J’avais trouvé du thé vert et des biscuits dans un placard et subitement, eu le désir de déguster un thé à la menthe. Je voulais goûter, apprécier cette soirée, la savourer. J’avais déjà assisté au cérémonial du thé, tel qu’il se pratique dans le djebel aux environs de Chaouen au Maroc. Un plateau de cuivre sur une table basse, de petits verres alignés, des gâteau au miel et aux amandes, et en fond sonore, une musique andalouse diffusée par un orchestre «Djebli ». L’homme qui remplissait les verres, avait des mouvements lents de va et vient. Ses gestes avaient quelque chose de net, lumineux. Plus je le regardais, plus j’avais l’impression de le voir au travers de jumelles après une longue mise au point. Et je ressentais alors le bienfait, la grâce d’une minute hors du temps.
J’avais coupé quelques feuilles de menthe dans le jardin, en retrait de la bordure prisée des chats. Ma lampe traçait des voûtes et des ogives dans la nuit. Elle matérialisait la poussière et les insectes qui me rappelaient toutes ces particules en suspension dans ma tête. Je rinçai les feuilles et les fis infuser dans de l’eau bouillante en ajoutant le thé. Je fermai les yeux tandis que le liquide brûlant descendait dans ma gorge comme un nectar. J’étais de nouveau là-bas.