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15 décembre 2008 1 15 /12 /décembre /2008 15:11

 

72 - Ecrire la suite (Fred)

 

Fred nous a proposé, dans le cadre de l'exercice 61, une petite nouvelle (le fruit magique) dont il reconnaît lui même que la fin est assez abrupte et laisse ainsi plusieurs possibilités de suite et de morale.

 

Et si vous écriviez cette suite ?

 

Il ne s'agit pas d'être obligatoirement fidèle au style, ni même à l'univers, que développe Fred dans son texte, mais de développer le vôtre de manière à ce que le sien soit le début, quelle que soit votre façon de vous y prendre. Continuation, détournement, ou piste parallèle, votre texte peut être ce que vous déciderez d'en faire... alors ne vous génez pas, et comme toujours, un seul mot d'ordre : surprenez vos lecteurs !

 

 

Je me suis dressée sur mon lit, haletante et couverte de sueur. Ce rêve décousu, Perséphone, Hadès son époux, Baptiste et moi, une forêt, une lueur aveuglante et cette grenade dont les pépins conduisent tout droit dans le royaume des morts. Ca ne peut pas être une coïncidence, le passé, mon passé resurgit. Il y a bien longtemps que Baptiste n’est plus qu’un fantôme, un pirate de l’univers de Jack Sparrow, quelque part dans de lointaines Caraïbes. Ma vie s’est construite sans lui, banale, heureuse, un mari, des enfants. Il a réapparu au détour de mes pérégrinations sur Facebook. Il y a son profil actuel, l’homme jeune et séduisant s’est empâté, a perdu sa crinière, son allure. Et que dire de moi Sybilline, je n’ai plus la grâce d’une elfe aujourd’hui, je ressemble à la bonne fée de Cendrillon, dans le dessin animé. Une petite mémère à lunettes et à capuche, voilà ce que je suis.

Il y a dans ses photos, ce fruit, une grenade ouverte et libérant ses pépins. C’avait été un signal entre nous autrefois, un code. Celui de notre première fois. Nous avions juré par la suite de nous perdre, d’aller vers d’autres amours, d’autres partenaires pour ne pas glisser à côté de nos vies, ne rien regretter. Et nous nous étions oubliés. Il n’avait pas été l’homme de ma vie, je n’avais marqué que sa jeunesse. Alors pourquoi l’ai-je recherché sur un site de retrouvailles, pourquoi s’y est-il inscrit ? Pourquoi la grenade ?

Mes dix huit ans sont redevenus très vivants, très présents dans mon cœur et dans ma tête aussi. J’ai coupé mes cheveux, commencé un régime, changé ma garde robe, repris le sport. Je me suis mise à lorgner les petits gars dans la rue, comme ça pour retrouver une ombre, un esprit, pour me rassurer. Guetter un regard, un geste, une surprise, une lueur intéressée. Cela fait deux mois que je me recrée ; mon mari ne se doute de rien, il est amusé, fier. Il semble plus amoureux que jamais. Je me sens prête à entrer en contact, c’est pitoyable.

Mais avec les fêtes en famille, tout ce folklore, ce tourbillon, je laisse passer. Puis les soldes, les occasions à saisir me happent. Enfin arrive l’époque des examens des enfants, leurs angoisses, leurs soupirs, je suis là  pour soutenir, encourager. Dans un coin de mon âme se tapit une silhouette, se dessine un fruit à la pulpe rouge et craquant sous la dent. Jamais je n’oserai.

Alors je tourne autour, je louvoie, consulte d’autres profil sur Facebook, retrouve des camarades d’école, de collège, de lycée. Je me repais de nostalgie, je réinvente mes années. J’élabore un personnage qui n’est pas moi, qui n’est même  pas celle que j’étais avant. Et je m’en aperçois. Tout dégringole, je le sais, je le sens. Je dois visiter sa page de nouveau, ne rien rater cette fois, tout décrypter. Baptiste es-tu un leurre toi aussi, n’es-tu là que pour me faire réagir, m’interdire le négligé, le laisser aller ?

A côté de résidence, tu as inscrit Espagne, Torremolinos. A côté de situation,  pacsé sans enfant. A côté de profession, import export, fruits et agrumes. Je vois  une belle affiche, des grenades, des oranges, des citrons.

Ai-je pleuré sur moi-même, ai-je ri aux éclats, je ne sais plus trop. J’ai supprimé mon profil sur Facebook. Je sais que j’aime mon compagnon de route. Plus que jamais.

 

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commentaires

I
j'aime cette touche de réalité dans ce conte fantastique. Bravo
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M
<br /> Le fantastique et le réel se rejoignent toujours que l'on veuille fuir ou sublimer le quotidien et ça fait du bien. Tu as raison<br /> <br /> <br />
F
Bonjour,<br /> <br /> Architectes comme toi, je t’invite à nous découvrir : FUXA et FUXY, qui sommes-nous ?<br /> <br /> http://leterrierdesrenards.over-blog.fr/article-25922913.html<br /> <br /> Bonne Journée,<br /> Amitiés du terrier des renards…
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L
Bonjour,<br /> Et des vieux souvenirs d'un Torremolinos d'il y a 40 ans... Nostalgie !<br /> Architecte comme toi et pour mieux nous connaître, je t’invite à nous découvrir. Moi, c’est loic. Qui suis-je ? Tu peux me lire à cette adresse http://loicdetrigon.over-blog.com/article-25884303.html . Amicalement et à bientôt.
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L
Bonjour,<br /> Et des vieux souvenirs d'un Torremolinos d'il y a 40 ans... Nostalgie !<br /> Architecte comme toi et pour mieux nous connaître, je t’invite à nous découvrir. Moi, c’est loic. Qui suis-je ? Tu peux me lire à cette adresse http://loicdetrigon.over-blog.com/article-25884303.html . Amicalement et à bientôt.
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