Le défi de Lilou consiste en l'écriture d'un texte comportant une ou plusieurs expressions courantes de la langue française. J'ai pour cela remanié un extrait de l'un de mes petits romans.
Lorsque Mylène arriva, j’avais résolu de fouiller le grenier de Philippe, d’en remuer la poussière, d’en frotter la crasse.
Mylène souleva mon bras et se carra contre ma veste de jogging. Elle ferma les yeux, confiante, recueillie, joignit ses doigts aux miens : « Que c’est bon de t’aimer, tout chaud, tout doux ! »
Elle sentait le métal et la colle, ses cheveux avaient de particules de plastique multicolores. Elle avait au coin des lèvres des miettes du goûter qu’elle avait englouti en sortant de l’usine, pressée de me rejoindre : « Allons-y dis-je, par où monte-t-on au grenier ?
- Pourquoi, tu veux changer d’endroit, faire l’amour dans les combles, tu veux des sensations, un goût de moisi, des champignons? »
Elle me donna une petite tape sur le haut du crâne et s’ébroua, me scruta, bouche bée, les lèvres sèches et l’œil embué : « Mais c’est qu’il ne plaisante pas. Viens, c’est juste à côté de la cave, l’autre porte. Attention l’escalier est raide ! »
Les marches en bois vermoulu étaient étroites, avec des toiles d’araignées tout du long. L’odeur de plâtre et de poussière était si forte que notre premier geste fut de nous pincer le nez. Nous pouvions tenir debout sans problème et le grenier était coupé en deux par un mur en torchis percé d’une ouverture. La lumière entrait par des vasistas dans la toiture ; des solives en bois, fuligineuses, soutenaient les tuiles. Au dehors, les feuillages zigzaguaient au vent. Leurs ombres fauchaient les murs et le sol à l’intérieur, comme des lasers de boîte de nuit. Mylène s’élança sur la piste, gracile, écarta une vieille table à repasser, une poussette à la capote déchirée, un radiateur mangé par la rouille et déséquilibré sur trois roues. Elle manqua de s’étaler sur une tache de graisse provenant d’un flacon de cire à bois, ouvert et dégouttant sur le plancher, retint un cri d’effroi devant une tête de mort en plastique fichée au bout d’une tige. Elle s’énerva, un lit à barreaux lui agrippait le pull, s’esclaffa à la vue d’un pot à urine émaillé, pirouetta avec dans chaque main, un numéro de Science et Avenir en lambeaux. Je la rattrapai d’un bond, qu’elle arrête de se trémousser, allumeuse, lascive, charnelle, comme SORTIE DE LA CUISSE DE JUPITER.
J’étais à cran, ce n’était pas le moment. Je la maintins fermement par le coude : « Arrête ton manège !
- Tu n’en peux plus pauvre chéri. »
J’esquivai son regard et la relâchai : « Ca n’a rien à voir. »
Elle s’immobilisa, plaça une main dans son dos et l’autre à plat sur sa bouche. Elle fronça les sourcils puis en silence, souleva des bottes en caoutchouc couvertes de vert-de-gris, un tabouret en osier dont le siège était éventré, une bouteille italienne au long col à torsades, un petit ciré d’enfant lacéré. Portant au-dessus de sa tête une Pieta en albâtre, elle me questionna sèchement : « Qu’est-ce que tu veux à la fin, et n’essaies pas DE NOYER LE POISSON ? Est-ce que tu cherches quelque chose seulement ? Tu restes là sans bouger! »
Elle ne me regardait pas, elle avait les yeux fixés sur une toile d’araignée qui ondulait comme une méduse. De l’air froid passait au travers des planches et la nuit s’abattit soudain, braquant la lune sur un buffet en noyer, verni d’usure et aux portes arrachées. On devinait de grands verres à cognac collés dans la poussière d’une étagère.
« Je veux comprendre cette maison, pourquoi Philippe m’a-t-il amené ici ?
- Mais il n’y a rien à comprendre. Et moi je DONNE MA LANGUE AU CHAT ! C’est le coin idéal pour reprendre des forces, c’est tout.
Elle s’approcha de moi, faufila ses doigts glacés sous ma veste, me caressa le ventre, le torse et m’embrassa à peine bouche. Elle me relâcha : « Puisque qu’il n’y a que ça, le sexe comme une vengeance, je veux ma part, et descendons, car moi je préfère un lit douillet, chacun ses goûts. »
Je la suivis, automate, décérébré, obéissant. Je me laissai faire. Je m’obligeais à la défaite, je me rendais, me soumettais comme pour mieux savourer la victoire. L’amour était une guerre sans vainqueur, autant DONNER DES COUPS D’EPEE DANS L’EAU. J’en faisais le constat chaque fois.
Aujourd’hui je peux analyser. J’étais un imbécile, mal aimé de ses parents, mal aimant, un stéréotype banal. UN OURS MAL LECHE dit-on. Je tombais les filles, ce menu fretin, comme le fonctionnaire Argot de Tchekhov écrasait les cafards. Pour me venger d’une humiliation. Décidément, je ne retenais pas le bonheur quand il se présentait, je le gaspillais. On ne pouvait pas s’attacher à moi. On perdait son temps. On ne pouvait que CASSER DU SUCRE SUR MON DOS.
harmonie37 09/03/2012 11:41
mansfield 09/03/2012 19:53
valdy 06/03/2012 22:20
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Suzâme 06/03/2012 21:26
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