Utiliser tous les mots dans l'ordre donné |
C’est en découvrant le dernier prix Fémina attribué à Jean Louis Fournier pour : Où on va, papa ?, que j’ai repensé à Lino Ventura et à son association Perce Neige. Quand il parlait des enfants différents, du sens qu’il faut donner à leur vie, du regard que l’on doit poser sur eux, surtout lorsqu’ils sont en crise. C’était un peu son testament, ce message dont le regard de l’acteur, pudique, profond, blessé, en aucun cas trivial, sublimait les mots. Le regard de l’autre peut être une toxine inoculée à petites doses, jour après jour, démolissant la confiance et la joie de vivre, deux notions qui constituent habituellement la Bible de toute existence.
Mais il peut aussi empêcher que l’enfant ne pleure, ne se sente rejeté, exclu, que ses efforts afin d’attirer l’attention, l’amour, ne paraissent superflus. Un enfant dont la sensibilité n’est pas la nôtre sait comme tous les enfants jouer, suivre un groupe dans lequel il est à l’aise, crier pour se défouler dans une cour de récréation.
Alors on peut user d’un langage un peu vif et non dénué d’humour, comme un besoin de se venger d’un sort trop cruel, afficher clairement, cyniquement diraient certains, son ras le bol, son manque de patience, ainsi que Jean Louis Fournier le souligne dans son livre. On peut adopter la discrétion de Lino Ventura, mais en aucun cas on ne doit rejeter ces enfants qui sont, avant tout, les fruits de l’amour.