19 septembre 2016
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On m’en avait parlé comme d’un joyau de la Manche, le long de la côte d’Emeraude. Ce n’est pas le Grand Canyon mais a-t-on réellement besoin d’aller si loin pour que la séduction opère ? Manque-t-on à ce point de lieux extraordinaires, de sites époustouflants, de paysages envoûtants ? La magie n’a-t-elle lieu qu’après 12 heures de vol et 9 de décalage ?
Je prétends que non. Le Cap Fréhel c’est d’abord une mer aux reflets de phosphore, du granit rose, des falaises découpées de 70 mètres au-dessus du niveau de la mer. La lande à perte de vue, bruyère, ajoncs, aux couleurs exubérantes, jaune, bleu, vert, rose selon la saison. Un perchoir aux oiseaux, des rochers brise lames. Des sentiers de promenade, le phare, le Fort La Latte, Jersey dans la brume.
Fréhel c’est aussi pour la midinette que je suis, et bien que les Cornouailles soient de l’autre côté, le bruissement des jupes de Catherine, les bras musclés de Heathcliff. Pour l’histoire, les fantômes des navires de corsaires, voguant toutes voiles déployées. La griserie des espaces, le danger, les gouffres, le vertige, les vents tourbillonnant, des cris d’oiseaux incessants, des nappes de brouillard, un ciel plongeant dans l’eau. C’est du bruit, des couleurs, l’odeur du large, le sel sur la peau.
C’est ce qu’il reste quand on ferme les yeux, qu’on se souvient. Dire "je suis allé" ne suffit pas. Encore faut-il être capable de reformuler ce dont on se rappelle. De restaurer la magie.