Pour illustrer le casse-tête de la semaine chez Sherry : est-ce que ça existe encore?
J’ai rouvert mon cahier de compositions de CE2 à cette page : leçon de choses, écrit au porte-plume, juste à côté de la géographie. Je sais au moins que ça n’existe plus. Aujourd’hui on parle de Sciences de la Vie et de la Terre, SVT. Les mots sont clairs et ont un lien direct avec le monde et ses mystères, avec la vie et ses cycles. Sur la couverture des livres on aperçoit des dauphins, des marmottes, des alpinistes, une photo de la terre. Il y a la vie et il y a la terre. Tout ce qu’un enfant découvre en regardant la télévision, en surfant sur internet, en voyageant. Et qu’on lui explique à l’école.
Mais Leçon de choses ça ne veut rien dire. A l’époque je savais bien qu’on allait parler de la pomme et de ses pépins, de la poule et de ses poussins en classe. Et je ne cherchais pas à comprendre en quoi ces choses méritaient des leçons. Je me souviens que j’avais lu, ou que quelqu’un, ma mère peut-être, m’avait raconté l’histoire du Petit Chose d’Alphonse Daudet. C’était un maître d’études, un pion, dans une école. Il était triste car tout le monde se moquait de lui. Alors pour moi, au début, c’était un moment où on partageait la tristesse de la maîtresse. C’était tout sauf les hommes, les animaux et les plantes. Je me demande qui a inventé ça, leçon de choses. Ce terme-là n’existe plus, et ça n’est pas un mal. SVT, n’est pas venu tout seul. Il y a d’abord eu Sciences Naturelles ou Sciences Nats. Mais à part le fait qu’il était question de nature, ce n’était pas très précis. Alors oui, SVT, c’est un progrès. Qui crée des images dans la tête, à une époque où n’a pas besoin de décrire pour qu’elles surgissent. Où on trouve rasoir, les longues descriptions de Balzac. SVT, si on cherche un sens caché aux mots à la manière de Camille Laurens, signifie : surtout voir tout, autour de soi.