A l'heure où les mots "bombasse" et "kéké" entrent dans le dictionnaire, je trouve intéressant de vous faire découvrir l'un des poèmes de Malika, dans le cadre du jeudi en poésie proposé par Fanfan.
Malika Kadri est comédienne et poétesse. Elle a joué dans " Une vieille maîtresse" aux côtés de Asia Argento et "La journée de la jupe" aux côtés de Isabelle Adjani. Je lui avais consacré un article, il y a quelque temps, en modifiant son prénom. C'est aussi l'une de mes clientes à la pharmacie.
Aziza parle de sa langue : le rebeu
La genèse est à chercher
Dans les caves et les cages d’escalier
Cage d’escalier
Antichambre par les deux mondes imposée
Loge du comédien pour souffler
Mais aussi académie où le dictionnaire s’est matérialisé
Comme une génération spontanée
Torturés, inversés, lavés , inventés et cassés
Les mots dans les caves se sont réfugiés
Une sonorité est née
Musique déjà récupérée
J’y étais
Des mots de guetteur
Annonçant les arrivées et les départs
Sont les premiers imprimés
Petit à petit
L’appartenance à une bande s’est affirmée
Les mots « situation »
ont fait leur apparition
Les mots « émotion »
ont fait leur propre description
le rebeu est né de la rencontre des cités
et de la marche sur Paris
il sera remplacé par un nouveau français
fait de poésie
Aragon et Saadi
Sur Elsa Triolet penchés
Saint Augustin et Ghazali
Sur le chemin de la vérité engagés
Michelet saluant Ibn Kaldoun
L’Histoire à notre portée
Mohand O Mohand et Rimbaud
S’échangeant des rimes
Par dunes interposées
Le chemin des égarés et les mille et une nuits
Sont nos livres de chevet
Che Guevara et Mandela
Sont nos héros d’aujourd’hui
Mais c’est dans les cages d’escalier
Sous des marches dégradées
Que nos rêves d’enfant sont enterrées
Malika Kadri