Emile Verhaeren parle d’un saule et déclare l’aimer comme un homme. Cet arbre-là je ne lui connais pas de nom. Et s’il me plaît, c’est parce qu’il ploie. Parce qu’il n’est pas d’un bloc, inébranlable. Avec un tronc solide à l’écorce rongée mais coriace. Il n’a pas une frondaison unique, somptueuse, en parasol. Il ne se tient pas droit, robuste guerrier. La fierté du baobab, l’élégance du peuplier, il n’a pas tout ça.
Il est ambigu, multiple. Il écarte les bras comme un amoureux enserre sa belle. On dirait qu’il danse, il prend son élan, il va s’envoler. Ou alors il se déroule et souhaite qu’on s’asseye dessus, qu’on teste sa résistance. Il est tendre, velu, comme un homme lui aussi. Sa force vient d’un sol qui ne nourrit que lui. Il en a fait son Dieu vivant, le seul auquel il accorde le droit de puiser dans sa terre rouge vif.
Il est le symbole de la lutte, de la victoire remportée contre l’adversité. Des réserves cachées au fond de soi. Du désir de vivre.