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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 10:00

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Lorsque je vais au cinéma depuis deux mois exactement, je n’ai plus de bus à prendre ou de métro, je reste dans mon quartier. Car on a construit ce cinéma Etoile, au drôle de e à l’envers, à quinze minutes à peine de la maison, à pied. C’est mon cinéma de quartier, celui de ma première séance. Il sent bon le velours rouge et les fauteuils neufs, les escalators ronronnent, les salles sont spacieuses, la technologie à la pointe du progrès. On toise Paris à chaque étage et on le nargue au tout dernier, les baies vitrées, immenses donnent le sentiment d’embrasser la ville et la banlieue proche, de plonger en elles. C’est une ascension, une envolée, la quête d’un firmament. Une invitation au rêve, une échappatoire, l’Eden. L’étoile, le ciel et bien sûr la salle obscure au terme du voyage.

 

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J’aime beaucoup cette conception moderne du septième art, une ouverture, une ascension juste avant de s’enfermer  vers ailleurs et ses contes filmés. Je garde tout de même un peu la nostalgie des salles de quartiers telle que les chantait Eddy Mitchell, où la plongée dans un monde inventé se faisait sitôt franchie la caisse. Une rupture brutale, une sorte de capture de l’esprit, d’envoûtement. Le tout entretenu par  une ouvreuse au  sourire doux, accueillant. Mais tout change. Alors l’ouvreuse s’est transformée en une hôtesse veillant à ce que nous quittions la salle après le film, aussi sérieuse et zélée que le gardien des clefs du Paradis. Car aller au cinéma Etoile, Porte des Lilas à Paris, c’est un peu rencontrer Dieu.

 

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5 janvier 2013 6 05 /01 /janvier /2013 10:00

 

Pour commenter le tableau sujet de la quinzaine chez Miletune.

 

hollande_vermeer-the_milkmaid.jpeg

Vermeer, Musée D'Amsterdam

 

 

Ce geste-là est quotidien, immuable, solennel. Elle s’exécute naturellement, sans y penser. Elle prépare le repas des maîtres ou celui de ses enfants, peu importe, elle a le sens du devoir, elle aime  servir. Le geste est lent, mesuré, méticuleux. Elle ne veut pas perdre une goutte de lait, la nourriture ne doit pas manquer. Son visage est concentré, crispé, ses joues rougies par l’effort, le travail, le bien faire. J’imagine un feu dans la cuisine, qui rend sa peau luisante et chaude. J’imagine une ferme à la campagne, des journées vécues au grand air, que justifient ses formes avantageuses et son visage rond. J’imagine que la besogne ne manque pas, rude, harassante, comme en témoignent les poches sous ses yeux baissés. La vie n’est pas facile, le mobilier est plutôt chiche, les murs sont nus et tristes. Et la fenêtre quadrillée, ouverte sur le monde,  dont la lumière illumine cette femme, n’attire même pas son regard. Son monde est riche, intérieur. Son existence n’est pas une prison.

Car elle rayonne. Cela se voit dans son corsage qui attrape les rayons du soleil, dans son tablier bleu chatoyant comme un drap de soie, dans les plis tranquilles de sa jupe, au tomber régulier. Et cette coiffe blanche masquant les cheveux lui confère une allure autant austère que touchée par la grâce.

 

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28 décembre 2012 5 28 /12 /décembre /2012 10:00

 

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Ce  24 décembre nous avons assisté à une représentation de West Side Story au théâtre du Chatelet à Paris. Inutile de présenter la comédie musicale ni de rappeler les interprètes mythiques du film sorti en 1961. Inutile de fredonner « Tonight » ou « I feel pretty ». Ce qui importe est le bonheur ressenti durant deux heures grâce à une chorégraphie impeccable, fidèle à l’originale, un décor constitué  d’escaliers métalliques étirés, déroulés, repliés, des photos du New York des années soixante en fond de scène, des bagarres parfaitement orchestrées, danses virevoltantes, costumes colorés,  garçons musclés, filles sexy…. Et même si, à mon avis, les deux artistes espagnols incarnant Bernardo et Maria n’avaient pas le sex appeal de Georges Chakiris ni le piquant de Nathalie Wood, Tony et Anita avaient trouvé de dignes représentants. Une présence scénique, un timbre de voix envoûtant, du velours pour lui, du cristal pour elle, une vraie communion avec le public, un régal! Fougue, talent et jeunesse avaient illuminé notre soirée. Un cocktail de dynamisme. Les dialogues, les chants  étaient en anglais bien sûr, un texte déroulant traduit en français, de part et d’autre de la scène, rassurait les quelques spectateurs perdus dans l’histoire revisitée de Roméo et Juliette. Nous étions placés au deuxième étage, sur le côté, avec une vue plongeante sur l’orchestre dans la fosse, ce qui n’était pas pour nous déplaire. La décontraction avec laquelle ses membres discutaient entre eux durant les temps morts, nous rappelait que ce spectacle est une mécanique aux rouages parfaitement huilés.

 

Petite cerise sur le gâteau, le spectacle était aussi dans la salle. Au même étage que nous mais au premier rang et face à la scène tout de même, se trouvaient Manuel Valls, notre ministre de l'intérieur, et Madame. La situation, des bagarres de rue entre bandes se jouant de policiers totalement dépassés avait, il faut le dire, quelque chose de cocasse en leur présence. Et les plaisanteries allaient bon train…

 

 

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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 10:00

 

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Renée qui vit au Sénégal m’a donné l’envie de situer mon 25 décembre sous les tropiques. Imaginez  la scène au détour d’une route dans la campagne martiniquaise. Le soleil est de plomb, la nature luxuriante, colorée, et l’église se niche au milieu  comme un chat sous une couverture de laine. Protégée, matelassée offerte au vent des alizées, mollement caressée, elle ronronne. Son style est colonial, des contrastes, de l’éclat, elle a la blancheur d’une demoiselle poudrée. Elle joue avec les palmiers et s’offre même le luxe d’une collerette rose, d’un boa déployé à ses pieds. Sa porte est grande ouverte comme si la campagne endormie l’avait contaminée, elle baille. L’air est sec, brûlant, le moindre souffle, la moindre brindille écrasée produit un vacarme infernal. Et l’instant qui vient est un petit paradis à lui seul. Cela commence comme un gazouillis d’enfant qui va crescendo, on dirait que les arbres chantonnent. Mais ça vient de l’église, de la vie à l’intérieur, de la foi. Et quand la chorale entonne « Douce nuit » avec toute la fougue des îles, un frisson électrique parcourt l’asphalte.

 

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Mes photos ont été prises un quinze août en réalité, et la magie des chants d’église, échappés par la porte grande ouverte, fut particulièrement saisissante. Il n’était pas difficile d’imaginer la même scène à Noël.

 

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 10:00

 

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Il y avait l’autre soir un reportage sur ARTE relatant les préparatifs de la Sainte Lucie, fête célébrée le 13 décembre en Suède. On assistait à la fabrication du pain, cette galette craquant sous la dent et à celle des célèbres brioches au safran, à la cuisson du rôti d’élan, à l’enrobage des bonbons à la menthe. Toute la famille participait, les enfants se déguisaient et préparaient un spectacle, on enfournait des mets qui cuisaient doucement toute la nuit, les chasseurs ramenaient du gibier qu’on accompagnerait de carottes et de petites pommes cuites au four. Les voisins produisaient le fromage de chèvre qu’on partagerait avec les amis. Les parents cachaient des jouets dans la grange. L’alcool était plutôt rare, autrefois les achats des familles étaient surveillés, comptabilisés par les commerçants, dans de grands classeurs. Les suédois préfèrent une bière sans alcool qui enfièvre tout de même les longs repas de fête.

 

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La magie était là quelques jours avant Noël, au milieu du groupe, de l’entraide, ce « tout le monde met la main à la pâte ». Il y avait des rires, des chants, des pas dans la neige, des maisons de bois posées sur l’aurore boréale, dans cette lumière toute particulière qui symbolise la Sainte, des décorations florales, et le froid au-dehors qui soude et réchauffe les cœurs au-dedans.  Nulle précipitation de dernière minute. On prenait le temps de vivre, de préparer, de fabriquer la fête comme on taille la pierre doucement afin d’éviter l’éclat de trop. Et je me dis qu’il existe encore des endroits où la fête est prétexte à vivre le temps qui passe en se réservant pour lui, coquettement, comme pour lui plaire. 

 

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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 10:00

Pour illustrer la photo-sujet de la quinzaine chez Miletune

crayons

 

Derrière nos petites mines sommeillent de grandes idées. Quand on nous regarde comme ça, tête contre tête, assemblés comme dans les palettes de produits pour maquillage ou pour peinture ripolinée, on détaille les couleurs de l’arc en ciel. On dirait une cocarde multicolore, un rassemblement populaire. Liberté, égalité, fraternité, vous connaissez. Voilà notre message, nous offrons tout plein de tons différents et nous nous embrassons parce que nous nous ressemblons.

Tenez moi par exemple, le crayon jaune, j’ai le teint cirrhotique c’est vrai, mais je me porte bien. Et pour la photo j’ai fait un effort, comme les autres. Nous sommes des mannequins, taille standard, mine standard, longueur standard. J’ai appris à poser, dans un abandon étudié, en respectant une distance raisonnable avec mes compères. Nous devions exprimer nos différences, et permettre à l’objectif de capter toute cette lumière diffractée et de sublimer le rendu sur le papier du comportement des ondes. Nous avions pour consigne de ne pas abimer nos carnations rose pâle et de les habiller d’un fourreau coloré de la même nuance que nos mines. Et ni bourrelet, ni pli, un touché laqué et lisse. Dociles, immobiles, distingués, ne trouvez-vous pas que nous avons le chic et l’élégance, le prestige ?

Alors bien sûr, le résultat est une jolie photo, pour le message.  Car au fond, entre nous et les humains, il y a certains points communs. Dans le monde réel, on trouve de grands crayons, des gros, des courts, rongés ou métalliques, handicapés, de petites mines, cassées, usées. Mais un crayon reste un crayon, avec sa mine, son corps en bois, sa taille qui diminue en vieillissant. Et quand tous les crayons du monde s’embrassent c’est  fraternel, comme sur la photo. 

 

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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 10:00

Cette semaine le casse-tête chez Sherry est: guirlandes, décorations

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J’ai choisi de vous montrer ma vitrine, après tout nous aussi décorons nos vitrines pour Noël. Et puis le quartier est un peu excentré, un peu triste, nous sommes l’un des rares commerces à  fêter décembre. Et même s’il s’agit d’enguirlander les gélules Humex, la lotion pour les poux ou la crème pour les fesses de bébé, nous mettre dans l’ambiance vaut le coup.  Et mon poupon avec son collier d’ambre fait l’objet de convoitises en cette période mais, non il n’est pas à vendre. Je connais de sacrés garnements qui se faufilent discrètement derrière les panneaux pour essayer de l’atteindre. Attendez, vous allez voir !

 

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Dans l’autre vitrine un Père Noël traditionnel trône au milieu des flacons de lait Mustela et du sérum physiologique pour nettoyer le nez et les yeux de bébé. Il est partout à l’aise pour consulter sa liste et là au moins il se trouve tout près du radiateur, bien au chaud. Oui, je sais, il y a une gambette accolée au sapin, mais c’est pour le fun. A Noël, et bien que sanglée dans un bas de contention veineuse beige clair et de classe 2, elle semble légère, provocante. Quant à la guirlande rouge autour de la cheville n’en jetez plus, certains diront qu’il ne s’agit pas d’une vitrine de pharmacie.

Tout cela pour dire que des boules, des étoiles, des guirlandes, des loupiottes, il y en a aussi chez moi pour vous souhaiter de joyeuses fêtes.

 

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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 10:00

 

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Noël arrive avec le traditionnel sapin, les bougies, la neige et les guirlandes, le père Noël, ses rennes et son traîneau, le givre sur les toits, la veillée en chansons, la bûche et le champagne, les repas de famille, la course aux cadeaux, les bouquets de gui et de houx, les chaussettes que l’on pend, les chaussons devant la cheminée, le calendrier de l’avent, la messe de minuit, minuit sans la messe, les attentions aux personnes, seules, ou âgées ou pauvres, le Noël de l’Elysée, celui des entreprises, des écoles, les marchés de Noël, la Saint Nicolas, le Noël de Guignol,  les illuminations des grands magasins, les vêtements de fête, le lamé, le velours noir et l’or, la lettre de Kiki confiée à papa, les truffes au chocolat qui embaument la cuisine… 

Eh bien tout ça ne me concerne pas, je n’ai besoin que de soleil et d’eau, je me dandine, tête haute, avec sur le dos parfois, l’un des vôtres ayant fui vos coutumes.

 

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3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 08:00

 

Pour répondre au défi lancé par Jill Bill, cette semaine: Dans ma maison, imaginaire ou non.

 

 

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Dans ma maison imaginaire, il y aurait une ou plusieurs pièces à vivre où il ferait bon se retrouver en famille ou entre amis. Il y aurait une immense cheminée, de grandes baies vitrées, difficile de chauffer l’hiver, j’en conviens, mais  le jour pourrait s’inviter le plus longtemps possible. Il y aurait un parfum d’ambiance, eucalyptus et pin en décembre, cerise et jasmin au printemps. On allumerait des bougies à la nuit tombée, on jouerait du Brahms sur le grand piano. On s’allongerait sur de larges canapés blancs d’où l’on apercevrait la fontaine chantonnant, l’été et le vieux saule majestueux, aux branches déployées et dont les feuilles murmureraient au vent. On préparerait d’énormes festins dans une cuisine ultramoderne, à l’américaine, on s’affèrerait aux fourneaux tout en ayant de captivants discours avec des invités passionnants. Le temps serait figé dans l’instant, le partage, les rires, il s’installerait aux fenêtres sans s’apercevoir qu’on a posé un manteau noir et scintillant sur ses épaules rougeoyant au soleil.

Dans ma maison imaginaire, il y des caves et des souterrains, des tunnels humides et suintants, des bruits de pas résonnant la nuit, des portes qui claquent, des passages secrets derrière les bibliothèques. Il y a des grimoires et des sortilèges, des réunions cabalistiques, des sacrifices d’innocents, des salles de tortures, des cris, des râles. On se faufile, vêtu d’une houppelande et portant bougie en prononçant des formules magiques, vers des lieux occultes. Le temps est coincé dans l’instant, dans la poussière qui imprègne les êtres et se dépose sur les clous rouillés et les chaises à trois pieds.

 

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Dans ma maison imaginaire il fait bon vivre et il vaut mieux fuir. Dans ma maison imaginaire, il y a des histoires d’amour et des scènes d’horreur, des enfants sages et des filles perdues, des héros, des seconds rôles malicieux, des obstacles et d’affreux personnages. Car ma maison imaginaire vous entraîne dans une spirale infernale.

 

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1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 10:00

 

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Décembre arrive et l’année bascule avec lui

C’est une période étrange, où chaque être se  fuit

Les mois se précipitent comme pour s’engouffrer

Dans la nouvelle année et ses promesses sucrées

 

On dirait que chacun voudrait les retenir

Les enrouler à soi, a peur de l’avenir

Ainsi enrubanné, enchaîné à l’année

On oublie que le temps ne cesse de filer

 

Comme il est effrayant d’observer les passants

Se créer des devoirs, s’obliger en soufflant

A courir les boutiques, hanter les devantures

Dans les grands magasins, piaffer, presser l’allure

 

Tenter de découvrir l’objet du "faire plaisir"

Qui fera s’extasier et pousser des soupirs

Un soir de réveillon,  selon la tradition

 Gentiment collée à la naissance d’un poupon 

 

Et moi je les détaille, le jeu vaut tout à fait

La peine de s’étonner, de sourire, de gloser 

Je me demande qui, de moi ou bien d’eux, est

Dans cet étang trouble, poisseux, le plus englué!

 

 

 

 

 

 

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