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18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 10:00

Cela commence dès la sortie de l’aéroport, dès que la route s’ouvre devant le car. La méthode n’est peut-être pas bonne, se projeter  à l’extérieur  quand l’extérieur se cogne aux vitres d’un bus climatisé. Le dépaysement, la plongée dans ce monde, autre, survient comme un décor de Noël. Surprise et émerveillement. Images et clichés  pour de vrai. Mitraillés comme les souvenirs bombardent la mémoire, en vrac. Et dans l’avion au retour, on trafiquera dans sa tête un discours, pour les amis. Les subtilités, les variantes, nord, centre, sud Vietnam, glisseront ensuite dans le récit. Comme  pour Jason Bourne, la mémoire de la peau se livre par saccades. Comme pour Jack Kérouac, l’urgence, la hâte de tout retenir, exister ce n’est que ça, voir, obligent à cogner les mots comme des glaçons dans un verre.

 

Sur la route, rizières noyées ou chevelues, étendues vertes à perte de vue, buffles, zébus, chapeaux coniques trottinant au milieu, véritables banquiers des trésors du pays.

 

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Ca et là, en plein champ, des tombes telles des pagodes miniatures, vous initient en douceur. Manger, vivre, mourir, c’est pareil. En ville dans la moiteur, lacs, pagodes et temples se racontent des légendes avec la grâce policée de l’Orient.  

 

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La pagode au pilier unique à Hanoï

 

Des scooters nombreux, anarchiques, quadrillent les rues comme des croisillons de pâte décorent une tarte.Visite des villes en cyclopousse, au plus près de l’effervescence, de la folie, au ras des camions. Plongée dans la marée toxique des gaz d’échappement. Des autochtones masqués, s’en prémunissent. Des filles se couvrent de la tête au pied, de peur que le soleil ne les noircisse. Ou  bien, dignes et droites elles conduisent leurs scooters comme de fiers destriers. Tiens, ces lycéennes toutes de blanc vêtues, dans le costume traditionnel, sont des papillons de jour à l’allure troublante. On peut aussi charger des paniers, des colis, des gâteaux, édifices périlleux, sortes de tours aveuglantes, et vogue le scooter !

 

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Sur les trottoirs on se restaure. Sièges en plastique, tables basses et soupe Pho, baguettes et vermicelles. On mange tout le temps, beaucoup de légumes et vite, on s’active. Ah la ligne svelte et légère des asiatiques ! La nourriture, nems, riz, poisson, poulet, porc, crêpes, liserons d’eau, champignons, soupe, noix de coco, fruit du dragon, jacquier, mangue…Tant de recettes, de raffinement, peu de graisses, exemplarité diététique.

Le colonialisme est prégnant, s’impose par ses bâtiments de couleur ocre, aux volets verts. Il ne lui reste que cette légitimité-là.

 

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Les marchés font leur folklore au ras du sol. Denrées périssables, viande ou poisson, on chasse les mouches avec des sacs plastiques. Odeurs fortes parfois rances, couleurs, confinement, caractéristiques.

 

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 Ces curieux paniers à balancier, les marchandises tanguent en leur creux. Flottants, dans la lumière étonnante du matin, les marchés du Delta du Mékong, petites villes sur l’eau, charrient pastèques, bananes et patates douces.

La baie D’Ha Long. Paysage grandiose de monts fracassés par la queue d’un dragon irrité. Désordre paisible, colère placide.  Mer verte, rochers couverts de végétation et chauves par endroits, bateaux, villages de pêcheurs, roches aux formes évocatrices, chien, poule, coq, chaussures.

 

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La campagne. Cours d’eau émeraude,  camaïeu d’une verdure luxuriante, fleurs de lotus, nénuphars, papillons noirs, œufs d’escargot, libellules, bourdonnement d’insectes, cris de singes, et au loin des chèvres perchées dans les montagnes, des orchidées pleurant sur leurs flancs.

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C’est l’abord, ce qui reste en premier. Avant l’étude du Feng Shui, du culte de Boudha,  des ancêtres Chams, du communisme D’Ho Chi Min, des guerres d’Indochine et du Vietnam, et du Sadec de Marguerite Duras. Avant d’évoquer Vietminhs et vietcongs. Mais je retiens  surtout, une attitude, une coutume, un comportement ancestral, paysan, digne. Le vietnamien est un homme accroupi.

 

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Ainsi il entretient ses rizières, vend ses légumes, mange la soupe, se poste le soir sur le seuil de sa maison étroite, prie son Dieu. Il est pauvre souvent, vit dans des cabanes en tôle parfois ; son humilité est sa grandeur. Au sol, à terre, sous un ciel souvent bas et gris, il allume un bâton d’encens dont la fumée lui permet de communiquer avec Lui, Tout Puissant, au firmament.

 

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14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 08:00

Pour commenter le tableau de Daumier, sujet de la quinzaine, proposé par Miletune

 

daumier avocats

 

Le sourire en pleine lumière d’une hydre à trois têtes happe le regard. Un sourire décomposé et pourtant harmonieux comme le discours persuasif, éloquent d’un expert du barreau. Chaque visage a l’éclat de la justice, la certitude tranquille du bon droit, et le port de la robe accentue la majesté des traits. Ces têtes pensantes et dodelinant crèvent la toile, on les toucherait presque. Elles demeurent indifférentes cependant, centrées en elles-mêmes, conscientes de leur importance, de leur pouvoir. Une sorte d’orgueil de caste, de clan, ou l’adoption d’une stratégie, une attitude de circonstance.

 Les cravates, les documents portés près du cœur, comme autant de preuves de  foi et sincérité,  offrent à la scène un air de virginité. Voyez comme la bête  se donne et dépense une énergie folle dans la défense du citoyen !  Derrière la porte close dans son dos, l’étendue de son talent s’exprimera tout à l’heure. Elle rencontrera le public, envoutera l’auditoire, c’est presque gagné. Un halo doré, éblouissant se répand  sur ce corps monstrueusement efficace. Et lorsque les têtes seront toutes trois auréolées de lumière, elles tourneront lentement.  Elles nous ferons face, nous fixeront, un rictus carnassier appliqué à l’endroit sacré de la parole. 

 

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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 08:00

Le défi de rentrée chez Voilier consiste à laisser naviguer notre imagination sur le thème « Chants d’Encres », à partir d’une bande sonore issue de l’album de Patricia Dallio : « L’encre des voix secrètes », et dont le titre est « Intrigue». 

 

Ce serait un murmure, un chuchotement, un bruit de métal, de porte qui claque, une machinerie qui s’emballe, le début d’une intrigue au cinéma et la bande sonore qui l’accompagne. Ce serait une annonce, un départ, prévenir, indiquer l’imminence d’un danger. Et pourquoi pas un avant-goût du bonheur, du triomphe, du succès…

 

Ce serait une musique d’ambiance au restaurant, et l’évitement des regards constituerait le plat principal, le couple comprendrait qu’il n’en est plus un.

On penserait à  une consultation chez le médecin, à une chaise raclant le sol, avant le diagnostic suspendu au-dessus des têtes.

On imagine un concert, des notes, disparates, échappées des coulisses, prémices d’un show éblouissant.

On se laisse porter, les yeux fermés, allongé sur un tapis, une voix douce s’adresse à nos muscles, nos articulations, nos corps noués.

 

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On déambule dans les salles immenses mises à la disposition d’une exposition d’art contemporain, ferrailles hétéroclites,  blocs de ciments entassés, colorés, agressifs, et fond sonore adéquat.

 Tressaillements, cœur hypertrophié, pupilles dilatées, oreilles bourdonnantes à l’heure du premier rendez-vous.

Ce serait un matin de fin d’été à la campagne, des champs vallonnés,  voluptueux, tondus, se préparant à l’automne, au givre de l’hiver.

Je suis assise à la terrasse d’un café, une fontaine  chuinte sur une place aérée, des voitures circulent avec lenteur, ciel gris ; un souffle d’air chaud dans mon cou,  tournoiement de notes dans ma tête. Un  jeune homme  lit « Les frères Karamazov » à la table d’à côté. Dégringolade de cheveux roux sur les pages.  Comme il est beau !

Je me promène dans un sous-bois en me gorgeant de mûres, je m’assieds sur un banc caché sous les arbres, et la forêt vient à moi, les feuilles, les branches des frênes conversent dans leur langage porté par le vent, la trouée d’eau verte de l’étang vrombit de mille élytres. Un planeur promène sa masse sombre juste sous les nuages, mon regard file tout là-haut vers la dentelle ciselée par le soleil dans le matériau végétal.

 

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C’est la rentrée, la routine, l’agitation nerveuse et stérile. Le renouvellement de tâches devenues lassantes. Un instant encore, à se harnacher de sons comme  d'un bouclier, une protection. Partir, dans le désordre de la pensée. Le monde, cotonneux, perçu comme un chatouillis…

 

 

 

 

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16 août 2012 4 16 /08 /août /2012 10:00

 

 Inspiration libre, avant les vacances qui arrivent, en fin de semaine pour moi...

 

 

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Août est encore installé et brûle l’été

Mais déjà les arbres comme les saisons s’affolent

Ajustent leurs parures,  dansent une farandole

Car septembre à la porte, refuse de trépigner

 

 

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Dans les rues de Caylus, écrasée de chaleur

Il promenait sa truffe et des yeux de clown triste

Comme si le Moyen âge, et toute sa splendeur

Avait dans son regard laissé des cicatrices.

 

 

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Quel accueil sur le toit, quel est ce trouble-fête ?

Un dragon de métal à la pierre enchainé

Il se tapit dans l’ombre et crache sur les têtes

Des visiteurs qui passent et foulent le gravier

Qui rompent le silence, et par leurs galipettes

Brisent l’éclat vernis de ce beau ciel d’été

 

 

2009 021

 

S’asseoir là, sur la pierre, juste face au  reflet

Se fondre dans la lumière et se laisser couler

Le long de la rivière, des pétales argentés

Couvrent les plaies amères des âmes tourmentées.

 

 

 

 

 

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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 10:00

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Je me suis installée devant et  me suis demandée pourquoi j’avais choisi celle-là. Qu’avait-elle de spécial, à part le fait d’avoir été prise depuis le jardin du château de Saint Projet dans le Tarn-et-Garonne, où dormit la Reine Margot, paraît-il. Elle me fascinait comme la photo d’une icône. Comme un produit, une marque de fabrique. Quelque chose de reconnaissable dans l’ensemble. On dit j’aime, parce que ça fait partie d’un tout, il y a une signature. On est presque forcé d’aimer, de penser c’est beau, de cette beauté universelle qui met tout le monde d’accord.

J’ai pris le temps de découper l’image, d’en examiner les morceaux, de jouer les expertes. La vasque au premier plan, qu’on dirait ajoutée après coup apporte un surcroit de couleurs. Ces boutons orangés sont installés au-devant d’une scène de campagne classique, comme des personnages. Ils se dressent  et foulent des champs tondus, hachurés et coiffés tels des enfants de cœur, avec des raies sur le côté. Ils dansent au gré du vent et avec une certaine fièvre, luttant contre la courbure du terrain.

 Les maisons à l’arrière-plan, fichées ainsi que des piquets aux pointes rouges, contre balancent l’ensemble. Restaurent un équilibre, ce sont les duègnes qui contiennent la jeunesse turbulente. Un enroulement de verdure au fond, molletonne le décor. Comme si le ciel intensément bleu ne devait pas rencontrer le sol ocre de manière trop abrupte. Si l’on devait morceler ces couleurs chaudes, claires, éclatantes. De la lumière certes, mais une intensité progressive, installée, harmonieuse. Les lignes sont marquées, horizontale pour la vasque,  le mur de pierre  et le ciel, verticale pour les fleurs et les maisons, arrondie pour le champ.

Alors oui, j’aime beaucoup cette photo. Mais  son étude est une élucubration de ma part. La tentation d’appliquer quelques codes d’analyse de la peinture, à une photo prise comme ça, dans l’impulsion du moment. Parce que je suis conditionnée, cette photo me rappelle un peintre. La toute première fois que je l’ai vue, je me suis écriée : oh, on dirait du Van Gogh ! en connaisseuse du dimanche.

 

 

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10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 10:00
  1. Le casse-tête cette quinzaine chez Sherry est : « Jeux de plein air »

 

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Il s’agit d’un  jeu cruel.  Je l’avais évoqué, lors d’un article précédent : DISPUTE.  C’est une activité pratiquée dans les îles,  les photos que je montre ont été prises à la Martinique. On fait se rencontrer un serpent fer-de- lance appelé à tort trigonocéphale et une mangouste.

 

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Dans la nature tous deux cohabitent paisiblement.  A l’origine on a introduit la mangouste  afin de combattre le serpent dans les plantations de canne à sucre. Mais les affrontements n’ont lieu réellement que pour le spectacle, et dans l’espace clos que constitue la cage de verre.

 

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Les assauts de la mangouste sont des morsures éparses, de quoi déstabiliser le serpent qui n’a pas son agilité. De surcroit, le petit mammifère est en partie immunisé contre le venin. Le dernier  assaut est fatal pour le reptile puisqu’il se produit au niveau de l'arrière de la tête.

 

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On organise des combats pour le public comme c’est le cas ici. La mangouste a souvent la vie sauve mais peut ensuite succomber à ses blessures. Aujourd’hui elle est un véritable fléau car elle s’attaque à de nombreux animaux: iguanes, couleuvres, poules.

Aussi quand ma  « Dispute » évoquait ce combat, c’était une exagération car la colère doit être constructive, appuyer sur ce qui va mal afin d’y remédier. Et non pour achever l’adversaire par KO. N’est-ce pas ?

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6 août 2012 1 06 /08 /août /2012 10:00

 

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Piscine Oberkampf à Paris, image prise sur le net

 

C’est l’été et à Paris, on va à la piscine. Il faudrait pédaler un peu vite, un peu loin pour trouver la mer. Les enfants  se contentent d’éclaboussures, je patauge, tu plonges, tu me prêtes ta planche, je te passe mes lunettes. On nage sous les gens, on leur rentre dedans. On fatigue, on a envie de faire pipi, on a faim, on rentre fourbu.

Pour nous, c’est plus monotone. Longueurs sculptant le corps, notre corps svelte et musclé. Mais si, mais si... Pauses, et force moulinets de jambe, avec les coudes sur les rebords. Séances bronzette et lecture si la piscine, découverte, possède un coin de gazon. Ou alors observation zélée d’autres nageurs en apparence,  décrochage de cerveau en réalité. Parfois, dans ces périodes d’absence, je pense à Aurélien, celui d’Aragon. Le type qui nage dans la piscine Oberkampf à Paris, XIème. Aurélien le bourgeois, se frotte au peuple. S’ébroue joyeusement. Se remémore Bérénice son amour impossible. Ronde  éternelle de l’eau, de l’amour et de la mort. Dans le livre, l’eau est le véritable symbole, le décor reste anecdotique.  Il est le héros de mon article.

 Je connais  bien cette petite piscine en forme de L. Mes enfants y ont appris à nager. Je me dis chaque fois, qu’elle n’a pratiquement pas changé depuis 1922, date à laquelle se déroule la première partie de l’histoire d’Aurélien.

« Si petit que fût l’espace, Aurélien préférait encore celles-ci (les piscines de l’est parisien) aux cuvettes pour gens chics qui lui étaient toujours suspectes pour la propreté… L’étroit balcon entouré de cabines de bois peint rouille ruisselait d’hommes qui s’ils venaient ici le faisaient par goût de la nage et du bain…C’était un boyau d’eau verte, assez propre, bien éclairé, faisant sur le côté un coude avec une branche latérale pour le petit bain, où allaient les enfants et les gens qui ne savent pas nager. L’eau était légèrement chauffée et cela faisait un peu de buée en l’air ».

Bien sûr,  elle a été refaite  au goût du jour, peinture fraîche et céramique clinquante. Il ne lui manque que les ferronneries pour paraître  aussi racée que la Piscine Musée de Roubaix.  Les cabines en hauteur, surplombant le bassin, ont gardé ce petit air vieillot. On parle de style paquebot avec des coursives pour arriver aux cabines. Des hommes comme ceux qui  étrennaient leur « maillot rayé emprunté à la caisse, leur cache sexe ou leur petit caleçon blanc » et « éclaboussaient l’air » s’y rendent aujourd’hui. Des femmes aussi, qui ne se baignaient pas avec les hommes à l’époque, semble-t-il.

 

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La piscine. Musée de Roubaix.

 

Il existe peu d’endroits, de sites à l’intérieur desquels,  l’activité demeure inchangée par le temps et l’histoire. Nombreux sont les musées, les administrations, les ministères, les châteaux qui nous tiennent à distance. Un recul souvent matérialisée par un cordon qui sépare, qui éloigne. On peut imaginer les personnages, les gens célèbres, on ne se promène pas au milieu d’eux.  C’est  une petite frustration, une injustice.

Quand je me rends à la piscine Oberkampf, c’est comme si j’avais obtenu l’autorisation de m’asseoir dans un fauteuil à Versailles et d’y laisser mes empreintes. Je nage avec Riquet, l’ouvrier, et son « copain » Aurélien, le bourgeois. Il n’y a là aucune idée coquine, mesdames… je vous entends !

Je termine avec les mots d’Aragon qui évoque l’effondrement des barrières  sociales : « Il (Aurélien) avait éprouvé …ce plaisir, ce contentement qu’il retrouvait à cette heure : d’être, sans que personne ne s’en aperçût, introduit là où il n’avait pas le droit de se trouver, de ne pas se distinguer de ces gens d’habitude lointains, mystérieux, interdits… Il sentait ce qu’à rebours on imagine qu’un homme du peuple pourrait ressentir, brusquement transporté dans une société choisie, élégante, riche, éblouissante… »

La piscine m’envoûte, parce qu’elle résiste au temps. Je ne m’étais pas rendue compte que l’eau et la nudité gommant toutes les barrières, l’illusion de la rencontre entre deux époques s’en trouve renforcée.

 

 

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29 juillet 2012 7 29 /07 /juillet /2012 10:00

 

Le casse-tête cette semaine chez Sherry est : suggestion

 

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Au loin à l’horizon, incident de parcours

Posées au creux des vagues, flottant sur du velours

Imposent le silence, se pulsent avec aisance

Approchent de la coque, translucides nuisances

Suggestion ?

 

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Regroupées dans le port, enkystées sans un bruit

Silhouettes fantômes ballotées par les flots

 Tandis qu’un ultime rayon persévère et luit

On entend de la nuit, le tout premier sanglot

Suggestion ?

 

Photo 002    

 

 

 

 

 

 

A l’avant et crinière dressée, caracole

Les dents serrant le mors, dirige la gondole

Berce les amours, lumineux guide d’un jour

Illusion des cœurs sourds flirtant avec toujours

Suggestion ?

 

Photo 013 

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27 juillet 2012 5 27 /07 /juillet /2012 10:00

 

 barrieres

 

Nous avions décidé de visiter l’exposition Helmut Newton le 22 juillet. Il faisait beau, l'exposition s'achevait le 30, des arguments qui se valaient. Et compliquons-nous la tâche, c’était l’arrivée du tour de France. Plus évaporés que ça, tu meurs! Juste derrière le Grand Palais, un bazar de grillages, barrières, barricades en plastique. Un brouhaha de paroles mâchées dans des hauts parleurs,  langues baragouinées avec enthousiasme, drapeaux haussés par des Marianne en short  ou roulés sur le torse. De la couleur, de l’imprévu, un événement, de quoi shooter sur le vif.

De quoi entrer dans l’univers d’un photographe par la petite porte. Helmut Newton, c’est un nom célèbre, une légende. Je n’avais que ces indications-là. Naissance à Berlin en 1920, a fui le régime nazi, a voyagé, Australie, Etats-Unis, Grande Bretagne. Et puis le choix définitif, la France et Monaco. Une épouse dévouée, organisatrice de l'exposition, célèbre aussi sous le nom d’Alice Springs.

 

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Je connaissais sa Catherine Deneuve, et quelques grands noms de sa mode comme Inès ou Kate. C’était beau, lisse, chic. Des images pour glacer le papier épais des magazines qu’on feuillète chez le coiffeur.  Grâce à lui  les couturiers faisaient la roue dans Vogue. Il envoyait des stimuli hauts de gamme à des mâles raffinés et en rut. Il prônait l’extravagance, la démesure, comme tous ceux qui souhaitent qu’on parle d’eux. Helmut ne m’était pas accessible, ne me touchait pas, n’était pas de mon monde.

 

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Et j’ai découvert un petit monsieur charmant, rieur, un rien cabotin. Très proche de vous, de moi. Il ne fallait pas rater le film projeté au cours de l’exposition.  Qui renseigne sur l’homme et sur son travail. Ce regard incisif sur les corps, cette matière, la chair, cet outil. Le besoin de femmes à charpente  musclée, au look  androgyne ou totalement sexué, décomplexé. La force qui se dégage de ces photos, de ces mouvements à l’arrêt. On croit voir des cuisses  s’écarter, les mains caressent, les seins provoquent, se tendent, détachés du corps.  Helmut, c’est Degas, un siècle plus tard. Ce même intérêt pour la nudité, que les corps soient dévoilés ou habillés.

Lorsqu’on ferme les yeux dit-il et qu’on les rouvre ensuite, on perd tout  ce qu’on avait dans la tête. Lorsqu’on  obture l’objectif, un millième de seconde, il restitue tout sans tricher, dans la netteté, dans la vérité du photographe. « Ce n’est pas toi, que je veux montrer, c’est l’idée que j’ai de toi ».

J’ai fermé les yeux  pour continuer ma balade chez Helmut. Quand je les ai rouverts, il était à  mes côtés, il me donnait une petite tape sur l’épaule. Arrête-toi là, cette femme ficelée, ses gants en latex, ce portrait de Mr Le Pen avec ses dogues, célèbre pour de mauvaises raisons, est-ce que ça te dérange ? Parce ce que j’ai toujours des menottes, des chaînes, des cordes dans ma voiture, ce sont des outils de travail. Je ne me soucie pas du convenable, du conforme, je veux interpeller.

 

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Observe ma Léni Riefenstahl, le visage de la vieillesse, sa noblesse, sa hideur ! Concentre-toi sur cette main, ces doigts boudinés, l’argent, le vernis, la pierre. Demande-toi ce que je veux exprimer ! Prends le temps, regarde mes Saint Laurent, Mugler, Chanel, n’y a-t-il que du luxe, de la préciosité, de l'exceptionnel? N'y a-t-il rien qui te touche, toi dont l'univers est tellement loin de tout ça. Ca peut être la fille, le tomber du vêtement, l'amorce d'un geste, une attitude, fierté, modestie, arrogance. L'arrogance chez l'autre, a quelque chose d'insupportable, d'admirable aussi qui paralyse. J'avais toujours pensé ça. Là, on me le montrait, c'était palpable. Et sa voix à lui, cet accent délicieux. Quand je fabrique des situations loufoques, femme mangée par un crocodile, Walkyrie, nu contre un réfrigérateur, suis-je dément ou créateur ?

Vous êtes un artiste, Mr Newton, définitivement. Il y a votre style qui  fait votre renommée. Il y a votre travail, votre influence. Et votre oeil, votre profondeur, votre sens de l'humour, de la dérision, des couleurs, des profils, des contrastes... Si j'arrêtais...

 

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      Là c'est moi dans la galerie, et mon mari n'est pas Helmut Newton!

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25 juillet 2012 3 25 /07 /juillet /2012 10:00

Pour commenter la photo-sujet de la quinzaine chez Miletune

 

Les salles de jeux ne signifient rien pour moi. La seule fois où je m’étais présentée au Casino de Monaco à l’âge de vingt-et-un ans, les agents de sécurité avaient malmené ma carte d’identité, suspicieux.  Je m’étais collée aux machines à sous. Et m’étais ennuyée très vite.

Mais ces lettres illuminées disposées en arc de cercle sur le fronton d’un édifice, les mots salle et jeux,  les dés bondissant comme l’eau d’un torrent, les jetons qu’on balance en masquant la nervosité sous de la nonchalance, la roulette aux encoches bicolores, comme des sentiments tourmentés, m’évoquent la passion. Celle du Joueur de Dostoïevski, celle de Grégory Peck pour Ava Gardner dans le film tiré du livre : Passion Fatale. Peu importent l’histoire et les ravages de l’amour et du jeu. Je ne vois que deux héros sublimés par une rencontre et par le lieu où elle s’épanouit.

 

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Il est beau, grand jeune, mince, torturé. Comme ces êtres qui n’ont pas encore vécu mais sont prêts à succomber à la grande aventure de leur existence. Il est malléable, manipulable, et perméable. Le jeune homme en costume, nœud papillon et gants blancs, est fasciné par le jeu puis possédé. Dépossédé de lui-même. Sa fièvre de gains le conduit à boire les paroles du croupier, à se désaltérer à grandes lampées de « les jeux sont faits ». Sa fièvre d’amour l’envoie se noyer dans des lacs clairs, les yeux d’une Ava, fière, angélique et démoniaque. Nous sommes à Hollywood, rouflaquettes et gomina pour lui, boucles torsadées, robes sublimes, perles pour elle. Nous sommes chez Dostoïevski, la passion est un moteur et se heurte aux calculs, aux intrigues, aux coups bas. Toutes les composantes du jeu sont là. Et l’atmosphère aussi, on boit, on se mesure, on se toise, on baisse les yeux en usant de l’éventail, on exerce son charme. Parmi d’autres joueurs, tout aussi enjôleurs,  perfides et perdus.

Moi spectatrice, comme dirait Mr Hollande, je m’étais régalée avec ce film  en noir et blanc, qui n’avait pas eu tant de succès que ça, à sa sortie en 1949. Si bien que l’image proposée par Miletune, me l’a automatiquement remis en mémoire.

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