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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 14:37

Le casse tête cette semaine chez Lajemy est : Potiche

 

 

 

 

 

 

Evidemment ça rime avec godiche et avec pouliche. L’idiote, naïve, à qui l’on peut faire faire ou croire n’importe quoi. Toute seule elle n’ose pas, elle demande l’avis de Paul et celui de Jacques. Devrait-elle continuer, laisser tomber, est-ce qu’elle n’en fait pas trop ? Elle a l’air d’une grande dégingandée gaffeuse, elle casse tout, on rigole. D’elle, grâce à elle. On ne lui en veut pas, elle n’est pas méchante, un peu bête seulement.

 

Quand elle avance crinière au vent, le muscle saillant, le cheveu lustré, elle fait penser à ces belles alezanes qui courent  sur les champs de courses. On l’admire, on l’observe, elle occupe l’espace, sert le décor. Elle est sexy, elle rend fier, on l'arbore comme un trophée. Elle agace un peu... Les autres...

 

Mais potiche ça rime aussi avec fortiche. Et gare à celui qui l’ignore. Quand elle dit ça suffit maintenant ! Je ne suis pas un faire valoir, quelqu’un que l’on montre ou que l’on méprise, que l’on néglige. Il est temps de bousculer l’image que l’on a de moi. Il est temps que je défriche! J'ai des courbes et de l'allure, j'ai une tête aussi. Et si je montre ce qui vous plaît, si je m'exhibe, c'est parce que je suis un tout. Une femme, un corps, des idées, des sentiments.

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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 20:29

Cette semaine chez Lajemy le casse tête est : la déco.

 

Sujet piège qui mine de rien permet de cerner nos personnalités, notre âge, nos goûts, nos humeurs.  Parler de la déco, montrer ce qui nous plaît,  révéler quelles sont nos couleurs préférées,  le mobilier qui nous entoure, c’est nous dévoiler,  nous déshabiller, un peu.

Internet fait de nous des amis qui se reçoivent et échangent des idées, il ne manque  que le cake aux olives, les cacahuètes, les olives et l’apéro. Et l’ambiance aidant, les fou rires arrivent, les vannes fusent. On s’enfonce dans les canapés, on met de la musique, et on allume des bougies. On a les joues rouges et les yeux brillent. La déco, le décor sont nos cadres de vies, les cocons douillets de nos existences. En parler, c’est nous permettre de nous rencontrer, intimement. Même si, en ce qui me concerne,  je montre  peu de choses. En  écrivant sur mon blog, je plante mon décor. Je suis persuadée que vous le voyez ! 

 

Vous savez moi, la déco....

 

Photo-320.jpg

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19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 14:41

Pour illustrer avec un peu de retard le casse tête cette semaine chez Lajemy : les yeux, le regard.

 

 

 

 Blueye.jpg  

 

 

J’ai laissé un post la semaine dernière chez les « croqueurs de mots » évoquant un de mes collègues de travail. J’ai écrit que ses yeux étaient bleus.  Je le connais depuis quinze ans et dans ma tête, ils sont bleus. Ses yeux rieurs, malicieux, coquins parfois sont bleus.  Que je discute avec lui, raconte des bêtises ou raisonne sérieusement, je fixe nettement ses yeux bleus. Sauf que… Ils sont verts.

Et ça l’a un peu gêné que ça m’ait échappé. Comme s’il était transparent, que mon comportement était mécanique, un jeu social. Comme si je regardais les gens sans les voir, juste pour me fondre dans la masse. Tout passe par le regard, les émotions, les sentiments, la vérité, le mensonge. On dit que les yeux sont beaux, en amande, que le regard est ténébreux, électrique. Il peut sembler caressant, cinglant, hypnotique. Il reflète notre âme, notre personnalité, nos névroses.

 

Je m’attarderai davantage sur les visages, leurs plis, la couleur des yeux, le froncement des sourcils dorénavant. Je ne regarde pas assez les personnes auxquelles je parle, je bouge, je vaque à mes occupations. Tout en écoutant. Retenir de quelle couleur sont les yeux n’est pas anodin car la personne qui vous fait face peut imaginer que vous l’intéressez peu.

Ce n’est pas  obligatoirement vrai. Ceux qui nous entourent font partie de notre univers familier, quotidien. On ne détaille plus, ils sont là, c’est tout. On les regarde mentalement, pas avec les yeux. Un oubli, une négligence qu’il faut s’efforcer de

combattre.    

 

 

 

Oups, pas très humain celui-là!real oeil noir

 

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12 septembre 2010 7 12 /09 /septembre /2010 14:06

Arsène m’a aidée à descendre une lourde banquette de l’étage pour le déposer dans l’espace client de l’officine. Ca n’a aucun intérêt pour vous bien sûr, mais pour lui si. Il m’a demandé de relater l’événement, que tout le monde sache qu’il est gentil et serviable.

Alors pour lui faire plaisir, et parce que ça fait briller ses yeux bleus de cow boy de la banlieue parisienne, je raconte.

Il est monté  derrière moi dans le bureau, en faisant claquer ses talons dans l’escalier. Il roulait des épaules au même rythme, j’en suis certaine. Il n’a pas pu se retenir, avec une gouaille de titi, il a dit :

-         Ah ouais, ça y est, on se retrouve enfin seuls !

Il ne rate jamais une occasion de parader, de draguer au milieu des poulettes.

Et puis il a fait des manières,  oh mais c’est gros, ça ne passera pas dans l’escalier, mais c’est lourd. Et pourquoi tu veux faire ça.

Aussitôt suivi d’un :

-         Attends cool, ne stresse pas, laisse moi faire !

Et de pousser, de tirer, d’avancer peu à peu, de redescendre. Avec des mimiques, des soupirs. Mais l’air sérieux, pour ne pas tomber, ne pas glisser, ne pas casser la banquette.  Je l’ai encouragé, je me suis inquiétée, lui ai crié fais attention, va doucement !!! Mais j’avoue que je ne l’ai pas beaucoup aidé.

Il a claironné :

-         Bien voilà, c’est fait, t’as vu le chef !

Il a tendu la joue, avec le doigt pointé dessus :

-         Alors, hé, j’attends !

Mais je l’ai nargué :

-         Non et puis quoi encore !

 

Arsène est parti. Joyeux, il a continué  de livrer les pharmacies sur sa  tournée. Et quand il est revenu l’après midi, je lui ai demandé : ça va ?

Il s’est écroulé sur la banquette, prétendant qu’il s’était esquinté le dos le matin, qu’il fallait que je fasse quelque chose. Les filles ricanaient derrière nous. Elles ont dit :

-         Ouais, ouais, c’est encore un truc pas honnête que tu demandes.

Il a ouvert grand les yeux, deux billes dans un visage aux couleurs des vacances :

-         C’est pas possible, toutes les mêmes, toujours l’esprit mal placé.

Et il est parti rouler des mécaniques ailleurs, frimer, faire l’important. Parce c’est léger, que ça amuse la galerie et fait passer le temps. Il a bien raison.

Je te l’ai promis, je l’ai fait. J’ai parlé de toi Arsène. C’est pour te dire merci à ma manière.

   

 

   

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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 22:36

Cette semaine le casse tête chez Lajemy est : Le camping.

 

Moi, j’ai choisi. Ce n’est pas la campagne ou le bord de la mer, les champs ou le terrain municipal. Il n’y a pas trop de voisins et je n’ai pas pris le temps de monter la tente. Et la superette, les douches, les soirées à thème, ce n’est pas pour moi. Le pastis de 19h, les plongeons dans la piscine, les concours de tee shirt mouillé…. Les raviolis en boite et la toile dégouttant sous les averses d’août non plus.

Moi, je prends mon pied sur le balcon familial, et plus on est haut, plus c’est bien. J’ai le sentiment d’être une hôtesse de l’air, de passer ma vie en l’air. Et même si je ne campe pas vraiment, je suis plutôt bien campée non !

 

 

06-01-2010 2073

 

 

 

 

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30 juillet 2010 5 30 /07 /juillet /2010 19:40

Pourquoi t’es-tu caché, ce matin-là ? J’avais pourtant besoin de tes rayons sur ma peau, de ta caresse. Cela m’aurait aidé que tu fasses un effort, que tu compatisses. Parfois il y a des jours de m…, où tout s’y met. Et toi, tu en as rajouté. J’étais plantée devant la boutique avec mes clés dans la main. J’avais l’air cloche, je regardais bêtement le rideau métallique qui refusait de se lever. Et les passants avaient leurs mots. Encouragement, agacement, moquerie et colère même. Et bien oui, c’était fermé et ça embêtait  tout le monde.

«  Vous ne faites rien, pourquoi c’est pas ouvert ? Et c’est quand que vous ouvrez ? » J’avais envie de répondre, à la Bigard  « Ben oui, c’est fermé, vous ne voyez pas, et puis je reste assise là, à attendre que ça se passe, que le bon Dieu fasse un miracle ! »

Parce que le dépanneur quand on l’appelle un samedi, il est débordé. Il dit qu’il arrive dans un quart d’heure, et on l’attend une heure et demie. C’est l’été, il fait chaud d’habitude mais l’autre avait choisi de se cacher. J’étais gelée dans ma petite robe courte. Le premier dépanneur a crié : «  oh, la la ma pauvre dame, c’est pas une serrure c’est un rideau métallique, j’peux rien pour vous ! j’appelle un confrère »

J’ai attendu encore, avec ma petite apprentie. Je tremblais, un commerçant voisin de la boutique est arrivé avec sa petite bouteille d’huile qu’on met dans les serrures. Et qui n’a servi à rien. Le marchand de fruits sur le marché est venu avec un grand costaud. Qui n’a servi à rien. Une mamie, très remontée, a plié ses genoux arthrosiques et s’est mise à secouer la serrure de toutes ses forces. Sous l’œil goguenard du grand costaud. « Nous on n’est pas arrivé, et elle croit qu’elle va y arriver, elle ! »

Dorothée, la vendeuse de légumes, est arrivée avec une polaire qu’elle a posée sur mes épaules. Et Mme S., une mes clientes, a apporté sa bouteille thermos avec du sucre et des tasses à café. Magnifique la solidarité de quartier ! Ca compense. Parce que s’il avait fallu compter sur toi vieil ingrat, j’aurais gelé sur place !

 

La porte a été débloquée  à midi moins le quart. Le samedi j’ouvre de neuf heures à treize heures. J’aurais mieux fait de rester couchée. Enfin ! Mais tout ce brouhaha autour  de moi, les gens qui râlent ou sont pleins de bonne volonté, et apportent un réel soutien, ça fait chaud au cœur. C’est  de  la vie et ça grouille. Ca aide à ressentir que, sans les autres, on n’est pas grand-chose. 

 

 

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 19:31

Pour illustrer le thème du bal, et répondre au casse tête de Lajemy,  j’ai fait comme au BAC, j’ai ressorti un texte dans l’univers de FLAUBERT. Je le commente à ma manière.

 

 M930.50.6.57.jpg

 

 

Flaubert - Madame Bovary (1857), I, 8
Le bal à la Vaubyessard


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A trois pas d'Emma, un cavalier en habit bleu causait Italie avec une jeune femme pâle, portant une parure de perles. Ils vantaient la grosseur des piliers de Saint-Pierre, Tivoli, le Vésuve, Castellamare et les Cassines, les roses de Gênes, le Colisée au clair de lune. CA C’EST POUR LA FRIME, COMME PARTOUT. Emma écoutait de son autre oreille une conversation pleine de mots qu'elle ne comprenait pas. LA  PAUVRE , ELLE N’EST PAS A SA PLACE. On entourait un tout jeune homme qui avait battu, la semaine d'avant, Miss Arabelle et Romulus, et gagné deux mille louis à sauter un fossé en Angleterre. L'un se plaignait de ses coureurs qui engraissaient; un autre, des fautes d'impression qui avaient dénaturé le nom de son cheval. AUJOURD’ HUI ON CAUSE TIERCE.


L'air du bal était lourd; les lampes pâlissaient. On refluait dans la salle de billard. Un domestique monta sur une chaise et cassa deux vitres; au bruit des éclats de verre, madame Bovary tourna la tête et aperçut dans le jardin, contre les carreaux, des faces de paysan qui regardaient. EH OUI,  YA LES NANTIS ET YA LES AUTRES, YA LE TAPIS ROUGE ET LES SPECTATEURS AU LOIN. Alors le souvenir des Bertaux lui arriva. Elle revit la ferme, la mare bourbeuse, son père en blouse sous les pommiers, et elle se revit elle-même, comme autrefois, écrémant avec son doigt les terrines de lait dans la laiterie. Mais, aux fulgurations de l'heure présente, sa vie passée, si nette jusqu'alors, s'évanouissait toute entière, et elle doutait presque de l'avoir vécue. ALLER AU BAL, C’EST VIVRE DANS UN REVE, FUIR SON QUOTIDIEN BANAL ET ROUTINIER. Elle était là; puis autour du bal, il n'y avait plus que de l'ombre, étalée sur tout le reste. Elle mangeait alors une glace au marasquin, qu'elle tenait de la main gauche dans une coquille de vermeil, et fermait à demi les yeux, la cuiller entre les dents. C’EST CENDRILLON CHEZ LES ROTHSCHILD.
A trois heures du matin, le cotillon commença. Emma ne savait pas valser. Tout le monde valsait, mademoiselle d'Andervilliers elle-même et la marquise. [...]
Cependant, un des valseurs, qu'on appelait familièrement vicomte, et dont le gilet très ouvert semblait moulé sur la poitrine, vint une seconde fois encore inviter madame Bovary, l'assurant qu'il la guiderait et qu'elle s'en tirerait bien.
Ils commencèrent lentement, puis allèrent plus vite. Ils tournaient: tout tournait autour d'eux, les lampes, les meubles, les lambris, et le parquet, comme un disque sur un pivot. En passant auprès des portes, la robe d'Emma, par le bas, s'ériflait au pantalon; leurs jambes entraient l'une dans l'autre; il baissait ses regards vers elle, elle levait les siens vers lui ; une torpeur la prenait, elle s'arrêta. Ils repartirent; et, d'un mouvement plus rapide, le vicomte, l'entraînant, disparut avec elle jusqu'au bout de la galerie, où, haletante, elle faillit tomber, et, un instant, s'appuya la tête sur sa poitrine. Et puis, tournant toujours, mais plus doucement, il la reconduisit à sa place; elle se renversa contre la muraille et mit les mains devant ses yeux. LA GRISERIE DES DEBUTANTES, LE VERTIGE, L’ENVOLEE, LE SEPTIEME CIEL.
Quand elle les rouvrit, au milieu du salon, une dame assise sur un tabouret avait devant elle trois valseurs agenouillés. Elle choisit le Vicomte, et le violon recommença.
On les regardait. Ils passaient et revenaient, elle immobile du corps et le menton baissé, et lui toujours dans sa même pose, la taille cambrée, le coude arrondi, la bouche en avant. Elle savait valser, celle-là! Ils continuèrent longtemps et fatiguèrent tous les autres. ELLE EST JEUNE, ELLE EST BELLE, ELLE A UNE DISTINCTION QUI NE S’APPREND PAS.
On causa quelques minutes encore, et, après les adieux ou plutôt le bonjour, les hôtes du château s'allèrent coucher.
Charles se traînait à la rampe, les genoux lui rentraient dans le corps. Il avait passé cinq heures de suite, tout debout devant les tables, à regarder jouer au whist, sans y rien comprendre. C’EST COMME REGARDER LE POKER SANS LES COMMENTAIRES DE BRUEL. Aussi poussa-t-il un soupir de satisfaction lorsqu'il eut retiré ses bottes.
Emma mit un châle sur ses épaules, ouvrit la fenêtre et s'accouda.
La nuit était noire. Quelques gouttes de pluie tombaient. Elle aspira le vent humide qui lui rafraîchissait les paupières. La musique du bal bourdonnait encore à ses oreilles, et elle faisait des efforts pour se tenir éveillée, afin de prolonger l'illusion de cette vie luxueuse qu'il lui faudrait tout à l'heure abandonner.  ELLE RESSENT L’IVRESSE DES SOIRS DE FETE, QUI TIENT EVEILLE ET REND MELANCOLIQUE
Le petit jour parut. Elle regarda les fenêtres du château, longuement, tâchant de deviner quelles étaient les chambres de tous ceux qu'elle avait remarqués la veille. Elle aurait voulu savoir leurs existences, y pénétrer, s'y confondre.
Mais elle grelottait de froid. LE CONTRE COUP, LES NERFS QUI LACHENT ? Elle se déshabilla et se blottit entre les draps, contre Charles qui dormait. JE DOUTE QU’ELLE DORME DE SUITE.

 

AH EMMA! POURQUOI Y-A-T- IL UN PEU DE TOI DANS CHACUNE D’ENTRE NOUS ?

 

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12 juillet 2010 1 12 /07 /juillet /2010 14:19

Pour illustrer l'exercice proposé par "les croqueurs de mots": évoquer une scène estivale en utilisant les couleurs de l'arc en ciel dans le texte.

 

 

 

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Au bord de la mer, l’été est magique.  Les vacances, le soir, c’est prendre le temps, assis sur un parapet, de chercher au fond de soi, de l’extraordinaire. L’eau n’est pas seulement BLEUE, elle se couvre de lames argentées et INDIGO. Comme dans les îles elle se soumet  aux fantaisies d’un soleil ORANGE, parfaitement à l’aise dans ce décor. Cabotin, il mène la revue et descend les marches d’un grand escalier imaginaire. On est fasciné jusqu’au bout et parfois on aperçoit le fameux rayon VERT. Celui qui porte chance. On veut le photographier, le saisir dans l’objectif, mais il pirouette, insaisissable tandis que le ciel se voile.  L’escalier disparaît dans les coulisses et bientôt surgit une danseuse prise dans les rayons et qui virevolte dans de la mousseline ROUGE. Son numéro est bien rôdé, il s’agit de nous obliger à patienter, à attendre la venue du prochain artiste.

 

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La vedette, le clou du spectacle, qu’on a remarquée en gros sur l’affiche à l’entrée du cabaret, doit se découper, distincte, majestueuse sur l’horizon VIOLET. Elle doit promettre des rendez-vous et des mots doux, des promenades et des piques niques nocturnes, des jeux d’ombres et de lumière, sous le halo JAUNE pâle de son croissant. Alors la petite chanson de l’ami Pierrot trotte dans nos têtes, et on se met à applaudir sous le regard de passants médusés 

 

 

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7 juillet 2010 3 07 /07 /juillet /2010 20:00

Cette semaine le casse tête chez Lajemy est : Petites expressions habituelles.

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C’est décidé, je m’attaque à « tu sais quoi ? » ou « vous savez quoi ? ». Pronom, verbe et pronom. Oui, justement quoi ? Je déteste cette formule. On l’entend partout, dans la rue, au travail, au ciné. C’est actuel, c’est tendance, c’est djeune’s peut-être ! C’est surtout moche et ça ne veut rien dire. En tout cas si ça prétend remplacer : j’ai quelque chose à te (vous) dire, c’est moche.

 

J’ai l’air d’un mammouth fossilisé, d’une mémère rabat-joie, n’empêche, j’assume. Tu sais quoi, quoi ? Est-ce que j’ai une gueule de tu sais quoi ! Imaginez : j’ai les poings sur les hanches, un fichu sur la tête et je me trouve sur le pont face à l’hôtel du Nord. J’ai ma gouaille à moi, mes  ras le bol et je m’énerve.  J’éclate : mais t’es ouf, tu racontes n’importe naouak. Et parfois pour la jouer relou, je lance : ouaich, ouaich, t’as raison. Mais je transforme, je déforme les mots, je crée un langage ou je le crois. Je me la joue jeune d’aujourd’hui. Et encore, selon Mes critères. Ca n’engage que moi, c’est un effet de mode et ça passera.

 

Mais « tu sais quoi ? », ce sont des mots exacts, en bon français accolés les uns aux autres sans que cela ait un sens. C’est le ton, l’expression de l’interlocuteur qui donne le sens. C’est passé dans le langage courant et risque d’y rester. Tout comme « ce truc, c’est trop beau !».  Pourquoi trop, très ne suffit pas, et puis trop par rapport à quoi? Ou « t’as vu ce type, il est grave ! » Il est dingue, bizarre, marginal ? D’accord c’est un langage de jeune aussi. Avec des mots sortis de leur contexte. Ca vieillit comme tout le monde les jeunes. Alors vous savez quoi? AU SECOURS !  

 

Au fait (tiens ça aussi c'est une expression de tous les jours), je blague. On ne peut pas aller contre l'évolution du langage. Je n'ai qu'à me laisser porter. 

 

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4 juillet 2010 7 04 /07 /juillet /2010 20:07

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Là c'est moi, cachée par une blondinette, excuse-moi, j'ai oublié ton nom. Marie Francoise est devant nous en pull vert.

 

 

Elle s’appelait Marie Françoise. Elle avait treize ans et moi quatorze. Nous nous étions rencontrées dans l’avion qui nous menait en Angleterre. Voyage linguistique de trois semaines, en 1973 : Felixstowe near Ipswich. Les mois de Juillet 73 et 74 sont gravés dans ma mémoire comme des bulles, légers, pétillants. Nous avions copiné de suite. C’était une petite brune à lunettes et à cheveux longs, frêle, pâle. Sa mère était polonaise, moi j’étais d’origine antillaise. Il y avait entre nous ce côté pas tout à fait d’ici et pas vraiment d’ailleurs. Deux gamines qui ne vivaient réellement qu’à Paris. Ou dans les environs. Elle habitait Plaisir dans les Yvelines.

 

 Après l’avion, il y avait eu le car roulant le soir dans la campagne anglaise. Des arbres et des buissons, toute cette verdure à perte de vue.  Et les sandwichs partagés. La semi liberté des premières vacances sans les parents. Une sorte de griserie, le sentiment de pouvoir faire ou dire des bêtises. Et en nous la force des timides. Deux gamines effacées, discrètes, taiseuses vis-à-vis des autres, mais déterminées. Du genre qui veut creuser son chemin dans la vie, qui envisage le bac et les études supérieures avant tout. Qui s’intéresse aux garçons, un peu, pas trop. Pas maintenant. Nous préférions ceux des feuilletons à la télé. Il y avait eu Mehdi dans le « Jeune Fabre » l’année d’avant. Ces fois-là, il y avait Marc di Napoli qui était Doniphan, dans « Deux ans de vacances », d’après Jules Vernes. Il nous faisait craquer avec ses cheveux longs et son costume d’étudiant anglais parcourant les mers. Nous évoquions aussi Delpech et sa Marianne, Fugain et son oiseau. Et Joan Baez que sa mère adorait et qu’elle m’avait fait découvrir. Et dont je suis fan, depuis.

Nous étions jolies, nous vivions d’air pur et d’eau fraîche, et nous ne le savions pas. C’était l’insouciance, c’était l’innocence.

 

Il y avait les cours le matin, avec un groupe de jeunes autrichiens de notre âge. Moi j’avais flashé de loin, sur Dany un petit blond que toutes les filles s’arrachaient. Marie m’observait, narquoise. Elle se moquait gentiment car il se fichait pas mal de moi. Jusqu’à ce que je trouve son copain plus intéressant. Moins mignon mais plus attachant. Alors là, Dany ça l’a énervé. Orgueil Mâle ! Mais j’étais passée à autre chose. Les garçons ce serait pour après, j’avais dit.

 

Il y avait les balades entres copines à travers blé, les baignades sur la plage de Félixstowe, les kermesses de village comme dans Barnaby. Sans crime horrible, toutefois. Ma famille d’accueil s’appelait Smith. Betty et John Smith. Comme quoi, des Jean Martin, il y  en a un paquet, outre Manche. Il était agriculteur et elle coiffeuse à domicile. Leur petite fille Julie avait dix mois et j’étais une piètre Baby sitter, les rares fois où on me le demandait. Je regardais ce bout de viande vagissant sur son biberon avec consternation. img144

Quand je restais dans la famille le week end, je m’ennuyais de Marie. Ma chambre était violette, des fleurs à profusion, depuis les rideaux jusqu’à l’édredon, en passant par le tour de la coiffeuse. Les Smith étaient adorables, ils promenaient partout la petite frenchie from Paris. A Ipswich sur le port, chez  leurs cousins pour les repas de famille, au cinéma. John m’avait emmené voir «  La prisonnière du désert ». Je l’avais découvert en anglais dans le texte avec plaisir. Après l’avoir vu à la télé sur la troisième chaîne, dans le cadre du ciné club. En sortant de là, j’avais dégusté mes premiers « fish and chips » dans du papier journal. J’avais les doigts gras et poisseux, je m’étais régalée.

 

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Là je suis devant la maison et la voiture de John. Sexy non!

 

 

Rien ne remplaçait les fous rires avec Marie, les balades à vélo. Nous avons vécu deux grandes aventures ensemble. Un après midi, alors que nous avions quartier libre à Londres, nous nous étions perdues dans le métro. Au bout d’une heure de panique, nous avions étudié la carte calmement. Et regagné le car, penaudes, sous l’air courroucé des animateurs qui avaient alerté Scotland Yard.

L’année d’après, alors que nous visitions la Tour de Londres, il y avait eu un attentat. Nous avions été évacués sans ménagement. Nos appareils photos furent confisqués et nos pellicules développées à l’œil. C’était plutôt sympa et palpitant !

 

Au retour en France, nous nous écrivions. Des lettres avec des fleurs et des petits cœurs. De la prose de gamines. Marie Françoise m’invitait souvent à venir passer le week end chez elle, dans sa grande maison. Et je refusais, parce que j’étais timide. Que j’habitais « un petit deux pièces » avec mon frère et ma mère. Que  je ne pourrais pas lui rendre la pareille. Alors elle s’était lassée. Et j’ai perdu Marie Françoise. L’année suivante elle s’était rendue en Angleterre. Félixstowe near Ipswich. Sans moi. J’avais changé de tranche d’âge. A plus de quinze ans, je ne pouvais pas l’accompagner. Et en juillet, je travaillais à la Sécurité Sociale, pour me faire de l’argent de poche. Des prétextes plausibles. Mais des prétextes, quand même. Marie, si tu te reconnais….

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