, Noël, Pâques, 14 juillet et quinze août, le départ des anciens vers la maison de Dieu.

Au village, nous sommes basses et exhibitionnistes, on peut tout voir derrière nous. Nous sommes de gros yeux ouverts sur la rue et dans lesquels on peut lire la vie des gens. On peut nous enjamber et entrer comme ça, c’est comme une invitation, un petit racolage. D’ailleurs, je viens de repeindre mes persiennes, c’est mon petit botox à moi. Il fallait que je me distingue, avec les copines, alignées comme ça nous avons l’air de filles qui attendent le client.

Au village, nous soutenons les pierres qui sentent le lierre et les siècles moussus. Et nous laissons passer le vent qui aère le temps. Comment dire, c’est comme si les âmes passées s’étaient tricotées une écharpe pour mieux voyager à travers les maisons en passant par nous. Et quand ils se promènent près de nous, les vivants d’aujourd’hui soufflent une haleine chaude en passant  comme pour nous embrasser.

Au village, je l’ai toujours dit, nous sommes les gardiennes, les piliers. A la fois canailles et respectables, nous entretenons le feu, nous transmettons la vie.

 

 

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