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28 novembre 2012 3 28 /11 /novembre /2012 10:00

 

Pour commenter le tableau-sujet de la quinzaine chez Miletune

 

carolus durand

Carolus-Duran: Le baiser

 

Plus encore que ses baisers, ce sont ses mains qui m’électrisent. La chaleur, la douceur du contact, la largeur rassurante des paumes, et le poids… Cette somme d’amour déposée sur mon ventre comme un trésor dans lequel mes doigts se perdent  jusqu’au vertige. Je tiens à lui, à l’énergie qu’il m’insuffle. Le bonheur irradie mes entrailles,  je me sens élevée, transportée. C’est comme si je volais au-dessus de moi, en regardant cette étrangère pâmée dans les bras d’un homme. Comme si cette minute était trop intense et mon ressenti trop ardent, je suis obligée de me détacher, de m’extraire de la scène afin de la vivre pleinement. Je suis comme morte, flottante, irréelle.

Je  lui pèse pourtant, ma tête est lourde sur le coussin tendre de ses doigts. La position est inconfortable, il tremble et va bientôt lâcher prise. Je sais qu’il aime jouer dans ma chevelure, il parle de soie et de brillance, de parure et d’opulence. De jasmin, de rose aussi, d’ivresse. Je sais qu’il m’offrira ses genoux et la caresse de sa main sur mon front. Il disposera les fleurs de ce bouquet tout autour de moi, en créant le cadre d’un tableau. Ses yeux grands ouverts auront l’éclat du velours.  Ce baiser humide et doux aura duré une seconde, une éternité.

 

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 10:00

 

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Si les bords de mer se ressemblent un peu tous, c’est en les surplombant qu’on s’aperçoit qu’ils ont l’air de grandes bouches ouvertes pour happer les estivants comme des aliments. Les baigneurs arrivent, tous mouillés de la mer, comme avalés avec un grand verre d’eau et vont s’abattre sur la langue râpeuse de sable blanc.  Ils s’y attardent comme des bonbons qu’on prend le temps de laisser fondre afin de laisser le palais s’imprégner de leur goût de sel et d’huile, en les retournant, d’un côté, de l’autre. Et quand enfin, caramélisés à point, ils décident de rentrer chez eux, à l’hôtel ou au camping, ils se dissolvent derrière un dédale d’immeubles plus ou moins gracieux alignés ainsi que les incisives déchiqueteuses d’une mâchoire de carte postale. Ici, à Péniscola en Espagne, le soleil, les palmiers, les fontaines, les petits bars en bordure, apportent la détente et l’insouciance et font oublier que la plage est une louve. On s’y amasse, on s’y précipite, et quand viennent les journées froides de l’hiver, on se surprend à attendre avec impatience, le moment de se jeter dans sa gueule.

 

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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 10:00

 

Le casse-tête proposé par Sherry cette semaine est : Fenêtre

 

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Comme dans la plupart des châteaux immenses, superbement décorés et froids, les vieux murs laissent passer le soleil par de nombreuses ouvertures dans les profondeurs de sa chair comme il permet aux visiteurs d’entrer par le pont, autrefois pont-levis. Il échappe ainsi à l’oubli, dépoussière les meubles entreposés par des générations de châtelains et de donateurs, chasse l’odeur de renfermé et de moisi qui imprègnent rapidement tentures et broderies. Ici chacun se pâme dans la chambre de Mme de Maintenon, son antichambre, son oratoire, ou dans la salle de billard aménagée au XIXème siècle. Et ce château, un peu fier, un peu prétentieux s’enorgueillit de tels hommages.

 

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Il ouvre grand ses yeux  à facettes multiples, sur le monde. Il lui faut un cadre ordonné, rassurant, des allées entretenues et géométriques conçues par Le Nôtre, à la française, bordées d’arbres, les arceaux de pierre d’un aqueduc aménagé par Louis XIV pour ne pas heurter son regard un peu vague d’ancêtre, un canal de fraîcheur afin d’y baigner ses fondations, brûlantes l’été. Et lorsqu’au loin, il entend des pas crisser sur le gravier et observe la foule  qui s’extasie sur sa beauté, sa majesté, l’éclat métallique de son donjon, il laisse s’écouler des larmes de joie le long des vitres enchâssées dans  ses murs épais.

 

Photo 095 

 

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 10:00

 

C’est d’abord prendre la route en automne avec le sentiment de rouler dans le soleil tant les bas côtés débordent de lumière. C’est découvrir des champs de betteraves, de maïs, des terres noires et retournées, des étendues vertes et herbeuses. Traverser les villes et villages de l’Aisne, un samedi soir de novembre c’est pénétrer l’univers de  Matisse, originaire du Cateau Cambrésis.

 

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Des rues centrales soufflées par le vent et la pluie, quelques commerçants, des églises, des voitures garées tout autour. Un ciel bas et gris fondu dans l’ardoise des toits. Des maisons glacées aux murs de brique rouge. Des rues  vides, des affiches  « à vendre »,  placardées devant de magnifiques bâtisses qu’on s’arracherait à prix d’or, ailleurs. Une architecture géométrique, lignes, pointes, parallèles, on se heurte aux angles, la pierre est rugueuse.  En cette saison, le manque d’arrondis, de courbes, agresse le regard. On découvre les estaminets, on apprécie la bière, les frites et le maroilles, tout ce qui colle au corps, facilite les échanges et ramollit les cœurs.  

 

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A Maroilles, j’ai compris que manger n’est pas le seul moyen de réchauffer les âmes. Le soleil déclinait à la sortie de la ville, sur le vieux moulin dont les briques mangées de pierres neuves et ternes, roussissaient. J’entendais l’eau  mousser à ses pieds, je restais là interdite car vivre c’était observer des pierres, écouter de l’eau, attendre.

 

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Derrière moi, les arbres attrapaient le soleil, le temps de se poudrer le nez et de se parer pour la nuit.

 

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18 novembre 2012 7 18 /11 /novembre /2012 10:00

 

Sherry m’a tendu la perche du flou artistique, alors j’ai tout de suite pensé à cette classe de collégiens rencontrée au Musée D’Art Moderne de Paris, tandis que je découvrais l’exposition «  L’art en guerre ».  Aller à la rencontre d’artistes dont la guerre n’a pas réussi à stopper le génie créateur n’était pas obligatoirement leur tasse de thé. Les notions d’occupant, d’exécution, d’emprisonnement paraissent aussi vagues que celle de symbolisme ou de surréalisme. De grands noms tels que Ersnt, Dali, Picasso, Matisse leurs disaient quelque chose.

 

Matisse jazz 

Matisse, Jazz

 

Car la folie, la magie, les singularités de chacun sont connues au-delà du thème de la guerre. Mais un ado s’ennuie vite, il gesticule, s’éloigne du groupe, ricane, observe les autres visiteurs, se moque, fait semblant de prendre des notes mais griffonne en réalité. La tête à Toto est source d’inspiration. Ou alors il s’assied, superbement fatigué, sur le siège d’un employé du musée et se fait vertement rappeler à l’ordre. Quant au cinéma des années quarante, en noir et blanc, « Le Corbeau », « Les enfants du paradis, bof ! Flou tout ça, très flou.

Et que penser d’un tableau tel que celui-ci :

 

Fautrier

Jean Fautrier, La Juive

 

J’avoue avoir eu beaucoup de mal à interpréter et à comprendre moi aussi. Heureusement, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir de magnifiques peintures naïves de l’alsacien Joseph Steib.

 

Steib


Le miracle s’est produit en fin d’exposition quand ces jeunes se sont frottés à d’autres jeunes comme Guy Moquet dont le portrait leur renvoyait leur jeunesse.

 

Guy Moquet

 

Quand ils ont regardé des dessins croqués sur des feuilles de papier qui, même jaunies, étaient quasiment les feuilles de leurs carnets. Quand ils se  sont postés devant un tableau de Charlotte Salomon en gloussant qu’ils auraient pu « faire pareil ». Et qu’ils ont pris le temps de lire le texte.

 

 20-juillet-2012 2591

 

Ce fut l’unique moment où je ai les vus se grouper autour du guide comme des mouches. Ils étaient pourtant fourbus. Mais en sortant du Musée, la deuxième guerre mondiale n’était plus aussi floue à leurs yeux.

 

 

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10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 10:00

 

 

Photo-499-copie-1.jpg

 

En pause pour une semaine, mais un dernier article en attendant!

 

 

 

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Au large de la pointe, planté dans le canal

Tu exposes tes facettes à la douceur du vent

Ton tranchant émeraude, sur une mer étale,

Défiant  les embruns, a l’éclat du Diamant

 

 

 

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Volant à la topaze, sa couleur, ses nuances

Vous avez oublié d’accrocher sa brillance

Ainsi fixées, tressées pas même dépareillées

Vous auriez figuré le plus beau des colliers

 

 

 

20-juillet-2012 0299

 

Tel un peigne espagnol ciselé dans l’écaille

Il orne les massifs aux feuilles tanguant  au vent,

 Aux mèches duveteuses, aux limbes couleur d’argent ;

Et déroule au soleil son splendide éventail

 

 

 

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5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 08:00

 

Chez Enriqueta le défi est : c'est un petit lieu qui ne paie pas de mine, banc public, ruelle, place, arrêt de bus… un endroit qui ne vaut pas le détour sauf pour vous. Décrivez ce lieu et racontez pourquoi, il vous plaît ou déplaît tant.

 

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C’est un réverbère pour moi, à Beaulieu sur Dordogne où nous avions passé nos premières vacances en amoureux, avec mon mari. L’été,  Beaulieu est une fourmilière : un terrain de camping à la sortie de la ville, des vacanciers  agglutinés autour de la Dordogne qu’ils traversent en pédalo, ou éparpillés dans les  nombreux bars. Le soir lorsqu’on s’assied sur le banc, dans la douceur des nuits d’août et sous le double halo de la lune et du réverbère, l’eau a une odeur de terre grasse et fertile.  Les générations s’entrecroisent à l’heure de la promenade, les accents de France se marient, quoique saupoudrés de flegme britannique. De là on aperçoit les silhouettes des maisons. Les pierres racontent des histoires du terroir, que les chats de la ville se transmettent le jour, en les écoutant, quand les briques brûlent sous le poil, au soleil. On se représente les rues étroites où il fait bon se perdre lorsque sonne le carillon de l’église, que le  vent soulève le lierre plaqué aux murs centenaires. Tout près, se tiennent de petits restaurants gastronomiques aux terrasses donnant sur la Dordogne. Des pensions de famille aux menus pantagruéliques où le confit de canard se marie aux pommes de terre et où les noix sont reines.  Il est agréable de s’imprégner du pays qui s’ouvre au monde et rajeunit  le temps d’une saison, comme pour s’aérer. Comme on déplie le journal et lit les nouvelles, se tient au courant de la vie, ailleurs. Un journal que Beaulieu referme ensuite afin de poursuivre un chemin de rocaille façonné par les siècles.

 

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Depuis nous retournons souvent à Beaulieu où notre jeunesse s’est accrochée aux murs, aux pavés, aux berges de la Dordogne. Au réverbère. Au printemps la nature est  verdoyante, moussue, les odeurs d’herbe mouillée montent du sol. Les tuiles des maisons luisent au loin comme vernies. La Dordogne  qui s’ébroue au sortir de l’hiver est glacée, et galope comme un jeune chien, la gueule baveuse. Ses berges désertées avides de sensations, bruissent de plaisir sous les pas des premiers touristes. A cet endroit, entre le banc et le réverbère, on entend sans les voir, les chutes et la rage qui les accompagne. Ce bruit sourd, incessant est celui de notre jeunesse qui rue. Mais si l’on se retourne, le regard porte sur la montagne paisible, incontournable, signe du temps qui vient. Celui des jours denses et précieux que savourent ceux qui ont déjà vécu une bonne part d’existence.  

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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 10:00

 

Le casse tête cette semaine chez Sherry est: expressions animalières

 

 

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Je suppose que vous les avez toutes nommées, alors j’ai décidé de ne pas les évoquer. Mais comment relever ce casse-tête alors ? En parlant d’animaux malgré tout. J’ai choisi les biquettes qui squattent dans le jardin mitoyen de celui de mon beau-père dans l'Oise. Elles sont arrivées là un jour que les voisins parisiens avaient décidé de jouer les fermiers. Un paysan leur  avait offert une paire de biquettes « domino ». En omettant de dire que la plus claire attendait des petits. Voilà nos parisiens ravis, ils construisent un enclos dans leur jardin, et mon beau-père fouineur repère le petit ventre rond de la demoiselle. Mais il se tait car les parisiens sont un peu snobs c’est bien connus. Ils lui auraient répondu de se mêler de ses affaires. Alors motus….

Il joue l’étonné quand les petiotes arrivent et plaint ses gentils voisins  de tout cœur. Bien sûr, sans vouloir jouer les Cosette la suite est prévisible. Les biquettes,  les bêlements incessants, les galopades telles qu’il devient indispensable d’agrandir l’enclos, tout ce tintouin c’est rigolo deux minutes. L’enclos est vite tondu par la petite famille et on oublie de la nourrir ensuite. La petite chèvre noire devient jalouse de la jeune maman fiérote. Tout le monde a faim et les bêlements redoublent.

Mon beau-père se faufile en douce dans l’enclos et y dépose quelques salades de son carré, des carottes aussi. Quand il arrive, l’accueil est triomphal, tintement de clochette, sérénade, petits galops précipités, mouvements de barbiches. Joie, bonheur, félicité ! Avec les voisins c’est l’entente cordiale à présent qu’ils sont déchargés d’un fardeau. Vous vous en doutiez ? D’ici peu, allez, un mois, deux mois ?  les biquettes auront changé de propriétaire. Gratuitement, à n'en pas douter. Et puis franchement, elles sont mignonnes, et les nourrir  ne casse pas trois jambes à un humain !

 

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 10:00

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Dans le silence et loin de nous, il prend la brise

Au parfum  doux, déplie ses ailes mouchetées

Se pose en star désabusée, sur un lacet

Oblique, prêt à l’envol,  parfaite maîtrise

 

 

 

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Il navigue dans la soie et épouse les crêtes

D’une eau calme et moirée par un matin d’été

Pour lui, à l’horizon, le ciel clair azuré

Compose le couvercle d’une sublime cassette

 

 

 

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Fascinée, je ne me lasse pas de l’admirer

Impossible de deviner quelle fleur dressée

Ainsi racée, offrant l’or pâle de ses pétales

Gantée de rose, me snobe, orgueilleuse, verticale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 10:00

 

Casse tête cette semaine chez Sherry: pannes et solutions

 

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Avec le changement d’heure, j’ai pensé à la panne d’oreiller inversée. Au réveil précoce. Parce que c’est le risque, de l’été vers l’hiver. En se couchant le soir, très tard car il y aura du rab, on abuse un peu, on croit pouvoir profiter de cette petite heure. On espère s’endormir dessus comme sur un oreiller moelleux. Cette petite heure heure-là, elle est magique, peuplée de marrons éclatés, de citrouilles évidées, de bonnets rouges bordés de fourrure blanche. Elle raconte des événements à venir, attendus et sans surprise. Elle revient tous les ans comme un cadeau sur le temps, c’est une heure pendant laquelle on ne vieillit pas. Elle devrait agir comme un élixir et stopper tous ces phénomènes hormonaux et physiologiques qui attaquent nos cellules. Et, pourquoi ne pas inverser le processus ensuite. Benjamin Button a dû connaître ça, la petite heure déboussolée….

Mais c’est sans compter sans l’horloge biologique qui traque la petite heure et la coince entre les aiguilles et la trotteuse. On peut dire que c’est de l’excès de zèle, on a beau faire, on ne se lève pas plus tard que la veille. Parce que le corps a son compte, il est persuadé d’être à l’heure. Il est en panne.  Il ne le reste pas longtemps, il s’adapte. Sa solution est là, c’est le principe de la vie. Il intègre le nouveau paramètre, il avale et digère la petite heure. Et oublie très vite qu’elle a existé.

 

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