Un potager, pour moi citadine ignorante, c’est un défouloir, un reposoir. On y regarde pousser la vie avant de la croquer. On le cajole, on le bichonne, on l’arrose et on lui parle. C’est comme un enfant. Il fait le beau, il s’étale, il s’étire, il prend de belles couleurs, de belles rondeurs. C’est un séducteur. Il a des parfums enivrants, des formes voluptueuses, il sait vous manipuler le bougre. D’après ce que j’entends, ce que je vois, quand il vous tient, il ne vous lâche plus. C’est le besoin de retourner la terre, de soupeser les tomates, d'admirer les citrouilles, de planter un alignement de salades et de poireaux, d’arracher du persil. Ca ne se contrôle pas, c’est viscéral.
Un potager, c’est un compagnon de route. Il va bien quand on va bien et que le temps s’y prête. Et comme le temps joue sur le moral…
Autant dire que ça ne trahit pas un potager, ça a des humeurs parfois mais quand on en possède un, on est forcément solide sur ses deux jambes. Lui c’est la béquille de secours.
Moi à Paris, j’en ai pas. Je l’ai inventé. Et j’ai extrapolé comme j’ai pu. J’y vois des stalactites de courge pendues à des plafonds feuillus. On se croirait dans des grottes végétales. Hum…