Elle avait saisi son sac ce vendredi dix-huit novembre. Je lui avais emboîté le pas, je désirais tellement la convaincre de rester, ou de revenir, ou de m’appeler. Me précipitant à sa suite, j’avais coincé mon pied dans la porte de l’ascenseur. Prendre l’ascenseur alors que j’habitais au premier ! Moi, je préférais les escaliers. Pour elle c’était une habitude, elle n’y pensait pas. Elle avait jeté son sac à terre, s’était tiré les cheveux à se brider les yeux. Elle s’était massé les tempes, avait sifflé entre ses dents : « Je ne veux plus te voir, tu comprends, je n’en peux plus. »
Elle souhaitait gagner le rez-de-chaussée mais j’avais le pouce sur le bouton d’ouverture de la porte et mon bras l’empêchait de sortir. L’ascenseur s’ouvrait, se refermait. Nous tournions en cage, comme une mangouste et un serpent. Elle était le trigonocéphale, elle ondulait, mes dents ne lui faisaient pas peur. Elle m’inoculait son venin paralysant et mortel. J’avais le museau tendu, l’œil rond, je subissais. Je n’avais pas esquissé un geste pour me défendre. Son mascara coulait le long de son nez ainsi que sur mes mains levées vers elle. Elle s’agrippait à moi, me repoussait puis se collait contre les parois de la boîte métallique. Elle piaffait. Ses trépignements se répercutaient le long de la colonne.
« Mais pourquoi, pourquoi… bredouillai-je.
- Laisse-moi, Marc, s’il te plaît, laisse-moi… »
Nous avions des rimes pitoyables.
Et ce fut l’obscurité. Elle me donna le dos, elle se mit à pleurer doucement. Ses épaules tressautaient, la boucle de son ceinturon éraflait la peinture de la cage. Nos reniflements marquaient le silence. Nous étions hagards, débraillés, sentions le whisky et la cigarette. Je réprimais un frisson.
La lumière nous surprit subitement, l’ascenseur descendit tout droit vers les parkings. Nous nous raidîmes comme des coupables à l’énoncé d’un verdict. D’instinct je marchai en titubant vers ma voiture, elle me suivit sous l’œil inquiet d’un couple qui montait vers les étages. Et je ne sais plus…
Un détail me revient à l’esprit. Avant de la courser, j’avais retourné la seule photo que je possédais et qui nous représentait ensemble. Je l’avais retournée contre la tablette du téléphone. Avais-je senti combien cette poursuite était vaine?
mamie Claude 15/07/2012 07:50
mansfield 16/07/2012 18:53
SklabeZ 10/07/2012 16:21
mansfield 10/07/2012 18:28
écureuil bleu 03/07/2012 20:59
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Carole 01/07/2012 23:59
mansfield 03/07/2012 12:17
Mireille 01/07/2012 17:23
mansfield 01/07/2012 22:53
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fanfan 30/06/2012 13:53
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Thaddée 29/06/2012 10:56
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jill bill 29/06/2012 10:12
mansfield 29/06/2012 15:21