Juste avant les vacances. Vous savez cet état d’esprit dans lequel on se trouve. Un grand ras le bol, un besoin de soleil et d’écouter le bruit des vagues. On alors une envie d’alpages et de forêts, d’air frais, sec et de randonnées. Alors tout nous énerve, au bureau on a tendance à bâcler, à soupirer. On compte les jours et on les coche sur le calendrier. On s’efforce de ne pas maudire les veinards qui ont déserté leur poste ou vont partir.
Quand on a prévu d’aller loin, hors de France, on établit un itinéraire, on se renseigne sur la monnaie et sur les mœurs là-bas. On se dit qu’on a de la chance, qu’on va profiter, qu’on est en bonne santé, qu’on les moyens de s’offrir de l’évasion, du rêve. On se vaccine, on peaufine son anglais, son espagnol, son chinois. Heu, peut-être pas…. pour le chinois. Mais on écorne le Routard par avance, pour se faire croire qu’on est presque des autochtones, des affranchis, des avertis.
Au bureau on claironne, à la cantonade : « moi dans une semaine, je serai sur les Keys à Miami » On prend un air snob, intéressant, on veut briller un peu, beaucoup ? auprès des collègues. Ou on se projette devant un Pastis au camping de Trifouillis-les-plages, l’air glauque tandis que l’orchestre entonne : à, à, à la queue leu leu. A moins que Miami ne soit une destination glauque et Trifouillis le summun du chic. C’est une question de point de vue, de sous, de personne.
Il y a ceux qui ont les moyens et la hantise de l’avion, alors l’été c’est tout le temps chez mémé dans sa grande maison.
Il y a ceux qui empruntent pour s’offrir le voyage de leurs rêves, et passeront l’année d’après à rembourser. Il y a ceux qui ont acheté un petit deux pièces au bord de l’eau et qui le rentabilisent année après année sans réfléchir et sans faillir.
Il y a les baroudeurs, ceux qui crapahutent, les aventuriers, il y a les jeunes qui profitent des premiers congés sans les parents. Il y a les fous du Club Mé et des gentils voyages organisés en général. Il y a les adeptes de vacances à thèmes : la route des vins, dans l’ombre de Chateaubriand, la gastronomie du Languedoc.
Et il y a ceux qui ne vont nulle part. Question de point de vue, de personne… J’en doute. Alors les vacances, le bruit des vagues, Heidi, son grand père et ses montagnes, Athènes et le Parthénon, Disney World, c’est dans la tête. Ca bourdonne, ça plafonne, ça peut rendre fou. Il faut s’occuper l’esprit par la lecture, ou l’écriture, ou internet à la bibliothèque quand c’est possible. Il faut chasser les tracas, s’aérer et se mettre en vacance. Couper le contact, la musique et le son du quotidien. Et ça vient doucement, c’est comme le ciel bleu quand les nuages s’effacent. C’est l’état de grâce, le lâcher prise, l’insouciance. C’est, pardon, ce sont les vacances !