20 juillet 2020
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C'est un peu particulier cette année. Pour les congés, on a des habitudes, tous les ans au même endroit. Un rituel, quelques jours chez mamie, puis chez tonton Paul, pour finir, un week end chez des amis à la Baule. Ou une résidence secondaire, habituelle. Pour ceux-là, tout va bien. Oublier un hiver éprouvant et un printemps affligeant devient possible, un changement d'air, revoir les siens, se faire plaisir, au soleil, se gaver de chlorophylle et d'iode ne pose pas de problème.
Ceux qui choisissent l'étranger d'habitude, l'ailleurs et l'exotisme, sont frustrés. Souvent, ils attendent la dernière minute pour réserver, rester ici en France. Un peu résignés mais résolus à succomber au charme de leur beau pays.
Quand on ne part pas, qu'on habite en ville et loin des plages, quand les vacances consistent à ne rien faire, ici, sur place, ce sont les parcs, les jardins, les étangs qui reçoivent de belles visites. Le chant des oiseaux et leurs chahut dans les feuilles, les saluts des promeneurs à pied ou à vélo, les pauses pique-nique sur l'herbe, les séances de bronzage, la course des poissons et leurs bulles à la surface de l'eau sont un bonheur dont il faut profiter à fond pour se souvenir, cet hiver.
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15 juillet 2020
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Les habitants de Troulaville ont tous leurs petit secrets pas jolis, jolis. Ou leurs défauts, leurs qualités qui font qu’on s’attache à eux, ou qu’on les déteste. Qu’on les observe et note soigneusement chacun des événements qui constituent leur quotidien. Les tromperies, les coups bas politiques, les prétentions des uns, des autres, alimentent une gazette minutieuse, délatrice, perfide et acide. Des lettres circulent, des blogs s’alimentent, provoquant drames et changements radicaux de comportement.
Pour qui connaît un peu l’auteur, on découvre des moments de sa vie en filigrane, quelques idées, quelques pensées, le drame aussi. L’humour est toujours présent, ainsi que la dérision. J’aime beaucoup cette méthode qu’elle a choisi, s’entourer de personnages fantasques et d’un affreux Jojo, un instituteur, un maire, un parisien antipathique, une Mme Potinière qui porte bien son nom. Une Ginette collectionneuse de Schtroumpfs, une retraitée folle des lumières de Noël.
Tout ce petit monde s’agite sous la plume deMartine, évolue à son aise. On a presque le sentiment qu’il échappe à son emprise, qu’il agit comme il l’entend. La force du roman est là, une écriture limpide, des questionnements, des pistes de réflexion.
Enfin bref, avec Martine qu'on peut retrouver sur son blog, on est certain de plonger dans un univers coloré, de décoller. Et d’oublier le quotidien un peu terne.
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14 juillet 2020
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Sitôt échappée de Paris et longeant l'Ecole, petite rivière de l'Essonne, ce qui m'importe c'est le temps retrouvé. Qu'on ne voit ni passer ni fuir, qui ne manque pas, ne s'éternise pas. Celui dont on profite, que l'on goûte, qui a des couleurs. Qui fait se rencontrer les siècles, des lavandières et des promeneurs du dimanche rêvant de décompresser. Qui décline le vert dans tous ses tons comme un paon déploie son évantail. Qui accorde à l'été son foisonnement de pétales et de feuillages, chauffe les ardoises et roussit la mousse. Celui qui serpente et luit, s'écoule et miroite. Qui fait que je me sente vivre, celui que j'absorbe davantage qu'il ne me dévore.
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6 juillet 2020
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J'ai bien envie de leur raconter mes rêves de bord de mer, leur demander où est Blanche Neige et lequel des deux est Simplet. Mais c'est idiot et cliché. Ce qu'il faut c'est me placer à leur hauteur, les jambes croisées devant eux, me poser une assiette sur la tête, à la recherche d'un équilibre. Entre mes ambitions et mon parcours, mes besoins et mes désirs, mes illusions et mes capacités.
Déconfinée mais cachée, à l'abri des regards, au détour d'une allée du parc du Château de Courances, tout près du Dannemois de Claude François, je tape la discute au grand air. Le vent souffle dans les arbres, son murmure emplit le bois, et tous trois, ensemble, nous refaisons le monde.
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29 juin 2020
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C'est un signe. Tout m'invite, tout m'attire. Les vitrines de la ville, l'été qui s'installe, les tables des troquets, les affiches de cinéma. J'ai envie de plages ensoleillées, de balades au grand air, de rencontres entre amis, d'inviter la famille, de promener le chien que je n'ai pas, d'entendre gazouiller d'hypothétiques petits enfants. De lire dans le parc, d'écouter une mélodie du bonheur sur les collines que j'aime, de comprendre enfin les jeunes filles en fleurs qui s'expriment dans des phrases interminables, du côté de chez Swan. Je ne pense qu'à avaler des tablettes de cholocat en oubliant ma ligne, à rempoter mes pétunias, déguster un verre de rosé bien frais, courir les expositions. J'y pense, parfois je renonce, parce que les masques et le gel, parce que... La barbe!
N'empêche, la vie m'entraine dans sa spirale.
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22 juin 2020
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L'été fera faux bon, considérant que le soleil est une option. On nous promet 35 degrés pour mercredi, de quoi étouffer sous nos masques. Mais nous somme prêts, nous attendons. Nous nous fiions à la nature qui se moque de nos craintes, de nos barrières, de nos précautions. Les cygnes couvent au bord des lacs, le blé et l'orge jaunissent les champs bordés de coquelicots résistant aux pesticides. Les tourterelles roucoulent, les chevreuils peuplent les forêts et surgissent parfois sur les routes.
Des enfants naissent auxquels il faut construire un bel avenir, d'autres grandissent, déjà conscients des menaces qui plombent l'insouciance, les adultes ne sont toujours sérieux et responsables, nos aînés tentent de se préserver, sans renoncer à vivre toutefois.
Alors puisqu'il faut avancer, de guingois, à petits pas, aujourd'hui mignonne, allons voir si la rose...
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15 juin 2020
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Balade vers la Vallée au Loup, à Chatenay Malabry. j'espérais déloger Chauteaubriand de son confinement, mais sa belle maison était fermée à cause de... Et puis ce n'est pas là qu'il dort pour l'éternité, il préfère Saint Malo, dont il contemple les contreforts depuis l'îlot du Grand Bé.
Alors, j'ai tourné autour de lui, dans ce paysage qui borde sa propriété. J'ai suivi René, et Juliette sa bien aimée. J'ai imaginé leurs promenades dans cet arboretum qu'ils n'ont pas connu, qui s'est ajouté à la propriété pour le bonheur des visiteurs. Puisqu'il m'est possible de m'évader de Paris, de converser avec les arbres, d'écouter chanter le vent et clapoter l'eau autour d'une barque, de débusquer le soleil qui se cache, je n'ai pas boudé mon plaisir.
Il me manquait un café, une terrasse, mais les bancs et les pelouses invitaient aux bains de soleil. Allez c'est certain, je revis!
Published by mansfield
8 juin 2020
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Gâteau de fête des mères confectionné par mon fils et ma belle-fille.
La chanson de France Gall est plus que jamais d'actualité. Le goût amer et la poussière, le silence et les questions que l'on se pose et qui ne trouvent pas de réponse. Qu'il s'agisse des suites de la pandémie ou des inégalités raciales, des habitudes nouvelles de travail ou de consultations médicales, des retrouvailles familiales ou entre amis, on rit encore pour des bêtises, comme des enfants, mais pas comme avant.
Et ces batailles dont on se fout, ces fatigues, ces dégoûts, à quoi sert de courir partout. Oui, à quoi servent les idées si elles ne débouchent pas sur des actes. On a dépassé le ras le bol, l'abattement, la vie reprend doucement, l'enthousiasme déborde mais rien ne sera plus aussi insouciant, décontracté, cool.
On garde ces blessures en nous, ces éclaboussures de boue, qui ne changent rien, qui changent tout. On garde la défiance, l'incertitude concernant l'avenir. Mais surtout, on a acquis cette précieuse capacité à apprécier intensément tous les bons moments, à cueillir de la vie ses richesses, y compris dans la banalité des jours qui passent.
Published by mansfield
1 juin 2020
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Par précaution, il convient de respecter la distanciation, porter un masque, consulter son médecin par téléphone, n'entrer qu'à 2 ou 3 dans les magasins, ne plus trop voyager. Par précaution, il vaut mieux télétravailler, n'aller en classe qu'un jour sur deux, prendre son café en terrasse. Se protéger, c'est user de liquide hydroalcoolique, ne pas bisouiller ses petits-enfants, faire ses courses sur le net.
Mais exiger de la reconnaissance, de la considération, le respect de sa personne, c'est se presser en masse, avec pancarte, la rage aux lèvres, les poings levés, c'est crier, brûler, se battre, à mains nues. Quels que soient le virus, sa dangerosité et sa vitesse de propagation.
Le besoin d'exister, d'être citoyen à part entière, même s'il expose à la contagion, emporte par son élan et sa légitimité. Voilà que nous enseignent les événements de ces derniers jours, partis de Minneapolis aux US.
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25 mai 2020
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Il a quatre-vingt sept ans et trouve que les temps sont difficiles. Il pensait ne jamais devoir revivre ça. Se calfeutrer chez soi, ne pouvoir sortir sous peine de risquer sa vie, passer devant des rayons vides dans les magasins, faire la queue durant des heures.
Son grand-père a creusé les tranchées en 1915. Son père est mort en 43, il avait sept ans. Il se revoit, de retour de l'école, le cartable en bandoulière, en galoches et culotte courte. La mère est assise sur une chaise de paille de la cuisine, avec un policier à ses côtés, et ce mort pour la France inscrit au coin de la bouche. il se revoit criant: "mon petit papa!". Ses yeux se remplissent de larmes, il tend sa grande main sèche, tremblante, aux veines apparentes, vers moi et dit:
- C'est dur, vous savez. Ce qu'on vit en ce moment. Ca me rappelle ces vieux souvenirs, je n'ai jamais oublié. Je le pleure encore mon petit papa! On devient toujours ce que l'enfance fait de nous. Je n'ai pas fait le deuil. Je ne méritais pas de replonger là-dedans, à mon âge.
Et puis il part, il s'éloigne sur le trottoir, réajuste son masque sur son nez et se perd dans ces rues qui s'amusent à vous jeter le temps à la figure, comme un boomerang.
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